Le plan de restructuration des papiers commerciaux adossés à des actifs (PCAA) est menacé de déraillement. Le gouvernement fédéral est exhorté à participer à l'opération de sauvetage en apportant la garantie additionnelle demandée. Mais vu le poids des institutions québécoises dans ce portefeuille de 32 milliards à risque, la collaboration de Québec serait exigée.
Les tractations se poursuivaient hier autour du plan de sauvetage des PCAA. Menacés dans leur restructuration par la détérioration rapide des conditions sur le marché du crédit, leur transformation repose désormais sur une intervention du gouvernement fédéral.
Selon le scénario évoqué hier de sources dignes de foi mais ayant requis l'anonymat, afin d'éviter une liquidation pure et simple des 32 milliards impliqués, dont l'effet sur les bilans des détenteurs impliqués serait déstabilisant, Ottawa examinerait la possibilité d'apporter, dans un premier temps, la garantie ou la coassurance additionnelle nécessaire, évaluée à une somme de 5 et 10 milliards. Puis, dans un deuxième temps, la Banque du Canada pourrait être appelée à élargir ses titres admissibles aux opérations de prise en pension pour les étendre aux PCAA ainsi galvanisés de la garantie fédérale. D'autant que le cas échéant, la banque centrale devra gérer les conséquences de l'effondrement des PCAA sur le système financier et les caisses de retraite.
Or, puisque Québec a beaucoup plus à perdre de l'éclatement de cet accord dit de Montréal qu'on ne parvient à conclure, le gouvernement québécois serait également appelé à s'engager et à absorber une partie du risque, soulignait-on hier, à gros traits. On pense à la Caisse de dépôt, qui en détient pour 12,6 milliards. Le vérificateur général rappelait également que l'État québécois avait englouti près de 2 milliards dans l'aventure des PCAA en date du 31 mars 2008. Il soulignait en novembre dernier que 13 milliards de dollars de PCAA se retrouvaient entre les mains d'entités gouvernementales et des régimes de retraite qui dépendent du gouvernement.
À Ottawa, le régime de retraite des fonctionnaires fédéraux est également au bâton, à une plus petite échelle, l'Office d'investissement des régimes de pension du secteur public fédéral (PSP) en ayant pour 1,9 milliard. Mais d'autres entités relevant du gouvernement fédéral, dont Nav Canada et la SCHL, y sont exposées.
«La détérioration des conditions du marché du crédit est telle que de nouvelles garanties doivent être apportées et que les institutions financières en présence hésitent à s'engager davantage. Elles en sont au point où elles se demandent si tout le monde doit couler ensemble», a résumé un observateur proche des négociations. «Par ailleurs, les grandes banques internationales signataires ou solidaires de l'Accord de Montréal, elles-même en restructuration ou aux prises avec leurs propres difficultés, seraient tentées de laisser les Canadiens se débrouiller avec leur PCAA.»
La radiation de la valeur des PCAA atteignait les 15 % à la Caisse dépôt au 31 décembre 2007. La Banque Nationale et le Mouvement Desjardins ont, depuis, fait passer ce taux à 30 %. Or, selon une récente évaluation, ces titres ne vaudraient plus qu'entre 15 et 40 % de leur cours initial, selon leur catégorie, soit une valeur moyenne pondérée de 30 %. Cette dévaluation sur papier de 70 % explique l'appel à une garantie additionnelle.
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Québec n'interviendra pas dans le plan du PCAA
12 décembre 2008
Monique Jérôme-Forget, ministre des Finances.
Presse Canadienne - Le gouvernement du Québec n'a pas l'intention d'intervenir dans le plan de sauvetage des 32 G$ de papier commercial adossé à des actifs (PCAA), a indiqué vendredi une porte-parole de la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget.
Le gouvernement fédéral est mieux placé que Québec pour soutenir le plan, a déclaré Catherine Poulin au cours d'un entretien téléphonique.
Le comité chargé de la restructuration des placements viciés, présidé par l'avocat torontois Purdy Crawford, demande au gouvernement fédéral de s'engager à effectuer des prêts d'urgence totalisant près de 10 G$ en cas de nouvelles détériorations du marché du crédit.
Des rumeurs ont voulu qu'on fasse également appel aux gouvernements provinciaux, plus particulièrement celui du Québec, puisque la plupart des détenteurs de PCAA s'y trouvent.
Or justement, comme la Caisse de dépôt et placement du Québec, le Mouvement Desjardins et la Banque Nationale possèdent près des deux tiers de tout le PCAA contaminé, «on pense qu'il n'est pas souhaitable que l'Etat québécois assume des risques additionnels», a affirmé Mme Poulin.
Par ailleurs, les avocats des petits détenteurs de PCAA ont demandé vendredi à rencontrer le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty.
Ils veulent le presser d'imposer des conditions à un éventuel plan d'aide gouvernemental, plus particulièrement l'obligation de rembourser sans délai les sommes que possèdent les petits investisseurs sous forme de PCAA.
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