Ma nausée

Paris, mercredi 7 janvier 2015 vers 11 h 30

Pourquoi cette barbarie?

Tribune libre

Paris, mercredi 7 janvier 2015 vers 11 h 30 une certaine idée de la civilisation éclate dans le sang.
La haine de la vie s’impose au monde entier.
Une immense nausée envahit mon âme.
Pourquoi cette barbarie?
Ce sera les seuls mots qui, obsessionnellement, durant plusieurs heures, vont tourner et retourner dans ma tête.
Bientôt une semaine que cela s’est passé, beaucoup d’événements ont traversé le temps.
Une petite, très petite, lueur d’espoir s’est allumée et semble vouloir illuminer les quatre horizons.
Ils sont venus si nombreux ces « Charlie ».

Je vous fais part de mes réflexions.

Rappelons que le but de la vie c’est avant tout de durer, de se reproduire à travers le temps.
Chez l’humain un des moteurs de la vie c’est l’espoir.
Sa conscience du lendemain lui permet de se projeter dans des jours meilleurs.
On peut concevoir que la vie, sous toutes ses formes, est structurée autour de trois ordres.

Un premier ordre rejoint tous les êtres vivants de notre planète.
Il est de nature spatiale, il réfère à la matière même, c’est le niveau physique, le niveau physiologique.
Chaque être vivant va tout mettre en œuvre pour durer, pour répondre aux besoins fondamentaux de l’espèce auquel il appartient.
Toutefois, il semble bien que seuls les humains soient en mesure d’évaluer la satisfaction ressentie une fois le besoin comblé.
C’est à travers l’expression des cinq sens que naîtrait la notion de bien-être, ce serait probablement le point de départ de ce que nous appelons le plaisir.

Le second ordre touche vraisemblablement toutes les espèces qui possèdent une forme d’intelligence.
Mais c’est surtout chez l’être humain que vont se développer, au maximum, l’ensemble ressources liées à l’intellect, à la cognition.
C’est l’évaluation qualitative de ses réalisations qui va engendrer une perception positive de son image personnelle. Ici émerge ce que l’on appelle l’estime de soi; « Je suis capable de créer ».
C’est également ici que l’humain prend conscience de l’unicité de son être, « je suis un individu qui est unique ».
Ici c’est dans l’accomplissement et à travers ses réussites qu’il découvrira consciemment à nouveau du plaisir.
On constatera que le plaisir s’impose, non plus comme venant de l’extérieur de la personne et étant une sensation naturelle, mais bien comme une satisfaction venant d’actions entièrement sous son contrôle.
Soulignons que c’est par la force de son intelligence, par sa créativité que l’homme est sorti des cavernes et s’est projeté dans l’espace.

Le troisième ordre implique que l’humain sort de son individualisme pour rencontrer l’autre.
C’est une exigence impérative pour toutes les espèces vivantes. Pour que dure la vie, il faut se multiplier et c’est dès les premiers instants de vie que va s’exprimer cet impératif besoin de l’autre.
Pour nous, mammifère, la première relation concrète que nous avons est celle vécue avec notre mère.
C’est de cette communication que vont émerger les fondements de toutes expressions relationnelles de notre future vie.
Pour l’homme c’est à travers cet ordre que vont s’asseoir les formes de sa socialisation et se concrétiser les mécanismes structurant les organisations humaines c'est-à-dire, les civilisations, les nations et leurs cultures, les religions, etc.
C’est dans ce champ de l’activité humaine que va émerger la notion d’influence et par voie de conséquence le pouvoir des uns sur les autres.
La domination devient une source importante du plaisir humain et par l’aura que nous attribuons aux gens de pouvoirs cette force se trouve à renforcer maladivement l’estime de soi.
Mais c’est au niveau de cet ordre que vont se conjuguer tous nos désirs et nos espoirs.
Ils s’appellent, relation, collaboration, coopération, solidarité, amitié, et bien en évidence… AMOUR.

Tous nous espérons vivre longtemps dans un corps sain.
Tous nous espérons exprimer notre créativité le plus librement possible.
J’ai besoin de vous et… j’espère que vous avez, un peu, besoin de moi.

Mais qu’en est-il réellement de mes espérances ?

Si l’espoir est un des carburants majeurs de notre vie, son impact sur nous est très mouvant, en effet nous le savons tous, il y a des hauts et il y a des bas.
De plus, outre la relation intime que nous avons avec cet état d’humeur, il existe un autre facteur d’influence qui va puissamment nous stimuler tout au long de notre vie. Ce second élément, c’est notre environnement social, la famille, la société dans laquelle nous évoluons, l’époque, le monde en général dans lequel nous vivons, qui, au quotidien, va influencer notre sensibilité émotionnelle.

Aujourd’hui en 2015, qu’en est-il de ce monde, quels espoirs nous a-t-il apportés ?
Si nous nous en référons aux 70 dernières années, avec la fin de la guerre 39-45, nous pouvons affirmer, sans crainte, que l’anéantissement du nazisme et autres idéologies fascisantes a été ressenti, par tous, comme le départ d’une nouvelle ère.
La nouvelle paix mondiale a mis fin aux barbaries et de nouveaux espoirs fleurissent à travers le monde. Soulignons notamment l’éveil des affirmations nationales qui ont émergé dans tous les pays colonisés.

En Asie, la Chine se libère des Japonais, l’Inde des Anglais, le Laos, le Cambodge, la Cochinchine, le Tonkin et Annam quant à eux, se libèrent de l’emprise de la France.
En Afrique ce sont tous les pays qui chassent les Européens de leurs territoires. Anglais, Français, Belges, Portugais, Italiens, Allemands doivent plier bagage.
Un espoir phénoménal a véritablement explosé dans le monde.
J’ai pu dans à la fin des années 50 le constater de visu au Maroc et en Tunisie.
Certes, à quelques occasions nous avons frôlé le désastre tel, les missiles de Cuba en 1962. Mais, nous pouvons considérer que jusqu’au 9 novembre 1989, cet autre moment fort du XX siècle, il ne s’est rien passé de fondamentalement angoissant pour l’ensemble de l’humanité.

Rappelons que cette journée réfère à la chute du mur de Berlin, le Kremlin n’a pas bronché. Ouf! Merci, merci monsieur Mikhaïl Gorbatchev.
En fait, ces deux grands évènements ont eu sur nos esprits un impact majeur, et nous sommes certainement très nombreux qui, dans ces instants historiques, avons cru qu’il nous serait réellement possible de vivre pacifiquement.
L’espoir sait si bien fleurir en nous. Nous sommes des optimistes indécrottables, mais si merveilleux.
Finis les guerres «chaudes», fini la guerre froide.

Erreur, très grossière erreur. L’innocence et l’aveuglement sont intrinsèquement incrustés dans nos gènes.
Les germes de la dégradation de nos civilisations ont commencé à poindre dès la fin de la guerre.
La première erreur des Occidentaux est liée aux modalités de la création par l’ONU de l’État d’Israël en 1947 (résolution181) sans qu’il soit accordé à la Palestine quelque soutien que ce soit.
Cela fait maintenant 68 ans que ces deux peuples frères additionnent les morts dans leurs cimetières respectifs et intoxiquent toutes les relations internationales.
En voyez-vous la fin ?

La seconde erreur, la chute du mur de Berlin, est tout aussi magistrale et sa portée en est encore totalement inconnue.
Nous avons juste oublié de poser des balises aux vrais détenteurs du pouvoir, les maîtres du capitalisme libéral.
Adieu la philosophie des Lumières.
Le chacun pour soi est de rigueur. L’espoir de la richesse pour tous fait insidieusement son chemin en nous.
Le néocapitalisme, cette idéologie quasi religieuse, à enfin pu prendre son envol.
Fini la solidarité humaine.
Un nouveau monothéisme éclaire l’infinie. Le dieu money impose son Nouveau Testament. Les bourses sont ses églises et sa foi, pour le marché, est sans pitié. C’est le profit ou la mort.

Avec lui nous sommes entrés dans une nouvelle ère, celle de l’individualisme extrême.
C’est la naissance de la quête d’extrêmes.
Place à tous les extrémismes, cela va de l’extrême indifférence à extrême passion pour s’achever par l’extrême sacrifice.
L’extrême mondialisation a ouvert la porte aux plus intolérables injustices jamais vues sur la planète. Exploitation des travailleurs dans les pays tiers mais du chômage dans les pays occidentaux.
C’est une spéculation financière sans pudeur, les fameux produits financiers dérivés les « hedge funds et autres subprimes».
Et puis, n’oublions pas sur un autre front, la désertification, le défrichement, la fonte des glaces et la disparition des glaciers, le réchauffement climatique. C’est la destruction de la planète.
Comme je n’écris pas une thèse de doctorat, je vous laisse le soin de compléter le dessin.
Attention à votre esquisse, surtout point de caricature!
Bon, revenons-en à l’espoir.
Qu’en est-il de vos espérances, de votre vision de l’avenir? Qu’en est-il de votre plaisir de vivre?
Qu’en est-il pour vous, pour votre famille, pour vos enfants, pour vos voisins?
Que pensent ces réfugiés d’Irak, de Libye, de Syrie, qui viennent se noyer sur les rivages méditerranéens?
Eux aussi espèrent à une paix réelle, à élever leurs enfants, à vivre simplement, normalement.
Et qu’espèrent ces étrangers de chez nous, étrangers depuis deux, trois ou même quatre générations, oui ceux que nous côtoyons au quotidien, bien souvent sans les voir réellement, quels liens entretiennent-ils eux aussi avec l’espoir.
Qu’est devenu l’esprit de paix, de solidarité qui nous a animés à la fin de la guerre 39-45?
Qu’est devenu l’esprit de créativité du 9 novembre 1989?

Nous assistons à une détérioration de nos comportements personnels.
C’est un décrochage généralisé, non seulement scolaire, mais également social.
Drogues, petit banditisme, magouille, multiplication des sans-domiciles.

Une détérioration sociétale évidente.
Coups d’État. Dictatures. Élections truquées, Mensonges politiciens et reniement de promesses. Collusions mafieuses. Guerres sectaires et terrorismes planétaires.
Et puis, ce 1% extrêmement riche de la population mondiale qui détient 50% de la richesse d’une terre peuplée, ce matin, de 7.273.836.988 personnes.
Un pour cent c’est, à peu près, la population de la France.
Extrême équité peut-être?
De tous bords fleurissent des cris de détresse de la part des solitaires du 99% de terriens.
Entre les Anonymous et les Occupy Wall Street, nous les sans pouvoirs poussons de hauts cris d’indignation.
J’en suis, j’ai crié, hurlé avec mon manifeste pour une révolution autour de l’argent (3 mars 2013 Vigile.net).
Et après, et après !
Le seul espoir qui nous reste, est-ce celui des lotos?

Pendant ce temps, sur tous les continents s’effectue un regroupement inquiétant, de plus en plus inquiétant.
En réponse au désarroi généralise provoqué par notre propre impuissance face au capitalisme arrogant et conquérant qui, inexorablement s’insère dans toutes les sphères de notre vie, des tyrans barbares récupèrent à leurs fins l’Islam. L’Islam qui n’est qu’un de ces opiums des peuples (dixit K. Marx ; "La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans cœur, comme elle est l'esprit des conditions sociales d'où l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple." Karl Marx et Friedrich Engels).
Oui, ces dominateurs se sont approprié les messages spirituels d’une des trois grandes religions monothéistes et ils offrent à ceux qui les rejoindront un espoir concret.
Un espoir qu’ils entendent bien réaliser.
Pensez-y, ils proposent la création de califats dans tous les pays qu’ils domineront.
L’extrême bonheur sur terre, des pays à eux!
Un bonheur de vivre sur terre avec, en prime, une charria, des femmes voilées partout, des femmes qu'il ne sera pas nécessaire d'envoyer à l’école. Fini les féministes, elles vont enfin obéir aux hommes.
En attendant, pour conquérir ces califats, il faut combattre, alors nos joyeux djihadistes civilisés, éduqués, cultivés, tuent hommes, femmes et enfants et nous présentent leurs décapitations en spectacle sur You Tube.
Et puis, n’oublions pas que leurs combattants qui font sacrifice suprême de leur vie terrestre auront droit, dans un haut-delà paradisiaque, à leurs quarante vierges. Ils seront des martyrs.
N’oublions surtout pas que ces fabuleux projets représentent l’espoir pour tous ces désespérés qui rejoignent les rangs du djihad.

Je vous le répète, ils vont imposer sur notre planète le bonheur extrême. Alors que nous, dans nos pays démocratiques et libres, nous ne savons plus vivre les plaisirs simples de la vie

Conclusion.
La tuerie de Charlie-Hebdo n’est probablement pas la dernière action terroriste des djihadistes. Ils n’auront de cesse que le jour ou ils auront assujettie et converties ou exterminé les Roumis impurs que nous sommes.
Tous les pays qui se reconnaissent comme civilisés doivent obligatoirement faire front contre la barbarie.
Finissons-en avec nos langages alambiqués tels les « nous condamnons énergiquement… Nous exprimons notre plus profonde indignation !!! de telles actions sont ignoble et intolérables nous les condamnons. Bla. Bla. Bla.
Action s’il vous plaît! Il y a urgence!

Le premier acte devrait être posé par l’ONU.
Il faut créer, sans délai, une force internationale pour éradiquer de la surface de la Terre tous ces pseudo musulmans barbares.
Tous les pays, sans exception, doivent être représentés militairement dans cette force d’exception.
Les pays qui ne voudraient pas s’impliquer dans cette union démocratique devraient être expulsés de l’ONU et de toutes ses instances (FMI, UNESCO, etc.).
Les pays participants à cette force internationale s’engageraient à couper obligatoirement toutes leurs relations diplomatiques et économiques avec les pays récalcitrants.
Chaque pays s’engagerait à identifier et à condamner les djihadistes vivant sur leur territoire.
Tous les djihadistes condamnés seraient obligatoirement inscrits sur une liste internationale et ils ne pourraient pas sortir de leurs pays de résidence.
Ces mesures seraient en vigueur tant que le risque du djihad ne serait pas levé.
Oui, c’est drastique. Mais devant la barbarie, c’est impératif!
Après, il nous restera à nous unir pour contrer les actions de ces inqualifiables 1 %, ou plutôt si, « ces intégristes de la finance » qui, à leur manière, détruisent la vie.

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Jean-Pierre Pfisterer32 articles

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Un néo-québécois, souverainement québécois

Retraité, membre démissionnaire de l’exécutif de Vanier.





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2 commentaires

  • Dominique Frappier Répondre

    28 janvier 2015

    http://r9.webtuyau.com/?page_id=3617
    Rien d'autre à dire...

  • Archives de Vigile Répondre

    27 janvier 2015

    Monsieur Pfisterer,
    Je vous remercie pour cet article très intéressant qui touche plusieurs facettes entourant le terrorisme. Je constate que vous avez de bonnes intentions en proposant la création d'une force internationale pour «éradiquer de la surface de la Terre tous ces pseudo musulmans barbares» qui menacent la paix mondiale.
    Cependant, afin de pouvoir couper les racines du mal, un sérieux examen de conscience s'impose. Nous constaterions alors que pour atteindre cet objectif, nous serions bien obligés de faire notre mea clupa et de demander pardon à ceux que nous avons offensés avec nos bombes démocratiques. Oui, nous devrons faire un acte de contrition parfaite et avoir la ferme intention de ne plus jamais recommencer. Je pense ici aux bombes que la France et ses alliés laissent toujours tomber sur la tête des musulmans qui résistent à l'impérialisme, à l'envahissement, et à l'occupation militaire.
    L'étape suivante est aussi cruciale et impérative. Nous devrons cesser le financement, l'endoctrinement, la formation, et l'armement de dizaines de milliers de terroristes au service des États militairement dominateurs de l'Occident et de leurs alliés. Les racines du mal seraient enfin coupées. Alors, la paix serait possible pour tous les hommes de bonne volonté dont vous faites partie.
    Entretemps, réfléchissons et demandons-nous qui menace vraiment la paix mondiale. Est-ce que ce sont ceux qui bombardent massivement la démocratie et la soi-disant liberté d'expression, ou ceux qui réagissent à ces bombardements démocratiques avec les moyens à leur disposition? Invitons tous les «Charlie» à se joindre à nous pour réfléchir calmement et rationnellement à cette question.
    Monsieur Pfisterer, permettez-moi d'ajouter que l'enfer est pavé de bonnes intentions.