Monseigneur Turcotte et le petit monde
Ces derniers jours, nous avons entendu à maintes reprises notre cher cardinal Turcotte parler avec admiration, la voix presque brisée par l’émotion et l’œil humide, des petites gens de ce monde qui, par leur abnégation et leur ténacité, ont accompli de grandes et belles choses pour le bien-être de leur prochain.
Nul ne peut mettre en doute la sincérité et l’authenticité du frère André. Il est, par excellence, le reflet d’une époque et l’emblème du pouvoir de la volonté et de la confiance en ses aspirations.
Ce qui déçoit profondément dans le discours de monseigneur Turcotte, c’est l’absence complète de congruité de ses affirmations lorsqu’on sait de quelle manière cavalière et indigne de sa fonction il a traité les paroissiens du cartier Hochelaga-Maisonneuve et la mémoire de leurs ancêtres, petites gens très peu riches, voire pauvres, mais qui ont consenti à tous les sacrifices nécessaires afin de se doter d’une église digne de leur foi et de leur ardeur religieuse.
Aller à Rome et fièrement exprimer son admiration et sa sympathie pour les plus humbles de ce monde et à la fois jeter aux orties les trésors patrimoniaux d’un quartier de son diocèse, héritage d’individus humbles et à jamais inconnus qui nous ont légué un édifice splendide décoré par des artistes et des artisans qui font partie de notre histoire et que nous devrions célébrer comme ils le méritent et dont les grandes orgues sont unanimement reconnues pour leur caractère unique et leur splendeur ne peut que nous laisser pantois.
Moi, il me laisse plus que pantois, il me laisse déçu par son attitude irresponsable, consterné par son manque d’empathie pour les fidèles dont il est censé avoir la charge, outré de l’évidente contradiction qu’il expose à notre face même par son discours incongru, et sans admiration aucune pour son attitude hypocrite et déloyale dans le dossier de la sauvegarde de l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus.
Et ça se vante d’aimer les humbles…
“Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites! Parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis, qui paraissent beaux au-dehors, et qui, au-dedans, sont pleins d’ossements de morts et de toute espèce d’immondices.” (Matthieu XXlll, 29)
Claude G. Thompson