rectificatifs importants

Mme Mailloux déforme les positions du MLQ

Laïcité — débat québécois

Réplique au texte de Mme Louise Mailloux paru dans le Devoir du 19 février 2011, sections Idées.

Nous tenons à informer les lecteurs de Vigile que les positions présumées du MLQ évoquées par Mme Mailloux sont erronées.
Il est faux de dire que, suite au jugement rendu par le Tribunal de droits de la personne ( TDP) (jugement: http://www.mlq.qc.ca/pdf/2011/jugementpauze.pdf), "un bras de fer vient de s'engager entre lui (le maire Tremblay) et le Mouvement laïque québécois (MLQ)".

Il ne convient plus de personnaliser ainsi les débats.

Le Tribunal des droits de la personne, pour une deuxième fois (car il y a eu un précédent à Ville de Laval en 2006), a entièrement donné raison aux plaignants (un citoyen et le MLQ) et a reconnu le principe de neutralité religieuse de l'État. Si M. Tremblay veut aller en appel, il doit convaincre le Tribunal d'appel, pas le MLQ!

Il est faux de dire que la campagne de financement puisse avoir une quelconque importance puisque, quel que soit le montant amassé par le maire, cela n'aura aucune incidence sur la décision du juge d'aller ou non en appel.

Il est aussi faux de dire que l'identité est "un thème que le MLQ a toujours craint comme la peste". Le MLQ, il est vrai, tient à dissocier le débat identitaire du débat sur la laïcité des institutions étatiques et nous avons toujours fait de nombreuses mises en garde à ce sujet et ce, dès le début de la crise de accommodements religieux.

Mais ce n'est pas la peur ou la crainte qui justifie cette position mais la raison qui nous interdit le mélange des genres.

Il est très hasardeux de recourir à une religiosité d'un autre âge afin de mousser un certain nationalisme-identitaire. Cet amalgame entre la religiosité et l'identité est des plus nuisible en ce qu'il dévoie totalement le nécessaire débat que le Québec doit avoir sur la laïcité de ses institutions.

Le MLQ pense que l'identité du Québec d'aujourd'hui repose sur bien d'autres valeurs beaucoup plus positives et prometteuses. L'équité et la laïcité constituent des fondements solides pour une nation démocratique. Ce sont précisément ces valeurs qui sont reconnues par le TDP dans son jugement à Saguenay.

Et ce sont ces valeurs qui , en vertu de l'idéologie du multiculturalisme, seraient vraisemblablement battues en Cour Suprême si le maire Tremblay réussissait à y porter sa cause

Il est finalement FAUX de laisser entendre que « les canons du MLQ » pourraient être « pointés en direction du Parlement » afin que le crucifix soit retiré.

Le MLQ n’a jamais exprimé officiellement une telle requête.

Et nous sommes parfaitement conscients que, dans le contexte actuel, cette requête serait prématurée car le jugement de Saguenay doit passer par les procédures d’appel avant d’être exécutoire et d’acquérir une réelle valeur jurisprudentielle.

Cependant, lorsque le jugement sera validé, nos élus auront alors l’odieuse responsabilité de composer avec un décorum officiel qui contrevient à un jugement du TDP. Nous leur laissons cette responsabilité.

Ce que le MLQ réclame cependant, c’est un amendement à la Charte québécoise des droits et libertés de la personne afin que le principe de laïcité y soit officiellement reconnu. Nous réclamons de plus, de concert avec les syndicats et tous les partis politiques québécois, sauf le Parti Libéral, un vaste débat qui aboutirait à l’adoption d’une Charte de la laïcité.

Et peut-être que, tout naturellement, à l’issue de ce processus de maturation de notre conception collective de la laïcité, le crucifix de l’assemblée nationale migrera au petit musée du parlement pour y finir paisiblement ses jours.
***
Marie-Michelle Poisson
Présidente MLQ.QC.CA
Lien vers le jugement du TDP : http://www.mlq.qc.ca/pdf/2011/jugementpauze.pdf
P.S Nous remercions chaleureusement les membres du MLQ qui, par leurs cotisations annuelles, contribuent à soutenir des citoyens dans la défense des leurs droits fondamentaux. Nous remercions aussi les généreux donateurs qui ont, au cours des dernières années, contribué à notre levée de fonds pour le soutien de citoyens ordinaires qui ont pris l'initiative de s'engager personnellement dans le dossier de " la prière municipale".


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12 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    24 février 2011

    Selon les Romains, deux comportements en particulier provoquaient l'effondrement des nations: mépriser les Dieux de la Ville et négliger l'art militaire. Les Québécois font présentement les deux.

  • Yann Jacques Répondre

    21 février 2011

    A qui la faute?
    Les partisants de la laicité demandent la suppression des subventions aux écoles confessionnelles et qui s'y oppose, à votre avis?
    En tout cas pas la cour suprême du Canada (pour une fois) puisqu'en Ontario les écoles confessionnelles ne sont plus subventionnées par l'état. Si aujourd'hui au Québéc, on ouvre des écoles ou des garderies confessionnelles avec la bénédiction de l'état et grâce à l'argent public, c'est bien à cause de ceux qui défendent le financement publique de ces écoles et non à cause des partisans de la laicité.Non?
    Une chose est sur, continuez de défendre ce qui reste de religion catholique au Québec si vous le voulez mais ce n'est pas à la religion catholique ni à la culture québécoise que cela profitera. C'est évident pour moi et c'est évident pour vous aussi d'après vos remarques. Alors pourquoi se tirer dans le pied? La religion catholique a été massivement abandonnée par les québécois et n'est plus aujourd'hui qu'un cheval de troie pour les autres religions et cultures. Suivons les conseils de Cassandre.
    Y. Jacques

  • Archives de Vigile Répondre

    21 février 2011

    Combien de Juifs dans votre mouvement? Combien de Musulmans? De Sikhs? Combien de synagogues êtes-vous parvenus à fermer? Combien de mosquées? D'écoles musulmanes? Combien de femmes dévoilées par votre laicité? AUCUNE.
    L'opération est à sens unique et ne vise que les pauvres cathos, des vieux pour l'essentiel, qui menacent personne.

  • Yann Jacques Répondre

    21 février 2011

    M. Noel,
    Ce n'est pas une question de religion ou d'identité mais avant tout de libre arbitre. Si quelqu'un défend la présence de la religion catholique dans les institutions publiques parce que c'est son choix, alors je respecte ce choix. Si par contre c'est en réaction aux décisions de la cour suprême du Canada, alors je dis que c'est incensé et que cette personne se laisse manipuler. Nous devons faire nos choix en fonction de ce qu'on pense être l'intérêt du Québec et non en réaction aux décisions de la cour suprême. Et imposer ces choix.
    je pense, au contraire de vous, que c'est l'autre option (le retour de la religion catholique) qui est voué à l'échec, et pour une raison qui a été soulignée par les défenseurs même de cette option : la religion catholique est une religion moribonde qui n'est plus pratiquée que par 10% des québécois. Et vous pensez faire reculer l'emprise des autres religions sur la société québécoise avec ça.
    Il faut être lucide et avoir le courage de reconnaitre que le combat des laiques ne se fait pas contre la religion catholique en déclin mais contre les religions en expansion qui constituent une réelle menace pour le Québec, sa cohésion social et son modèle de société. C'est pourtant simple et pour reprendre vos propres mots :
    si on permet la prière, on permet le tapis. Si on interdit la prière, on interdit le tapis. Faites votre choix.
    Y. Jacques

  • Archives de Vigile Répondre

    21 février 2011

    Le 17 février, expédié à deux reprises, et toujours "censuré" semble t-il !!!
    Au MLQ, leur acharnement contre la majorité de tradition chrétienne du lac St-Jean, .
    … une région assez homogène telle la région du "Lac" francophone et de tradition chrétienne à quelque 98% ( je dis tradition chrétienne et englobant catholiques, protestants, etc..), a droit à ses différences d’affirmation socio culturelles. Il m'apparaît intransigeant, draconien et méprisant de vouloir étendre sur tous et pour toutes les régions l'a priori de quelques universitaires issus d'une tendance laïque qui s'expliquait autrefois par un anticléricalisme, ou d’une mouvance intolérante et acculturalisée que l'on qualifie quelques fois la clique du Plateau. Il faut respecter les différences et les approches régionales qui s'inscrivent dans une croyance plus en accord avec les coutumes et les traditions séculaires et le patrimoine issu des contributions des organisations religieuses.. Comprenez-vous cela, ou Madame ou êtes-vous à ce point aveuglée par votre idéologie laïciste?
    Par ailleurs, vous ne semblez pas comprendre que le nihilisme que vous professez puisse offenser les personnes d'une génération plus âgée, encore fidèle à une foi ou à des traditions. Vous n’avez pas le droit de les mépriser.
    Par ailleurs, et ce sera mon dernier point, les croyances et les traditions issues des croyances religieuses chrétiennes au Canada-français constituent encore un attracteur vers une certaine cohésion et une certaine intégration positive. Au Canada-français hors Québec on perpétue la tradition de la prière ( un bref moment de réflexion) et de signes chrétiens dans des Conseils municipaux, on le fait aussi, si je me souviens bien au Canada-anglais. L’acharnement du MLQ semble incompréhensible à la lumière des positions beaucoup plus tolérantes. On ne peut pas soudainement remplacer de telles forces d'attraction par une approche intellectuelle: Lénine et Trosky l'ont tenté, et le christianisme existe toujours en Russie, et unit!
    Pauvres intello, vous avez la faculté si peu pragmatique, si peu constructive, mais l’égo si disproportionnée!!
    Madame, je vous salue et vous plaints à la fois… ...
    Michel Pa,
    P.S. le témoignage équilibré de Madame Andrée Ferretti hier au Devoir est aussi le mien : «
    ….Ce long préambule pour qu'il soit bien clair que mon appui inconditionnel au maire Tremblay de Saguenay ne relève pas de mon désir de défendre le catholicisme et ses manifestations. Je contribuerai au défraiement de son appel du jugement qui l'oblige à renier nos origines, notre histoire, notre culture, parce que sans ces instances structurantes, je n'aurais même pas la chance d'être une autodidacte, consciente d'appartenir à une nation distincte, capable d'agir au milieu de toutes les nations du monde, en les enrichissant de sa spécificité, comme elles enrichissent la mienne des leurs. »

  • Archives de Vigile Répondre

    21 février 2011

    Vous ne réalisez pas que la game est à sens unique. Qu'on ne fermera pas les mosquées et les synagogues.
    Que les islamistes ne cesseront pas de porter leur voile parce qu'on a interdit au maire Tremblay de faire sa priere.
    Que pendant que vous mettez le dernier clou de cercueil sur quatre siècles de catholicisme au Québec, votre mouvement est impuissant face à la montée des autres religions, pistonnées par le multuculturalisme canadien et la Cour de Pise.
    Qu'est-ce que le Québécois moyen retient de toute cette histoire? On sort le crucifix de nos écoles, de nos hopitaux et de nos hotels de ville, pour faire rentrer des tapis pour la prière. Le peuple lui a compris ce que ses élites refusent de comprendre.

  • Louise Mailloux Répondre

    21 février 2011


    Cher monsieur Jacques,
    Vous avez vu juste concernant mon texte. Merci d'en éclairer certains!
    Pour ceux et celles qui aimeraient approfondir la question, voici l'adresse de mon blogue
    http://louisemailloux.wordpress.com/
    Louise Mailloux

  • Yann Jacques Répondre

    20 février 2011

    Je trouve le texte de Mme Mailloux particulièrement intelligent. Ma compréhension du texte est la suivante :
    le canada impose au Québec des valeurs (le multiculturalisme) dont les Québécois ne veulent pas. Face au diktat canadien, il y deux réactions possibles :
    - se tenir debout et indiquer à nos voisins que les québécois seuls décideront du type de société dans laquelle ils veulent vivrent et maintenir notre choix d'une société laïque.
    - se laisser imposer la religion des autres par la cour suprême du Canada mais, pour avoir l'air de garder le contrôle ou ne pas avoir l'air d'être les dindons de la farce, ressortir notre propre religion des oubliettes ou l'avait relégué la révolution tranquille.
    Voila, sauf erreur de ma part, le choix que nous propose Mme Mailloux.
    Ceux qui défendent le maire Tremblay ont opté pour la seconde solution : puisque qu'on accommode les autres religions sur à peu près tout, pourquoi interdirait-on la prière aux catholique?
    C'est parfaitement défendable. Le problème, c'est que ce n'est pas ce que les québécois ont choisit. Les québécois ont choisit de sortir la religion, c'est à dire toute les religions, des institutions publiques. Les prières comme les Kirpans.
    Y. Jacques

  • Marie-Michelle Poisson Répondre

    20 février 2011

    M. Noël,
    Le Mouvement laïque est contre toute forme d'accommodement religieux.
    Je vous suggère de lire notre mémoire déposé à la commission Bouchard-Taylor pour connaître notre position exacte à ce sujet.
    http://www.mlq.qc.ca/pdf/2007/CBT_memoire.pdf

  • Archives de Vigile Répondre

    20 février 2011

    L'art de se tirer dans le pied!
    Et votre position sur le kirpan à l'école? Le jambon dans les garderies? Le voile à l'école? Laicité itou?
    C'est le PQ qui avait autorisé le voile à l'école (eh oui!). Petit débat à l'époque. La France venait de dire non. A Québec, Landry avait plié. Son argument: faut leur donner le temps de s'intégrer, faut pas les brusquer, vont finir par s'intégrer. Allez compter le nombre de voiles dans les écoles aujourd'hui.
    Le principe est simple:tu ne recules pas d'un pouce, parce qu'ils vont prendre un pied. Ce jugement, c'est se faire harakiri.

  • Archives de Vigile Répondre

    19 février 2011

    Si avoir une pensée ancrée dans la réalité historique et culturelle du Québec est une erreur, elle conserve l'avantage d'être corrigible. Ce dont est susceptible la compréhension intelligente de la situation, telle qu'exprimée par madame Mailloux.
    Je ne saurais en dire autant de la vôtre, madame Poisson. Puisqu'entièrement déconnectée autant de notre présent que de notre passé national, elle s'avère nulle et non avenue, donc sans intérêt et sans efficacité pour un avenir différent.
    Ce qui n'empêche pas ses effets à combattre d'être pour un temps une perte de temps.
    Je regrette, croyez-moi, madame, de devoir prendre une position qui m'oppose à vous. Vous qui êtes avec madame Mailloux une des rares québécoises capables d'intervenir dans nos débats, en les situant dans la sphère philosophique.
    Avec, malgré tout et sincèrement, l'expression de ma reconnaissance pour votre engagement.
    Andrée Ferretti.

  • Archives de Vigile Répondre

    19 février 2011

    Dans cette affaire,le MLQ fait fausse route. La question des prières dans les assemblées municipales au Québec est une question réglée. Que cela se produise encore dans quelques cas particuliers est un phénomène transitoire et qui serait normalement appelé à s'éteindre. En recourant aux tribunaux pour traquer les derniers à pratiquer un geste qui fut hier encore pratiqué et honoré très largement chez nous, vous faites de l'acharnement. Un acharnement inutile qui vous fait apparaître, à tort ou à raison, comme intolérante de la culture religieuse historique et dominante au Québec. J'estime que la situation à Saguenay aurait dû être laissée à régler par les citoyens de Saguenay, à travers les pratiques délibératives habituelles, c'est-à-dire par la voie du débat et des élections. Votre approche juridique provoque selon moi des torts bien plus graves que le mal qu'elle veut combattre, comme par exemple détrousser de 30 000 $ les contribuables de Saguenay. J'aurais préféré que le MLQ continue de parler et de convaincre plutôt que de recourir aux tribunaux dans une poursuite apparemment sans fin de la pureté laïque.
    GV