Philippe Couillard, fossoyeur de l'âme libérale...

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La petite caste des médias hésite à porter le coup de grâce à Couillard

Un tir-ami? Du moins cette critique de l’instrumentalisation politique des « questions identitaires » faite par un employé libéral frappe en plein là où ça fait le plus mal.


Daniel Nadeau est l’ex-directeur des communications de Jean Charest dans la circonscription de Sherbrooke, quelqu’un qui compte des états de service auprès de députés et ministres, et ce bien avant l’ère Charest.


Et il y a quelques jours, dans un journal local de l’Estrie, il a publié une charge virulente contre son (ancien?) parti. Contre Philippe Couillard surtout que Nadeau accusera d’être le « fossoyeur de l’âme libérale ». Rien de moins.


Un réquisitoire impitoyable qui, dans les faits, frappe plus durement que les critiques des partis d’opposition. Sur les questions identitaires notamment, le marasme actuel étant la seule responsabilité du gouvernement Charest-Couillard :


« En tout respect d'une certaine objectivité des choses, le gouvernement libéral de Philippe Couillard est aux affaires depuis quinze ans. Il y a eu bien sûr le moment Marois qui a duré à peine le temps des roses. On peut donc attribuer aux libéraux la responsabilité du magma identitaire actuel. Depuis la « crise des accommodements raisonnables » et le dépôt du rapport de la commission Bouchard-Taylor, les libéraux n'ont rien fait qui vaillent sur cet irritant que représente le port des signes religieux dans l'espace public québécois. »


En ça, Daniel Nadeau rappelle avec justesse que le Parti libéral du Québec a eu tout le temps nécessaire d’agir en matière de laïcité. Souvenons-nous que diverses occasions se sont présentées depuis l’élection de Philippe Couillard notamment. On pense bien sûr au consensus qui se dégageait suite à l’attentat insensé de la mosquée de Québec.


Mais il n’y a pas que ça. N’oublions pas la contribution intéressante de la députée libérale Fatima Houda-Pepin et son projet de loi N° 491 sur la Neutralité religieuse qui s’inspirait beaucoup de la proposition de Bouchard-Taylor. En février 2014, quand elle déposera son projet de loi, la députée sera cinglante envers son chef :


« Je n'ai jamais pensé que je pourrais être traitée de la sorte au Parti libéral du Québec », a déclaré Mme Houda-Pepin, avant de peindre un portrait bien peu flatteur de son ancien chef Philippe Couillard.


Mme Houda-Pepin affirme qu'elle a eu plusieurs échanges avec M. Couillard au sujet du débat, puis qu'elle s'est rendu compte qu'il lui avait menti.


« Le problème avec M. Couillard, c'est qu'il vous dit blanc aujourd'hui, puis il vous dit noir demain, et pour lui, c'est normal. Alors vous êtes comme désorienté. »


Revenons au texte de Daniel Nadeau qui, à peu de choses près, en arrive au même constat que l’ex-députée de La Pinière :


« Philippe Couillard n'a rien fait pour calmer le jeu. Il a plutôt en toute lucidité nourri le feu des intolérances et de l'incompréhension en soufflant sur les braises d'un nationalisme en recherche de victoires morales en dépit de ses échecs retentissants dans sa forme « nous voulons un pays ».


Ce faisant, Philippe Couillard et son gouvernement a rompu avec l'âme libérale qui souhaitait bien entendu un avenir pour le Québec dans une fédération canadienne renouvelée, mais il, a aussi multiplié les gestes démontrant sa volonté d'être plus fédéraliste et plus multiculturel que Justin Trudeau. Philippe Couillard est le premier de nos premiers ministres à faire du Québec une « province postnationale comme les autres ». Effaçons nos coutumes, notre langue et notre culture, soyons plus anglais que les Anglais et surtout pourfendons les faux Québécois qui défendent une nation québécoise française en Amérique du Nord. Monsieur Couillard, vous êtes un vrai fossoyeur de l'âme libérale et de la nation québécoise. »


On doit bien l’admettre, ce texte condamne vigoureusement la gouvernance de Philippe Couillard à un moment charnière où le chef libéral est fragilisé par les nombreux départs – nous en sommes presque à une quinzaine d’élu(e)s qui préfèrent quitter un navire aux relents de fin de régime.


Après trois « démissions » au PQ en début d’année, certains chroniqueurs politiques n’hésitaient pas à remettre en question le leadership de Jean-François Lisée. Combien de « démissions » au Parti libéral cela prendra-t-il pour ces mêmes chroniqueurs attaquent le leadership de Philippe Couillard?


On ne peut exclure que des députés pensent un peu comme Daniel Nadeau. Un de ces députés libéraux qui ne se représente pas, Michel Matte du comté de Portneuf, a critiqué la position de son parti sur la laïcité et n’a pas caché que les débats sur ces questions étaient difficiles au sein du caucus libéral.


J’ai bien l’impression que l’on dépassera la quinzaine de « démissions » au PLQ avant longtemps. Reste à savoir jusqu’où s’étendra la complaisance de cette petite caste média qui hésite toujours à porter le coup de grâce à un chef libéral. Les mêmes qui auraient swingé le batte à deux mains si le même genre de texte avait été écrit par un ex-employé du PQ aux mêmes états de service que Daniel Nadeau.


Croyez-moi, ce texte aurait vite été repris...