Menteur

Chronique de Patrice Boileau


Que dire d’autres, suite à la mise à jour économique du ministre des Finances, Raymond Bachand? Alors que le gouvernement fédéral révise à la hausse son manque à gagner de 22,5 milliards pour le fixer à 55,9 milliards, pendant que l’administration McGuinty annonce que le sien en Ontario doublera pour atteindre 24,7 milliards, Québec s’en tirerait avec une augmentation d’à peine 750 millions, pour le présent exercice budgétaire!
Décidément, le gouvernement libéral de Jean Charest se surpasse pour duper les gens, depuis sa victoire électorale de l’automne 2008. Les mensonges qu’il a colportés pour tromper l’électorat québécois, au moment de l’appel aux urnes, ne sont rien face à celui présenté hier à la population! Comment croire en effet que le déficit s’établira à 4,7 milliards de dollars à la fin de l’année budgétaire, alors que les données économiques pour le premier trimestre signalent une insuffisance de trois milliards? Les partis d’opposition à Québec ont toutes les raisons de déclarer que l’on cache la vérité aux Québécois. Assurément, la carence budgétaire est nettement plus élevée que l’affirme le député libéral de la circonscription d’Outremont. Je l’ai estimée à près de 10 milliards dans ma chronique de la semaine dernière et maintient toujours ma triste prévision.
Certes il est difficile de bien évaluer toutes les conséquences économiques qu’une récession provoque sur les finances publiques d’un gouvernement. Il y a néanmoins des limites à se bercer d’illusions comme le fait présentement le ministre. Pas de doute que le confort d’une majorité parlementaire y est pour quelque chose.
C’est ce même blindage législatif qui permet au premier ministre de donner le temps aux amis du parti de prendre le maquis, avant d’instituer une enquête publique qui fera la lumière sur la collusion qui touche les pouvoirs publics et le monde de la construction. Une fois dissimulées les traces incriminantes qui menacent son administration, Jean Charest feindra acquiescer sagement à l’insistance populaire pour la mettre sur pieds. Encore de la poudre aux yeux!
Pour l’heure, son hésitation s’avère beaucoup plus commode qu’on ne le pense. Car l’exaspération grandissante des Québécois camoufle une autre patate chaude avec laquelle jongle maladroitement le gouvernement Charest. Il s’agit du jugement qu’a déposé la Cour suprême du Canada jeudi dernier. L’invalidation de la loi 104 ouvre en effet toute grande la porte aux nouveaux arrivants qui désirent envoyer leurs enfants à l’école anglaise au Québec. L’administration libérale devra obligatoirement modifier la législation fautive dans les douze prochains mois… conformément à la Constitution de 1982 que le Québec n’a toujours pas signée!
La question linguistique a toujours été la bête noire des gouvernements fédéralistes à Québec. Comment effectivement rassurer les craintes légitimes des francophones québécois, sans vexer l’électorat naturel du PLQ, celui qui s’exprime dans la langue de Shakespeare? Tôt ou tard, l’administration Charest devra choisir son camp. Sa décision ne passera pas inaperçue, quelle qu’elle soit. Dans ce dossier, il n’y aura pas d’échappatoire pour les libéraux.
Comble de malheur pour le gouvernement Charest, plusieurs intervenants de premier plan, dont l’ex-premier ministre Bernard Landry, font présentement campagnes pour que tous les étudiants québécois fréquentent obligatoirement des cégeps francophones. Ce puissant signal qui témoigne d’une profonde inquiétude quant à la capacité d’intégration des immigrants par la majorité québécoise de langue française, ajoute de la pression sur l’administration libérale. Il ne peut être question que Québec adopte une attitude nonchalante suite à la gifle de la Cour suprême. Cela sera interprété comme une démission, face à ses responsabilités historiques.
Il importe que la pression soit maintenue sur le gouvernement Charest, dans cette nouvelle épreuve de force qui s’amorce entre les nations canadian et québécoise. L’affrontement linguistique et culturel qui se prépare ne laisse aucune place aux zones grises. Le chef de l’Assemblée nationale ne pourra appuyer les deux groupes à la fois, comme ses prédécesseurs. Aux indépendantistes de médiatiser efficacement le choix que retiendra le gouvernement fédéraliste, et de dénoncer énergiquement toutes tentatives d’esquive.
Les libéraux ne se presseront pas pour modifier la loi 104. Gagner du temps s’avère une stratégie efficace pour épuiser la grogne populaire, elle qui déjà se fait peu entendre. De plus, une trêve inespérée pointe à l’horizon. Les jeux Olympiques d’hiver de Vancouver s’apprêtent en effet à répandre une ode fédéraliste sur tout le Québec. Une propagande inattaquable qui glorifiera « nos athlètes canadians. » Le genre de discours qu’on ne peut dénoncer, sous peine d’être accusé de chercher à politiser un événement qui se veut strictement sportif. Encore un mensonge éhonté puisque les participants concourent pour la gloire de leur patrie, au point parfois de se draper émotivement de l’étendard national lors d’une victoire…
Il n’est pas facile de lutter au travers de ces obstacles pour faire triompher la vérité. Surtout lorsque l’administration Charest elle-même carbure aux subterfuges pour tromper la population, elle qui dispose d’outils médiatiques puissants pour les propager. Reste la rue et les manifestations pacifiques pour faire contrepoids. Encore faut-il que les Québécois y participent massivement, eux qui semblent plutôt ankylosés par toutes les entourloupettes gouvernementales.
Patrice Boileau





Laissez un commentaire



3 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    30 octobre 2009

    @ O:
    Merci de nous avoir raconté cet incident, cher O. Pat Bourgeois a parfaitement raison, quand il dit que le Canada n'est qu'un état colonial!
    Quelle attitude de deux poids, deux mesures, avec les Canadiens: on tolère bien que des autochtones, pour différentes raisons, bloquent à l'occasion des autoroutes; on tolère des manifestations de musulmans intégristes qui demandent la Charia pour le Canada, et qui scandent des slogans dans lesquels ils souhaitent la mort aux impies (ça, c'est nous); mais quand des Québécois s'énervent un peu trop au goût des leaders fédéralistes, on ordonne aux corps policiers d'intervenir! Et de façon musclée!

  • Archives de Vigile Répondre

    29 octobre 2009

    Il ne reste que la rue, dites-vous... et nous n'étions pas 300 manifestants hier devant le bureau de Brent Tyler, rue Saint-Paul, mais la police avait la consigne de provoquer la violence. En effet, pendant que le porte-voix avait pris place sur le bas de fenêtre de l'avocat raciste, l'agent s'est précipité sans avertissement sur lui et lui a fait sauter les pieds carrément, au risque de lui petter la tête sur le bord de granit!... Vive le Québec provincial dans le plusss meilleur pays du monde!

  • Archives de Vigile Répondre

    28 octobre 2009

    Il faut maintenir la pression mais...Charest va-t-il fermer l'Assemblée nationale pour faire taire les critiques ?
    Je viens de voir et d'entendre à la télévision des faces de bois et des hurlements genre fasciste psychopathe.
    Ne soyons pas dupe.
    Nous sommes avec vous Mme Roy.