Droits de scolarité

Obstacles à surmonter

La nouvelle Charte de la langue française (projet de loi n° 14)


Quasi absent de la campagne électorale, le financement de l’enseignement supérieur réchauffera de nouveau les grands esprits, foi de Pauline Marois ! Après un printemps de protestations, le casse-tête des droits de scolarité demeure entier. Pour rallier partisans de la gratuité, du gel, de l’indexation et de l’augmentation, il faudra talent, imagination, courage et… majorité au gouvernement ?

Elle ne porte plus le carré rouge, et on ne l’a plus revue la casserole à la main. Mais même sans ces symboles, les principes demeurent : la chef du Parti québécois Pauline Marois a confirmé cette semaine qu’elle annulerait cette célèbre hausse des droits de scolarité, cause de chaos social que l’on sait.
Même sans l’appui de l’opposition libérale et caquiste, la future première ministre pourra en effet par décret effacer des livres la hausse de 254 $ par an pendant sept ans, liée à un engagement budgétaire datant de mars 2011. Les étudiants soupirent d’aise. Mais leur soulagement est bien partiel, ils le savent. Malgré une ouverture évidente de la chef du PQ à discuter, écouter, rallier, elle se heurtera à trois problèmes de taille : le compromis « fantôme » qui réunirait des camps aussi vivement opposés ; l’incapacité financière de l’État à soutenir en même temps un éventuel gel des droits et un refinancement des universités ; et l’obstacle que sera une majorité de l’Assemblée nationale opposée à tout ce qui ne serait pas une hausse.
Dans son cadre financier, le PQ a prévu annuler non seulement l’augmentation décidée par les libéraux, mais aussi toutes les « mesures compensatoires visant à amenuiser les effets de la hausse » (-150 millions). C’est donc qu’au chapitre de l’aide financière, contrairement à ce que réclamait hier la CLASSE en point de presse, il ne sera pas possible de conserver l’ensemble des ajouts au régime d’aide. Chers étudiants, le beurre et l’argent du beurre n’ont jamais fait les budgets les plus riches.
La loi spéciale, qui expire normalement le 1er juillet 2013, constitue une autre épine au pied de ce gouvernement formé de cinquante sièges (plus les deux de QS, peut-être en appui au PQ sur ce dossier). Pour effacer la loi décriée par le PQ sous son règne d’opposition, il faudra avoir l’assentiment de la Chambre. Or, les libéraux et la CAQ de François Legault ne voient pas le caractère antidémocratique de la loi 12. Cela constituera un irritant imposant.
Enfin, quoi espérer du Sommet promis par Pauline Marois ? Il a été imaginé dans le but de rebrasser toutes les idées liées au financement des universités avec les acteurs concernés. Pour calmer le jeu, cette idée avait du bon. Mais la formule a été éprouvée - et plus d’une fois ! - sans le moindre succès. En 2004, une longue commission parlementaire sur le sujet n’avait pas permis de trouver de « recette ». Ni d’ailleurs le rapport Gervais (2005) sur l’accès à l’éducation, pourtant nourri par plusieurs études testant divers scénarios, de la hausse à la gratuité.
On le sait, les étudiants n’ont jamais reconnu la dernière tentative libérale qu’était la Rencontre des partenaires de décembre 2011, un simulacre de forum, duquel ils ont d’ailleurs claqué la porte, car les dés étaient jetés d’avance. Mme Marois promet un sommet sans agenda prémédité, mais elle a clairement indiqué son penchant pour une indexation plutôt qu’un gel - l’idée ne séduit aucun groupe étudiant. Malgré un forum plus respectueux, les points de vue opposés demeureront les mêmes. Où sera le consensus ?
Souhaitons que le printemps ait été riche de quelque enseignement. Ne sombrons pas bêtement dans le même débat cul-de-sac.


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