Madrid prépare la suspension de l’autonomie de la Catalogne

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Madrid se hâte lentement

Madrid planchait vendredi sur les mesures à adopter en cas de suspension partielle de l’autonomie de la Catalogne pour répondre au défi indépendantiste, un plan qui pourrait prévoir des élections régionales dès janvier.


 « Nous avons atteint une situation limite » en Catalogne, a déclaré vendredi à la presse européenne le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, à l’issue d’un sommet de l’Union européenne à Bruxelles où il a précisé que les mesures seraient annoncées samedi, après avoir assuré que son cabinet avait tout fait « pour ne pas arriver à une situation difficile ».


 Quelques heures plus tôt, des centaines de Catalans avaient imaginé une nouvelle manière de protester : retirer de l’argent. Objectif : dénoncer la « répression » de Madrid et le transfert de sièges sociaux de banques hors de la région que le gouvernement a facilité en faisant en masse des retraits symboliques ou importants.


 « C’est une manière de protester », expliquait à l’AFP Roser Cobos, une avocate de 42 ans qui a retiré aux alentours de 8 h au guichet 1714 euros, en référence à l’année de la chute de Barcelone aux mains des troupes du roi Felipe V.


 La logique veut que ce processus débouche sur des élections.



Le porte-parole du gouvernement espagnol, Íñigo Méndez de Vigo



 À Madrid, le gouvernement devait travailler toute la journée sur les mesures qu’il veut adopter pour reprendre la situation en main en Catalogne, où le président séparatiste Carles Puigdemont a encore prévenu jeudi que son Parlement pourrait voter une déclaration unilatérale d’indépendance faute de dialogue avec l’État.


 Grâce à l’article 155 de la Constitution, Madrid pourrait assumer directement des compétences dévolues à la région, un sujet très sensible en Catalogne, où une grande partie des 7,5 millions d’habitants tient beaucoup à l’autonomie, retrouvée après la dictature de Francisco Franco (1939-1975).


 La liste des mesures sera votée au Sénat fin octobre avec le soutien du Parti socialiste et des libéraux, au nom d’un « pacte national pour l’unité ».


 Le Parti socialiste (PSOE) souhaite limiter au maximum l’intervention de l’État. « Le prestige de notre État de droit est en jeu », a déclaré la responsable socialiste Carmen Calvo, associée aux travaux sur le sujet.


 La priorité : de nouvelles élections


 Gouvernement et socialistes ont confirmé qu’en tête des priorités figurait l’organisation d’élections en Catalogne, en principe une compétence du président régional, qui serait alors reprise par l’État.


 « La logique veut que ce processus débouche sur des élections », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Íñigo Méndez de Vigo.


 Ces élections anticipées pour renouveler le Parlement régional — dominé depuis septembre 2015 par les indépendantistes qui avaient obtenu 47,8 % des suffrages — permettraient de laisser les Catalans s’exprimer.


 Selon le quotidien en ligne eldiario.es, l’idée est qu’elles se tiennent en janvier. Mme Calvo a confirmé cette information d’un simple « oui ».


 Les élections semblent dans tous les cas la voie privilégiée pour mettre fin à une crise qui divise aussi profondément les Catalans.


 Des sources gouvernementales avaient déclaré mercredi que si M. Puigdemont acceptait de convoquer ces élections lui-même, Madrid renoncerait à l’application de l’article 155.


 Le numéro trois du parti conservateur au pouvoir, Fernando Martinez-Maillo, a insisté vendredi sur le fait que jusqu’à la dernière minute il restait « une marge » pour éviter la mise sous tutelle de la Catalogne.


 Le ressentiment monte


 Sur place cependant, le ressentiment d’une partie de la population est fort, rendant une marche arrière de M. Puigdemont difficile. Les manifestations se succèdent presque quotidiennement.


 Deux associations indépendantistes, l’Assemblée nationale catalane (ANC) et Omnium Cultural, ont invité les militants à des « actions directes pacifiques », comme les retraits d’argent organisés vendredi.


 Les indépendantistes accusent l’État espagnol de bafouer leurs droits, en premier lieu « le droit de vote », alors qu’ils réclament depuis 2012 la tenue d’un référendum d’autodétermination.



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