On nous prend pour des valises

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Collusion systémique au Québec


Il y a un proverbe qui dit : « Quand ça ressemble à de la schnoutte, que ça sent la schnoutte et que ça goûte la schnoutte, c’est probablement de la schnoutte... »


Je pensais à ce proverbe en lisant les récentes révélations de notre Bureau d’enquête concernant SNC-Lavalin.


DÉLIT D’INITIÉ ? NAH !


Chapitre Un.


En mars 2011, Michael Novak, alors v.-p. exécutif de SNC-Lavalin et président du CA de SNC-Lavalin International, vend un bloc de 200 000 actions de l’entreprise, d’une valeur de 12,2 millions de dollars.


Comme ça, sur un coup de tête.


Parce que ça lui tentait.


Peu de temps après cette grosse transaction, SNC-Lavalin est contrainte d’annoncer une enquête interne sur le versement de commissions secrètes, et la valeur de l’action chute.


Tu parles d’une coïncidence, toi !


Novak a vendu juste avant que SNC annonce de mauvaises nouvelles !


C’est ce qu’on appelle avoir du flair, du pif.


Ou de la chance.


Qui était la femme de monsieur Novak ? Kathleen Weil, députée libérale et alors ministre de l’Immigration !


Madame Weil avait-elle été mise au courant de ce qui se tramait ? Quelqu’un au gouvernement l’avait-il avertie que des accusations seraient bientôt portées contre l’entreprise où travaillait son mari ?


Nah, dit monsieur Novak. Absolument pas !








Sophie et Richard ne sont pas bons aux fourneaux, mais ils savent cuisiner leurs invités! Invitez-vous à la table de Devine qui vient souper? une série balado originale.





Je n’étais pas en possession d’informations confidentielles et je n’ai pas commis de délit d’initié !


Bon, OK, d’abord.


On vous croit.


ENQUÊTE INTERROMPUE ? NAH !


Chapitre Deux.


En mai 2012, trouvant cette « coïncidence » trop belle pour être vraie, l’Autorité des marchés financiers décide d’enquêter sur le cas Novak.


On baptise cette enquête le « projet Faucon ».


(Dans quelques années, quand je prendrai ma retraite, je vais partir une firme destinée à trouver des noms pour les enquêtes et les ouragans. L’enquête Chalumeau, l’ouragan Pétronille, etc. Il y a de l’avenir là-dedans.)


Or, deux employés de l’AMF ont affirmé à notre Bureau d’enquête que l’organisme a tout fait pour que cette enquête n’aille nulle part et meure de sa belle mort.


« Il ne fallait pas trop déranger certaines compagnies, a dit un de ces employés. Nos patrons ont volontairement fermé les yeux. »


L’AMF voulait-elle protéger Michael Novak et SNC-Lavalin ?


« Absolument pas, a répondu le porte-parole de l’AMF au Bureau d’enquête. Cette enquête a suivi son cours normal et a été fermée. »


Bon, OK, d’abord.


On vous croit.


CONFLIT D’INTÉRÊTS ? NAH !


Chapitre Trois.


Le Bureau d’enquête nous apprend que le gars qui a été nommé pour diriger les enquêtes de l’AMF (et qui était donc le patron de ceux qui enquêtaient sur SNC-Lavalin) était... un ancien avocat de SNC-Lavalin !


Ayoye !


Conflit d’intérêts, peut-être ?


« Absolument pas, a répondu l’AMF. On le trouvait juste compétent. »


Là, je suis censé dire : « Bon, OK, d’abord. On vous croit. »


Sauf que je ne suis pas capable.


Une coïncidence, c’est possible.


Deux, c’est bizarre.


Mais trois ?


Trois, ça commence à ressembler à de la schnoutte, à sentir la schnoutte et à goûter la schnoutte.


Un moment donné, faut pas nous prendre pour des valises.


Il va d’ailleurs y avoir une enquête sur l’enquête de l’AMF.


Et notre Bureau d’enquête va enquêter sur l’enquête de cette enquête.


Bienvenue au Québec.