Un titre peu reluisant

Montréal capitale de l'aide sociale

Les réfugiés gonflent le taux, dit le ministre Sam Hamad

L’Empire - mondialisation-colonisation


Michel Hébert - La Mauricie et la Gaspésie revendiquaient jadis la plus forte proportion d'assistés sociaux, mais Montréal a remporté ce titre en 2009.

Selon les plus récentes statistiques sur l'aide sociale, la portion de la population ayant besoin des programmes de dernier recours est plus élevée dans la métropole que partout ailleurs au Québec.
Plus d'une personne sur 10 vit de l'aide sociale sur l'île de Montréal, soit plus de 177 409 adultes et enfants, précise le dernier rapport statistique sur la clientèle des programmes d'assistance sociale du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
Le ministère estimait qu'à la fin de 2009, le Québec comptait 484 900 assistés sociaux, dont 334 900 adultes. Le tiers d'entre eux vivent sur l'île de Montréal.
Le taux d'assistance sociale par région est une donnée introduite en janvier 2009 et indique la proportion de la population qui bénéficie de l'un ou l'autre des programmes d'assistance sociale. C'est évidemment un indicateur de pauvreté.
Selon le MESSS, Montréal a un taux d'assistés sociaux de 11,1 %, soit deux fois plus élevé que celui de Québec, par exemple.
La ville de Gérald Tremblay surpasse la Gaspésie et la Mauricie, où les taux d'assistance sont respectivement de 10,1 % et de 10,3 %.
Sur l'île de Montréal, on a dénombré 177409 personnes inscrites aux pro-g rammes d'aide sociale, soit 127 559 adultes et 49 850 enfants. Mais la métropole compte un nombre beaucoup plus grand de personnes en situation de pauvreté. Selon le recensement de Statistique Canada de 2001, presque 30 % de la population vivait sous le seuil de la pauvreté. En septembre 2008, La Presse avançait que la métropole comptait 514 000 pauvres.
Crise économique
«La crise économique a certainement touché les plus vulnérables. Ceux qui occupaient des emplois de service notamment, et ils sont nombreux à Montréal», estime Robin Couture, porte-parole de la Coalition pour un Québec sans pauvreté.
Pas étonnant, dit-il encore, de voir que les jeunes et les immigrants soient les plus frappés par le repli de l'économie. Le nombre de jeunes de moins de 25 ans à l'aide sociale a grimpé de 4,5 %, à près de 25 000, en 2009, alors que l'augmentation a été plus forte encore chez les immigrants, avec un bond de 6 % du nombre d'assistés sociaux nés hors du Canada.
On en comptait un peu plus de 62 000 en 2008, et douze mois plus tard, 65 890 ont besoin de cette aide de dernier recours. La plupart sont établis à Montréal.
Évidemment, dans les régions où l'économie tourne à plein régime, les prestataires de l'aide sociale sont moins nombreux. Dans le Nord du Québec, où les projets miniers foisonnent, le taux d'assistance est de seulement 4,3 %, le plus bas du Québec. Dans Chaudière-Appalaches, où les PME sont nombreuses et florissantes, il est de 4,4 %. Laval et la Côte-Nord ont tenu bon malgré la crise économique, avec des taux d'assistance de 4,8 % et 5,0 %.
Québec tient le coup
La capitale nationale tient aussi le coup avec un taux d'assistance sociale de 5,3 %. Mais, selon Robin Couture, Québec ne fait que profiter de la lourde présence des fonctionnaires, toujours à l'abri des intempéries économiques.
«Les services n'ont pas été coupés, personne n'a perdu son emploi», fait savoir le porte-parole de la coalition.
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Aide sociale
Les réfugiés gonflent le taux, dit le ministre Sam Hamad
Michel Hébert
Le Journal de Québec
06/01/2010 05h04


Montréal accueille chaque année des milliers de réfugiés qui, évidemment, ne trouvent pas un emploi en criant ciseau.


Au dernier décompte, le Québec aura offert de l'aide sociale à 13 629 demandeurs du statut de réfugiés, en 2009, alors qu'il l'avait fait pour 11 905 personnes, l'année précédente.
C'est ce qui gonfle le taux d'assistance de Montréal estime le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad.
«Ça fausse un peu nos données. Sans les demandeurs d'asile, on aurait une baisse du nombre d'assistés sociaux. Mais on doit respecter la Convention de Genève et s'en occuper», dit-il.
Avant qu'Ottawa ne décide de leur sort, le Québec doit les soutenir en leur versant des prestations d'aide sociale. Seulement 52 800 immigrants sont ici depuis plus de trois ans, les autres sont de nouveaux arrivants (10 500 environ) auxquels s'ajoutent les demandeurs d'asile.
Sans ce dernier groupe, soutient M. Hamad, le Québec continuerait de faire beaucoup mieux qu'ailleurs en matière de pauvreté comme en toute autre chose. L'Organisation mondiale du travail le citerait en exemple.
Quand on lui fait remarquer que les cohortes restent importantes, le ministre réplique que ça va nettement plus mal en Alberta, où le nombre d'assistés sociaux aurait bondi de 21 % tandis qu'en Ontario, on en compterait maintenant au moins un million. Deux fois plus qu'au Québec. «Dans le temps du PQ, il y en avait 800 000», rappelle le ministre.
«Action déficiente»
La porte-parole du PQ en matière de lutte à la pauvreté, Monique Richard, affir me que, malgré ses effets positifs, l'action du gouvernement libéral est déficiente. Les gens sont de plus en plus nombreux aux banques alimentaires. Les logements abordables se font plus rares et les prestations ne couvrent plus les besoins essentiels.
Autre défaut du système actuel, malgré le grand nombre d'organismes communautaires, la pauvreté ne recule pas. «Il n'y a pas une séquence continue dans les services. Parfois, un jeune sort d'un centre jeunesse avec un billet d'autobus. Il n'y a personne pour s'en occuper. Il retombe dans la délinquance et la pauvreté», déplore Mme Richard, qui espère un prochain plan de lutte à la pauvreté plus efficace.
À l'ADQ, le député François Bonnardel estime que le gouvernement ne prend pas ses responsabilités à l'égard du décrochage scolaire. «C'est une des causes premières de la pauvreté», dit-il.
M. Bonnardel soutient aussi que le plan Hamad est un «échec» puisqu'il n'a pas réussi à remettre au travail ceux qui n'ont pas d'empêchement à travailler. Et le fait que Montréal soit le refuge du tiers des assistés sociaux est car rément «inacceptable».
«L'aide sociale ne doit pas être un mode de vie», insiste le député de Shefford.


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