Forage dans le Saint-Laurent

Ottawa doit décréter un moratoire

Pétro-Québec

La marée noire en Louisiane est un drame, de même que toutes les autres marées noires qui surviennent régulièrement à travers le monde.
Elle nous enseigne, une fois de plus, que le risque zéro n’existe pas. Aucune technologie de pointe, ni aucun cadre réglementaire exigeant, ni aucune aire protégée, ni aucun des engagements des gouvernements ou des compagnies de forage ne peuvent nous prémunir d’un éventuel accident. C’est le propre même des accidents d’être imprévisibles. Et ceux en mer sont dommageables et difficiles à contenir, surtout si les tempêtes sont fréquentes et que des glaces s’y trouvent. Comme ici, près des îles de la Madeleine.
Plusieurs croient que la probabilité d’un déversement majeur d’hydrocarbures est minime. Qu’ils se détrompent: une étude du gouvernement américain (2004) démontre qu’il existe une probabilité de 19 % qu’un déversement majeur se produise sur une période de 25 ans. Également, en 2004, le responsable des affaires environnementales de l’Office extracôtier Terre-Neuve-Canada affirmait que la capacité de contenir un déversement d’hydrocarbures dans l’Atlantique
Nord n’est possible que dans 10 % des cas.
Le forage au large des côtes des îles de la Madeleine est imminent. Terre-Neuve a déjà annoncé son intention de forer dès 2011 le gisement Old Harry. Le Québec désire faire de même de son côté. Et nous savons qu’Ottawa aussi veut sa part du gâteau. C’est déjà la course contre la montre pour régler le litige qui les oppose.
La ministre Nathalie Normandeau affirme que le gouvernement ne veut pas aller de l’avant à n’importe quel prix. Quelle valeur ont ces propos pour le gisement Old Harry, côté québécois, un territoire dont la juridiction et le partage des éventuelles ressources sont contestés entre la province et Ottawa? Et si Terre-Neuve fore Old Harry, comment le Québec pourra-t-il résister à l’envie de forer, malgré les propos de la Ministre qui se veulent empreints de précaution?
De plus, les évaluations environnementales stratégiques (EES) annoncées et tenues par le ministère des Ressources Naturelles et de la Faune (MRNF) ne seront complétées qu’après que Terre-Neuve ait commencé son forage exploratoire. Il sera trop tard.
Concernant les EES, rappelons qu’elles ont été confiées au MRNF et non à un organisme indépendant. La crédibilité du processus s’en trouve, à notre avis, entachée. Une lecture de la démarche nous apprend que les EES visent à mieux encadrer les activités de forage dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent. En aucun temps toutefois n’est prévu un débat public sur le sujet ni n’est posée la question qui s’impose : voulons-nous explorer et forer le Saint-Laurent, connaissant et acceptant les impacts et les risques inhérents à ces activités?
Avant d’être en mesure de répondre à cette question, aucune activité d’exploration ou d’exploitation ne devrait être autorisée dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent.
Ce débat ne doit pas se faire uniquement à une échelle régionale, pas plus qu’il ne faut continuer à évaluer les impacts des activités sur le Saint-Laurent de façon morcelée. Le Québec devra s’y pencher, comme les provinces de l’Atlantique. Les projets des uns peuvent affecter la situation des autres. À ce titre, les activités d’exploitation à Old Harry du côté de Terre-Neuve sont susceptibles d’entrainer des effets environnementaux négatifs importants au Québec, surtout ici aux îles de la Madeleine. Une entité de concertation interprovinciale réunissant les principaux intéressés (gouvernements, pêcheurs, ONG, scientifiques, etc.) devrait voir le jour.
Il est urgent qu’Ottawa décrète ce moratoire avant que Terre-Neuve ne fore. De son côté, Québec doit faire pression en ce sens afin de protéger ses populations côtières, et pour que son programme d’EES ne soit pas perçu comme un leurre. Si un débat public s’avère essentiel, il ne faut toutefois pas attendre pour agir: un moratoire dans tout l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent s’impose.
Danielle Giroux
Présidente, Attention FragÎles, [attention.fragiles bd5 tlb.sympatico.ca->attention.fragiles bd5 tlb.sympatico.ca]

10 mai 2010
Références :
Offshore oil and gas : Charting the next steps : We must find a way to build consensus among B.C.’s polarized stakeholders (Time Colonist, 2004/12/17)
Second Terra Nova oil spit now target of investigation, my TELUS news, The Canadian Press,
http://www.mytelus.com, site consulté le 2004-11-25

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Madame Nathalie Normandeau

Vice-première ministre Ministre des Ressources naturelles et de la Faune Ministre responsable du Plan Nord
Objet : demande d’appui pour un moratoire sur tout projet d’exploration et d’exploitation d’hydrocarbures dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent
Madame la Ministre,
Nous désirons par la présente vous faire part d’une lettre d’opinion (ci-jointe) que nous avons transmise à nos partenaires et nos membres, ainsi qu’à plusieurs médias. Comme vous le savez, un forage exploratoire est prévu au gisement Old Harry, à Terre-Neuve, dès 2011.
Toute activité de forage dans le Golfe, même à Terre-Neuve, pourrait avoir des impacts environnementaux au Québec, notamment aux îles de la Madeleine.
Nous comptons grandement sur votre volonté et votre engagement à vouloir agir avec précaution dans ce dossier.
En conséquence, nous sollicitons directement votre appui et celui du gouvernement du Québec, pour exiger d’Ottawa un moratoire sur tout projet d’exploration et d’exploitation d’hydrocarbures dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent.
Si le forage devait être fait avant le terme des EES et sans tenir compte des recommandations qui en découleront, vos efforts auront été vains et la crédibilité de votre processus entachée.
Nous demandons également que soit tenu un réel débat public de fond sur les projets d’exploration et d’exploitation dans le golfe du Saint-Laurent.
En souhaitant recevoir un appui favorable à notre demande, je vous prie de recevoir, Madame la Ministre, nos salutations respectueuses.
Danielle Giroux Présidente Attention FragÎles
Attention FragÎles | [www.attentionfragiles.org->www.attentionfragiles.org] 397-A, chemin Principal, Cap-aux-Meules, Québec, G4T 1E3 T 986 6644 | F 986 6083 | attention.fragiles@tlb.sympatico.ca
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Danielle Giroux2 articles

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Présidente, Attention FragÎles

Qui est Attention FragÎles ? Organisme à but non lucratif et de bienfaisance fondé en 1988 par un mouvement citoyen, Attention FragÎles puise dans l’appui de ses membres, de ses partenaires locaux et de ses bénévoles pour mener à bien ses actions. Dévoué à la cause environnementale, nous agissons pour laisser en héritage aux Madelinots et Madeliniennes de demain un environnement de qualité. L’organisme travaille en étroite collaboration avec 25 partenaires locaux, bénéficie d’une force de travail bénévole extraordinaire, et obtient le soutien de plus de 100 membres. Notre mission Attention FragÎles contribue à la responsabilisation environnementale de la population, des acteurs du développement et des visiteurs des Îles-de-la-Madeleine en réalisant, soutenant ou encourageant des comportements respectueux de l’environnement naturel madelinot. Répartie sur trois axes, soit le développement, la consommation et l’environnement naturel, l’action de l’organisme est fondée sur le partenariat et la valeur du respect de l’environnement. Notre vision Attention FragÎles oeuvre à rallier les acteurs du développement et la population des Îles-de-la-Madeleine à l’objectif de garantir la qualité et la pérennité de l’environnement naturel madelinot, prémisses d’un milieu de vie de qualité pour tous.





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4 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    12 mai 2010

    Une initiative citoyenne telle que Attention FragÎles devrait inspirer les Québécois de partout, en particulier de Montréal, pour la sauvegarde du Saint-Laurent. En 2006, L’action Nationale publiait un dossier exhaustif sur l’avenir du fleuve et l’indépendance du Québec.
    http://www.action-nationale.qc.ca/index.php?option=com_content&task=view&id=152&Itemid=36
    On y fait l’historique de la canalisation, sous l’initiative du fédéral, qui profita surtout aux ports des Grands Lacs. Parce que Montréal s’adapta pour le transport de containers, les Québécois ont négligé de défendre leur patrimoine fluvial comme l’a fait l’État de New-York en particulier. Tous les ports régionaux étant sous contrôle fédéral, ils sont négligés et moribonds.
    Une grande menace qui n’est toujours pas définitivement écartée est le dragage monstre que demanderait le passage des super navires post panamax, qui forceront le transport après l’ouverture du nouveau canal de Panama. Dans les saisons de grande baisse du niveau du fleuve, ce nouveau chenal navigable engloutirait son volume total : adieu les prises d’eau potable des villes. Les systèmes d’épuration étant déjà fort sommaires, on imagine la pollution de cette « autoroute » fluviale dont nous n’aurions pas le contrôle !
    Le document cité suggère des États Généraux sur le fleuve, que le Parti Québécois (aspirant à la présidence de la République) devrait tenir d’urgence pour donner suite aux travaux déjà effectués par le Bloc. Un électrochoc s’impose en tout cas à toute la population, qui se cherche des raisons de faire l’indépendance du Québec! Le fleuve entre les mains d’Ottawa, c’est notre strangulation assurée.! C'est à un Québec indépendant que revient de décréter un moratoire puisque Ottawa ne vise qu'à jouer chez nous les antagonistes.

  • Frédéric Picard Répondre

    12 mai 2010

    Je me demande, Mme Giroux, que pensent vos concitoyens insulaires de vos positions ? Seraient-ils prêts à renoncer à un emploi de 100 K$ par an, sur une platte forme pétrolière, pour des oiseaux et quelques phoques (que l'on ne peut plus abattre de toute façon, à cause de Big Georges Laraque et des biens pensants).
    Pourquoi Ottawa doit ... Bordel, si Ottawa fait ça, on aura de foutues bonnes raisons d'être séparatistes. Le PQ sera supporté par Shell et Exxon et on va l'avoir notre pays ! Ça niaisera pas, je vous jure.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 mai 2010

    Le golfe St-Laurent est une propriété exclusive du fédéral.Cela inclus les ressources naturelles qui y sont en réserve.
    Le Québec n'a aucun arrangement administratif pour forer à Old Harry.Terre-Neuve,oui.
    Le «nous » est donc un mot insignifiant.Le Québec n'aura aucun sous de Old Harry.
    Le fédéral n'arrêtera pas Terre-Neuve d'aller de l'avant,histoire de jobs et de votes payants.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 mai 2010

    Ca fait des années qu'on exige d'avoir enfin accès à notre pétrole qui dort dans le Golfe. Plus de 2 milliards de barils. A 100$ le baril, c'est 200 milliards. A 150$ (dans un an?), c'est 300 milliards. A 200$ (lorsqu'on va commencer enfin à l'exploiter) c'est 400 milliards (la dette brute du gouvernement du Québec est de 160 milliards).
    Puis là, tout à coup, arrive une catastrophe dans le Golfe du Mexique et nos oiseaulogues sortent de leur nid pour demander un moratoire sur l'exploitation de NOTRE richesse. Bizarre quand même.