Après deux journées complètement folles, après que les radicaux eurent écarté les modérés dans chaque camp, c’est le pire des scénarios qui se concrétise.
Madrid a mis sous tutelle les institutions catalanes. Imaginez Ottawa fermant l’Assemblée nationale et prenant le contrôle des ministères québécois, de la Sûreté du Québec et de Télé-Québec.
Recul
Pire encore, dans un ultime geste de défi, pour ne pas perdre la face, pour pouvoir dire qu’elle ne s’est pas laissée faire, la fragile coalition souverainiste qui gouverne à Barcelone a unilatéralement déclaré l’indépendance.
Après l’émotion, après l’hymne entonné et le mousseux débouché, viendra la dure réalité: l’autonomie catalane vient de reculer de 40 ans. Quant à la reconnaissance internationale, indispensable pour qu’une indépendance réelle survienne, elle sera inexistante.
Hier, dans les minutes qui ont suivi cette proclamation, la communauté internationale, suivant l’Union européenne et les États-Unis, durcissait déjà le ton envers Barcelone. Ce n’est plus de l’audace de la part de M. Puigdemont et des siens. C’est de la témérité, voire de l’irresponsabilité.
Ce n’est pas le sens de l’État qui les a guidés, mais l’émotion et le goût de la bravade. Il fallait au contraire garder la tête froide.
Lucidité
M. Puigdemont et les siens ont gaspillé le capital de sympathie gagné après l’inqualifiable brutalité policière survenue lors du référendum du 1er octobre.
Depuis le début de l’épreuve de force, c’est Madrid qui a les meilleures cartes dans son jeu. Barcelone se devait de le reconnaître et ne pas commettre l’irréparable.
M. Puigdemont et les siens avaient le devoir sacré de ne pas empirer la situation, de ne pas sacrifier l’essentiel, de ne pas faire reculer leur peuple à défaut de pouvoir le faire avancer aussi vite qu’ils l’auraient souhaité.
C’est proprement tragique.