Le goût des égouts traités en amont

Lorsque les médias mettent du feu à la démocratie

Sacrés comme les églises, jadis

Tribune libre

La cuisine à ciel ouvert, ce n'est pas bon du tout. Car des oiseaux peuvent s'inviter à ajouter des condiments malsains. Au restaurant, les mets ont également meilleur goût en dehors de la cuisine. Ne me montrez pas les dessous des casseroles s'il vous plait !
Moins on en saura sur le parcours de l'abeille, plus le miel fera nos délices. Curieusement ça se passe de la même façon avec l'eau et nos égouts. En amont des rivières urbaines, est dérivée l'eau qui par la suite est traitée aux fins de son usage dans les ménages. Maltraitées, les eaux usées retournent à la rivière, en aval. Mais plus loin en aval d'autres villes puiseront leur eau des mêmes rivières. Ainsi l'eau des égouts aurait bon goût, si des médias n'y promenaient pas la caméra.

Ce n'est pas de leur faute, doit-on dire. C'est un courant à la mode de manières de faire et de savoir être. Un courant malin, comme un cancer du sein, entre autres. Je ne saurais dire d'où ça vient, ni à quelle dose ça se distille dans la culture démocratique. Remarquons qu'elle s'y prête allégrement, à l'image d'un fleuve sacré dont les eaux charrient pipis et cacas non traités. Le pire évidemment étant le déversement à la mer des tonnes des déchets malins, potentiellement apocalyptiques, genre plastique et divers polluants chimiques liquides. Tout ça par la faute de qui ?

Et bien, suivez des yeux mon doit ... Les médias ne sont nullement concernés par le tripatouillage des matières et de la terre alma mater. Ça c'est aussi vrai. Mais ne pas savoir éclairer les solutions ni décrier le problèmes, peut à mon avis faire partie du problème. Dans le cas qui me démange en ce moment, il est question d'attitudes médiatiques controversées, qui polluent le climat et entraînent des gaspillages monstres, de toutes évidences irresponsables. Rendons-nous au tabernacle du sacré, et sortons les cartes du secret. Nous en sommes tous témoins, chacun peut en fournir sans peine une illustration.

Il y a moins d'une semaine, à Montréal, des médias somme toute bien intentionnés, actionnaient la sonnette d'alarme sur un monstrueux projet de vidanges dans le Saint-Laurent, des eaux usées non traitées de la ville. La répugnante senteur fit en un tour d'éditions le tour du monde. Assez vite la nouvelle s'invita également dans la campagne électorale. Non négligeable est son impact sur l'issu du scrutin. Au bas mot, elle aura fait couler beaucoup d'encre, siphonné des énergies et du temps qui auraient pu être investis utilement.

L'alerte a tourné en flop, dès l'instant qu'elle s'est avérée alarmiste. Des lectures lumineuses d'experts sont venues nous éclairer sur le secret de polichinelle pour les initiés, à savoir la pratique des déversements polluants commune aux grandes et petites villes au Canada et dans le monde.

Tenez, mon indignation contre les médias tient au fait de ne pas consulter les experts avant leurs émissions. Eux n'attendent pas que ça sente le pet pour se prêter à l'exercice d'éclaireur. Je ne leur en tiendrais pas rigueur si ce n'était qu'une ou deux fois. Hélas c'est devenu une coutume. L'achoppement au «nikab» de Mulcair et l'échauffement social que le débat alimente sont à mon avis malignement nocifs à la santé démocratique. Les cas de plaies émotives qui poussent des lecteurs à voter d'un bord ou d'un autre font légion. L'un des plus médiatisés étant si ma mémoire est bonne l'affaire de croyants musulmans reçu comme chez eux dans une cabane à sucre. Bien des années sont passées, malgré l'intervention ex-post de penseurs, les esprits en demeurent meurtris.

Il y a sérieusement lieu de questionner l'attitude des médias en quête insatiable d'épices fortes. Et il faudra questionner le monopole quasi religieux qu'ils exercent comme sources de lumières et d'informations pertinentes à l'harmonie démocratique.

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François Munyabagisha79 articles

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Psycho-pédagogue et économiste, diplômé de l'UQTR
(1990). Au Rwanda en 94, témoin occulaire de la tragédie de «génocides»,

depuis consultant indépendant, observateur avisé et libre penseur.





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2 commentaires

  • Fernand Durand Répondre

    13 octobre 2015

    Les médias de Gesca n'ont pas le droit de faire mal paraître ou de poser des questions embarrassantes au PLQ, ils n'ont donc rien à dire et doivent se rabattre sur des nouvelles sommes toutes, quelquefois banales et vont tenter de les rendre spectaculaires, ça vend du papier et ça détourne l'attention.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 octobre 2015

    «Et il faudra questionner le monopole quasi religieux qu’ils exercent comme sources de lumières et d’informations pertinentes à l’harmonie démocratique.»
    "Notre civilisation a toujours su se doter de
    structures de pouvoir et de soumission
    ,
    aussi bien politiques que culturelles (notamment grâce aux moyens de communication sociale), qui lui permettent d'imposer à l'humanité entière ses erreurs et ses excès." (Entrez dans l'Espérance, p.205)
    "Les médias
    ont habitué les différents groupes sociaux à n'entendre que ce qui "caresse les oreilles" (cf. 2Tm 4,3). La situation ne fera qu'empirer si les théologiens, et surtout les moralistes, au lieu de se faire les témoins de "l'enseignement solide", se font les complices des médias lesquels, bien entendu, donnent alors une large diffusion à leurs doctrines nouvelles."(p.256)
    http://gloria.tv/media/QM1Nm22GqDN