Madame Boileau,
Il y a une dizaine d'années, alors que j'étais secrétaire d'un comité de travail sur le baccalauréat en enseignement préscolaire et élémentaire, les professeurs d'université qui participaient à ce comité étaient unanimes à dire que ce n'était pas tant l'investissement en éducation que la répartition de l'enveloppe budgétaire qui posait problème au Québec.
De mémoire, l'exemple le plus éloquent était la situation en Finlande. Pour un budget équivalent, un même nombre d'étudiants et d'employés dans l'ensemble du réseau, les professeurs plus nombreux avaient un nombre beaucoup moins élevé d'élèves par classe ainsi que des taux de passage plus élevés et de décrochage moins élevés. En Finlande, à cette époque, il y avait 500 fonctionnaires qui laissaient travailler les professeurs; au Québec, il y en avait alors 5000 qui inventaient des réformes qui empêchaient les enseignants de faire leur travail depuis 30 ans.
En abolissant par attrition 4500 postes de fonctionnaire, en créant 4500 nouveaux postes de professeur et de spécialiste, on n'aurait pas besoin d'aller chercher du nouvel argent et on réglerait le principal problème en éducation: le taux d'encadrement par classe.
Cette solution, tout le monde la connaît, mais personne ne l'applique parce qu'elle signifie que la région de Québec perdrait 4500 fonctionnaires. Voilà une bonne suggestion pour la ministre Monique Jérôme-Forget, qui cherche des compressions utiles. Parions qu'elle n'osera pas!
Autre possibilité
Je suis toujours surpris de lire que la première solution au problème du sous-financement des universités est l'augmentation des frais de scolarité alors que la démonstration du sous-financement n'a pas vraiment été faite.
Le problème du financement des universités au Québec découle en partie de la faible tâche d'enseignement des professeurs, du nombre trop élevé de dégrèvements et de la tâche de recherche qui n'est pas toujours utilisée pour faire de la vraie recherche.
Si les professeurs d'université étaient plus efficaces en enseignement, si on limitait les dégrèvements administratifs et s'il y avait moins de professeurs en situation de double emploi, les universités pourraient libérer des sommes plus importantes pour le volet recherche.
D'ailleurs, vous devez le savoir, ce ne sont pas les universités qui financent la recherche, mais les organismes subventionnaires. L'argent de la recherche dans les budgets récurrents des universités ne sert pas toujours à la recherche.
Il est temps de revoir la répartition de la tâche des enseignants universitaires et les modes de subventions à la recherche. Je vous invite à aller voir ce qui se fait à la faculté de médecine de l'Université de Sherbrooke en matière de gestion de tâche, cela vous donnera une bonne idée de ce qui pourrait être fait partout au Québec.
Si notre ex-ministre de l'Éducation avait tiré profit de ce qui se faisait dans sa propre université, il serait probablement encore en poste aujourd'hui. Avant de réinvestir, il faut peut-être réfléchir à la façon d'investir convenablement.
Pour mieux investir- Deux solutions pour l’éducation
Le Devoir, (opinion)
Chronique de Louis Lapointe
Louis Lapointe534 articles
L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fon...
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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.
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