Loi 101: deux petites pages pour soutenir les prétentions de St-Pierre

Le français se porte bien... dans l'imaginaire libéral et la tromperie aussi... dans les communications réelles de ce gouvernement libéral avec les citoyens

Québec -- L'étude que la ministre Christine St-Pierre a brandie pour soutenir que la loi 101 était respectée dans 90 % des commerces du centre-ville de Montréal tenait en deux pages et n'avait aucune «prétention scientifique», a-t-on appris hier auprès de l'Office québécois de la langue française (OQLF). En fait, les données ont été recueillies en marge d'une «campagne de promotion» de la loi 101, a précisé hier la présidente de l'OQLF, France Boucher, selon les voeux de la ministre précédente, Line Beauchamp. Mercredi, le premier ministre Jean Charest, à l'instar de ses ministres, avait cité cette «étude» menée dans quelque «2500 commerces». Hier, Mme St-Pierre a fait parvenir à tous les médias les données et la méthodologie, un document qui tenait en deux pages. «"Pas scientifique" ne veut pas dire "pas valable"», a soutenu Mme Boucher hier.
Le débat a éclaté après que Le Journal de Montréal eut effectué une enquête sur la facilité pour une personne unilingue anglophone d'être embauchée au centre-ville de Montréal. Mme St-Pierre a soutenu hier au micro de Radio-Canada que ce que le quotidien a révélé était «inacceptable». Mais elle s'était toutefois dite rassurée par l'étude de l'OQLF en 2006.
Personne n'avait vu le document en question, qu'on imaginait touffu. Tout au plus le gouvernement en avait-il révélé les résultats un peu avant le déclenchement des élections, le 30 janvier 2007. Line Beauchamp, alors ministre responsable de la loi 101, avait fait une conférence de presse. À ce moment, elle avait tenu à préciser que «ce n'était pas en soi [...] une recherche» mais «plutôt une visite faite directement dans les commerces». Malgré cela, on pouvait selon elle conclure que «le français [était] dans une situation plutôt favorable au centre-ville de Montréal». Il fallait à ses yeux «lutter contre cette perception [voulant] que l'anglais [y] règne en maître».
Introuvable
Plusieurs personnes avaient été intriguées par cette «étude». Le militant indépendantiste Patrick Bourgeois, du journal Le Québécois, l'a réclamée en vain à plusieurs reprises et en était venu à accuser l'OQLF et le gouvernement de «manquer de transparence» parce que ni l'organisme ni le ministère de la Culture n'acceptaient de lui remettre cette «étude».
Le Parti québécois réclamait encore hier matin que le gouvernement «rende publique dès maintenant la supposée étude» sur laquelle la ministre St-Pierre s'est appuyée pour dire «que la situation n'est pas préoccupante dans le centre-ville de Montréal». «Il doit bien y avoir quelque part une étude plus détaillée», a soutenu le porte-parole péquiste en la matière, Pierre Curzi. Une demande d'accès à l'information, en février dernier, avait abouti à un résultat qui avait laissé le parti «perplexe». L'OQLF n'avait transmis qu'un seul document: le communiqué de presse du 30 janvier 2007. On invitait de plus le PQ à transmettre la demande d'accès au cabinet de la ministre puisque, écrivait l'OQLF, «votre demande porte essentiellement sur des renseignements destinés» à ce cabinet.
Mais en rendant les renseignements publics hier, on a pu conclure qu'il n'y avait rien d'autre que ces deux pages. «Ce n'est pas une enquête comme celle qu'on a l'habitude de faire», a souligné Mme Boucher tout en soutenant que le terme «"étude" n'est pas nécessairement inapproprié» pour la désigner. Peu après la publication d'une autre enquête par Le Journal de Montréal, en juin 2006, des employés de l'OQLF, sans être identifiés, s'étaient rendus comme de simples clients dans les 2471 commerces. Leur conclusion: dans 83 % des cas, l'accueil s'était fait en français. Le service avait été offert en français dans 91 % des commerces et l'affichage était conforme dans 71 % des cas.
Hier, une dizaine de membres des Jeunes Patriotes du Québec entendaient aller porter 101 langues de porc au bureau de circonscription de la ministre St-Pierre pour «dénoncer de façon humoristique [son] laxisme» et celui des libéraux en matière linguistique. En entrevue à Radio-Canada hier matin, la ministre a dit à la blague qu'elle transmettrait le présent à un restaurant spécialisé dans le porc.
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