Appels frauduleux

«Pierre Poutine» démasqué?

Robocall - élection fédérale du 2 mai 2011 volée


Marie Vastel - Le député libéral Frank Valeriote a reconnu que son équipe avait elle aussi effectué des appels robotisés avant le scrutin du 2 mai.
Ottawa — L'étau se resserre sur «Pierre Poutine», et un suspect dans l'affaire des appels frauduleux menés à Guelph en marge du dernier scrutin pourrait s'être manifesté hier auprès d'Élections Canada, mais le public devra peut-être patienter jusqu'à ce que l'enquête soit conclue pour en savoir plus. En attendant, peu de réponses ont été livrées aux Communes quant aux autres appels robotisés effectués ailleurs au pays. Raison de plus selon l'opposition pour réclamer de nouveau une enquête publique.
Au fil de son enquête, Élections Canada a découvert que des appels avaient été commandés dans Guelph auprès de la compagnie RackNine, proche du Parti conservateur. Ces enregistrements informaient erronément les électeurs que leur bureau de scrutin avait été déplacé. Élections Canada a déterminé que RackNine avait été contacté par l'entremise d'un téléphone cellulaire prépayé acheté par «Pierre Poutine» de Joliette, avec une carte de crédit prépayée. Le compte chez RackNine a été ouvert avec un autre nom, «Pierre Jones». Mais malgré ces précautions, le président de RackNine, Matt Meier, serait parvenu à déjouer celui qui se faisait passer pour ces «Pierre» en identifiant une adresse IP assignée à une maison individuelle. Ces informations auraient maintenant convaincu un suspect de sortir de l'ombre hier pour collaborer avec Élections Canada, selon Postmedia News. Or, une porte-parole de l'agence fédérale a refusé de le confirmer, arguant qu'il faudrait probablement attendre que l'enquête soit achevée puisque Élections Canada ne commente pas ses enquêtes en cours. De plus, si des accusations devaient être portées, ce ne serait pas immédiatement.
Du côté des Communes, munis de nouvelles révélations du camp libéral, les conservateurs ont une fois de plus rejeté toute responsabilité et évité de répondre à une seule question sur cette affaire. «Ce sont des appels sales, illégales [sic] et libérales [sic]», a martelé Pierre Poilievre.
Enquête réclamée
Le député libéral de Guelph, Frank Valeriote, a reconnu samedi que son équipe avait elle aussi effectué des appels robotisés, quelques jours avant le scrutin du 2 mai. Au bout du fil, une femme — qui se présentait sous un faux nom — dénonçait le fait que le candidat conservateur, Marty Burke, soit opposé à l'avortement. «Votez de façon stratégique lundi [2 mai] pour protéger vos droits durement acquis des conservateurs et des positions extrêmes de Marty.» Le problème, c'est que le message ne précisait pas qu'il était enregistré par la campagne libérale. Une entorse à la Loi électorale, ont scandé les conservateurs, puisque la loi exige que ceux qui commandent une publicité indiquent qu'elle est autorisée par l'agent du candidat ou du parti.
M. Valeriote a rétorqué qu'il ne s'agissait pas d'une «publicité», et qu'Élections Canada n'avait pas jugé ces appels illégaux. Les libéraux ont par la suite indiqué qu'Élections Canada avait précisé au printemps dernier que la publicité interdite le jour de l'élection excluait les «messages, en personne ou automatisés, envoyés à une adresse de courriel ou à un numéro de téléphone précis». Cette même logique s'appliquerait donc, selon eux, pour distinguer une publicité d'autres appels automatisés menés quelques jours plus tôt.
«Mais ne perdons pas de vue un enjeu beaucoup plus sérieux; des gens se présentant faussement comme Élections Canada et vous envoyant voter au mauvais endroit, intervenant délibérément avec votre capacité de voter», a noté le néodémocrate Charlie Angus.
Les partis d'opposition ont réitéré qu'il fallait une enquête publique, munie d'un mandat plus large et de davantage de pouvoirs pour forcer les témoignages.
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Des plaintes non détaillées
La majorité des 31 000 signalements reçus par Élections Canada en marge de son enquête sur les appels robotisés frauduleux était des lettres types ou des formulaires automatisés, a précisé l'agence fédérale au Globe and Mail hier. Ce genre de missives prérédigées - souvent mises à la disposition des électeurs par des groupes de pression qui les invitent à les signer et à les envoyer - ne détaillent pas des plaintes précises, mais se contentent de souligner une inquiétude d'ordre général.


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