La place de la question nationale dans les cours d'histoire

Nos écoles, des instruments politiques?

Tribune libre

La semaine dernière, la ministre Marie Malavoy a communiqué sa volonté de faire une plus grande place à l’enseignement de l’histoire dans les écoles du Québec et aussi de faire à la question nationale dans les cours d’histoire. Les mots à peine sortis de sa bouche que le leader par intérim du Parti libéral, Jean-Marc Fournier, sort de sa boîte à surprise et se jette sur l’idée telle un chef d’une meute de loups enragés. De ses hurlements les plus prévisibles on distingue une grave accusation qui compare presque le gouvernement du Québec aux « komsomols » ou à la jeunesse hitlérienne. Mais qu’est-ce qu’ils ont mangé ces libéraux pour être aussi agressifs? Le fruit de la défaite peut-être?
L’histoire c’est l’histoire.
Lorsqu’on m’a enseigné le rapport Durham, l’Acte d’Union et la volonté d’assimilation des Canadiens français, la pendaison de Louis Riel, mon école n’était pas utilisée aux fins de la propagande antifrancophone.
Lorsqu’on m’a enseigné la révolution russe, qu’on m’a parlé de Lénine, Staline et du communisme en Union soviétique, mon école n’était pas utilisée aux fins de la propagande communiste.
Lorsqu’on m’a enseigné le génocide au Rwanda, mon école n’était pas utilisée aux fins d’une propagande raciste.
Alors, lorsqu’on enseignera l’histoire du Québec dans les écoles québécoises, la question nationale ne sera rien d’autre qu’une partie importante de notre histoire nationale. Notre histoire c’est notre histoire. Notre présent repose sur notre histoire.
Comprendre le monde sans savoir d’où il vient, c’est comme essayer de comprendre l’algèbre sans avoir appris à compter. C’est comme essayer d’écrire sans connaître l’alphabet. L’histoire doit ainsi être enseignée avec rigueur et passion.
Ramener le débat indépendantiste dans les cours d’histoire du Québec, c’est ce qui semble mettre le feu aux poudres. Pourtant, c’est nier une partie intégrante de notre histoire qui marquerait l’utilisation de nos écoles à des fins politiques; nier, cacher la présence du débat sur la question nationale dans l’histoire du Québec revient à enseigner l’histoire de façon subjective. Enseigner l’histoire en en cachant une partie, parce qu’en parler contrevient à nos croyances politiques, est-ce cela que défend Jean-Marc Fournier? Je lui retourne son accusation non fondée à l’égard de notre gouvernement.
Des acolytes libéraux un peu plus nuancés affirment qu’étant donné les convictions souverainistes du gouvernement péquiste connues de tous, sa position quant à la place de la question nationale dans les cours d’histoire autorise à penser qu’il veut se servir des écoles et de l’enseignement aux jeunes Québécois pour faire avancer sa cause. Cela aurait été le cas si on avait voulu isoler la dimension de la question nationale dans les cours d’histoire pour faire abstraction au reste de la matière contenue dans notre histoire nationale. Mais ce n’est pas le cas. La ministre Malavoy veut que la question de l’indépendance reprenne sa place dans l’enseignement de l’histoire puisqu’elle en fait partie.
Je reviens à l’accusation de Jean-Marc Fournier à l’égard des souverainistes qui voudraient faire des écoles un instrument politique, car celle-ci est d’une immense gravité. Remarquons d’abord que de tels instruments existent aux fins de la promotion du fédéralisme canadien. Pensons par exemple au mouvement des cadets du Canada destiné aux jeunes canadiens de 12 à 18 ans « ou l’expression cadets royaux de l’armée canadienne ». Je m’en rappelle, car cet évènement m’a marqué, qu’a l’âge de 12 ans, on devait « promettre » d’être fidèle à la reine d’Angleterre et à ses successeurs pour avoir un badge officiel et devenir un « membre officiel » du mouvement. À 12 ans… On le fait sans trop comprendre ce que ça veut dire, sans y accorder trop d’importance, pour avoir le badge comme tout le monde. Il ne faut pas voir ici que je tente de discréditer ce programme jeunesse d’une grande valeur et qui constitue une expérience extrêmement enrichissante pour les jeunes en faisant partie. J’en ai fait partie. D’ailleurs, paraît-il que cette pratique de « promesse d’être fidèle à la reine » n’est plus appliquée aujourd’hui. Tant mieux! Il faut voir aussi que cette pratique est (ou était) accompagnée d’un objectif fondamental du programme qui consistait à « former de bons citoyens ». S’en suit de formations sur l’histoire du Canada, sur la citoyenneté, de programmes de prestige et d’implication communautaire étroitement rattachés à la monarchie britannique (voir le programme du Duc D’Édimbourg). Où je veux en venir, c’est que cet objectif de « former de bons citoyens », reposant essentiellement sur des principes propres au fédéralisme, voire même au nationalisme canadien et à l’appartenance à la Couronne, est plus ou moins directement, mais indéniablement un instrument politique visant à l’adhésion aux valeurs de ce système, n’enlevant cependant rien aux qualités du programme des cadets du Canada.
De plus, le fédéralisme canadien a bien plus besoin de tels instruments pour se garder en vie que le mouvement souverainiste de par sa nature. Il dissimule un colonialisme qui dure depuis la Conquête et qui n’a fait que changer de formes au fil du temps. Encore aujourd’hui comme dans les années de Trudeau, il fait et faisait ombrage au nationalisme canadien. Pour sa part, le mouvement souverainiste qui a de facto le fardeau de prouver le bienfondé de son option, est bien moins enclin à utiliser des instruments politiques. Il doit démanteler les tromperies, les fausses croyances, s’appuyer sur des faits, sur des arguments rationnels sociaux, économiques, identitaires, etc. pour se faire valoir, puisqu’il ne tente pas d’ombrager une réalité, mais d’en éclairer une. L’instruction, les débats et l’enseignement les plus fidèles à la réalité constituent donc une méthode privilégiée.
Attention : je ne sous-entends pas que les souverainistes sont plus éduqués que les fédéralistes. Je parle de méthodes de promotion des deux options relatives à la question nationale.
Bien que chaque courant de pensée ait ses propres extrêmes pouvant mener à vouloir falsifier la réalité, les libéraux, fédéralistes et Jean-Marc Fournier de ce monde ont intérêt à ce que la question nationale soit absente des cours d’histoire du Québec. Ils ont avantage à mettre cette réalité historique dans l’ombre vu leur option. Je serais bien plus inquiet de voir le programme d’enseignement de l’histoire du Québec entre leurs mains qu’entre les mains d’un gouvernement souverainiste pour l’intégrité de ce programme d’enseignement.


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1 commentaire

  • Serge Jean Répondre

    19 octobre 2012


    Jean-Marc Fournier, n'est pas le directeur de conscience des québécois et ce n'est pas un péché d'instruire les enfants de toute notre histoire; ce qui par contre est un crime honteux contre la nation, c'est le fait de ne pas l'avoir fait avant.
    Un peuple qui ignore son histoire, c'est un peuple manipulable, culpabilisable, ravagé par l'impulsivité et la contradiction.
    Toute la vérité sur qui nous sommes et d'où nous venons, tout ça, c'est notre histoire et doit être enseigné aux enfants qui appartiennent à la nation, et non pas aux libéraux ni à tout autre parti politique. Enseigner toute notre histoire, c'est un devoir de dignité nationale pour tous.
    Et si connaître la vérité sur ce qui nous concerne fait de nous des individus qui aspirent à l'indépendance nationale, eh bien qu'il en soit ainsi, et sans aucune espèce de honte culpabilisante qui n'a pas sa place dans des êtres dignes d'eux-mêmes, malgré les aboiements des chiens enragés, qui écument le mépris, au bout de leurs chaînes de colonisés, les yeux exorbités, courroucés du rouge des mauvais maîtres.
    Un peuple intelligent qui s'assume n'a pas besoin de chiens névrosés enragés dans ses jambes pour s'affirmer lui-même dans la dignité.
    Soyons fiers d'afficher la vérité qui nous concerne au lieu de retraiter derrière le camoufflage puant du mensonge des lâches, entretenu par les politiciens véreux au service des menteurs et voleurs qui se cachent derrière la scène.
    L'élection du parti québécois, qu'on soit d'accord ou pas, provoque tout de même un bon aperçu de la méchanceté tout azimut déployée contre ce qui est considéré comme un symbole souverainiste.
    Dans les journaux ça saute aux yeux qu'on s'affaire à abattre ce gouvernement le plus tôt possible.Les maisons de sondages sont très actives présentement avec leurs psychologues.
    Les libéraux sont encore très puissants et on peut voir tous les ravages qu'ils infligent à notre nation.Je n'aurais jamais cru que les gens pouvaient devenir aussi méchants contre eux-mêmes.
    Imaginons un instant qu'est-ce que ce serait si c'était Option Nationale qui gouvernait. Les chiens casseraient leurs chaînes assurément.
    Un arbre sans racines ça n'existe pas, et le terrorisme n'a pas sa place dans l'affirmation de la dignité humaine.
    J'accuse les libéraux du Québec de << terroristes >> mafieux envers leur propre nation.
    Jean