Médecins de famille: problème d’«attitude», dit le ministre

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Les libéraux sont incapables de la moindre autocritique

Médecins de famille : Et si le Québec s’inspirait de l’Ontario ? Malgré les réformes Barrette, les piètres résultats du Québec concernant l’accessibilité à un médecin de famille font souvent la manchette. Mais qu’en est-il ailleurs ? Le Journal s’est rendu en Ontario pour comparer les deux systèmes et force est d’admettre que se trouver un médecin chez nos voisins est un jeu d’enfant.




Gaétan Barrette admet sans détour que l’accessibilité aux médecins de famille est plus facile en Ontario. Pour expliquer pourquoi le Québec n’est pas au même niveau que son voisin, le ministre de la Santé jette le blâme sur les médecins et « leur attitude ».


Le ministre Barrette affirme que Québec pourrait atteindre des taux d’inscriptions à un médecin de famille semblables aux 94 % de l’Ontario, qu’il refuse de qualifier de modèle.


« Ce n’est pas une question de modèle, c’est une question d’attitude. Si les médecins décident que ce sera comme ça, ça va être comme ça. Malheureusement, les médecins au Québec ne décident pas, il faut les inciter, et c’est ce que nous avons eu à faire », insiste Gaétan Barrette.


Quant à la non-atteinte de l’objectif de donner un médecin de famille à 85 % des Québécois, le ministre affirme que ce fameux chiffre vient initialement de la fédération des omnipraticiens, et non de son ministère.


Assez de médecins


Pourtant, hier, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) soulignait que c’était le modèle du gouvernement qui ne leur permettait pas de voir autant de patients que nos voisins.


Plus sollicités dans le système hospitalier, les médecins indiquent faire 20 % plus de tâches hors cliniques que les médecins ontariens, une excuse que balaie du revers de la main le ministre.


« La FMOQ dit qu’on demande aux médecins l’équivalent d’une journée de plus en milieu hospitalier qu’en Ontario, mais il y a aussi 15 % de médecins de plus au Québec qu’en Ontario. [...] On devrait avoir assez de médecins pour faire comme l’Ontario, c’est de l’algèbre de troisième année, ça, ce n’est pas compliqué », soupire Gaétan Barrette.


Le ratio de médecins par 10 000 citoyens est actuellement de 12,1 au Québec, contre 10,4 en Ontario.


Patience


Questionné sur les conclusions du dossier du Journal selon lesquelles les cliniques ontariennes doivent lutter entre elles pour des nouveaux patients, bien loin de la réalité québécoise, le ministre a refusé de jouer le jeu des comparaisons.


« Écoutez, moi je n’entrerai pas dans une comparaison Ontario/Québec ou un procès Québec versus Ontario », s’est-il contenté d’affirmer, avouant au passage que rien n’était faux dans ces constats. « C’est tout vrai ce que vous dites, mais ça ne se fait pas spontanément. »


Gaétan Barrette admet qu’il y a un certain retard dans l’accès aux médecins de famille, mais assure que son gouvernement est sur la bonne voie. Il se garde toutefois de commenter d’éventuelles nouvelles mesures.


« Si ça ne va pas assez vite, il va y avoir d’autres choses à faire, mais vous me posez des questions de campagne électorale et je ne peux pas aller plus loin aujourd’hui. »




Les partis d’opposition blâment quant à eux la réforme Barrette


« La situation en Ontario est la preuve que ça se peut si on le veut vraiment dans un système public. Ce qu’on préconise au Parti québécois, c’est plus de professionnels comme des infirmières praticiennes et une révision du mode de rémunération. »


« En blâmant les médecins omnipraticiens, le ministre a encore une fois son attitude d’ancien président de la Fédération des spécialistes. »


— Diane Lamarre, porte-parole du Parti québécois en matière de santé


« Le ministre a encore l’attitude de décider ce qui est bon pour tout le monde selon lui. [...] Mais en fonction des chiffres, la réforme Barrette est un échec. »


« Quand on parle aux médecins [..], ils sont pas mal plus ouverts à des changements que le ministre ne le laisse croire. Ils veulent soigner leurs patients et en prendre soin, mais on ne leur a pas donné la chance de pouvoir atteindre leurs objectifs dans les dernières années. »


— François Paradis, porte-parole de la Coalition avenir Québec en matière de santé