Pour une critique des médias (du moins, lorsqu'on touche la question identitaire)

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Il n'y a pas de nation sans identité

Il m'arrive de penser, dans mes mauvais jours, que le système médiatique est une machine à déformer la réalité qu'elle prétend représenter, à tout le moins lorsqu'on touche aux questions relevant de l'idéologie diversitaire.


Je m'explique brièvement avec deux observations liées à l'actualité politique des dernières années et une liée à la présente campagne.


Première observation: rien n'est plus faux que de soutenir que la Charte des valeurs a fait perdre le PQ en 2014. Au contraire, c'est grâce à elle que le PQ a connu sa plus importante remontée dans les sondages des dernières années. C'est qu'une majorité de la population la soutenait et s'y reconnaissait. En fait, c'est plutôt le surgissement inattendu de l'indépendance (et ensuite l'incapacité misérable à l'assumer) qui a coulé la campagne. D'ailleurs, la Charte avait été laissé de côté pendant la campagne par le PQ. Mais on aura compris que la mouvance multiculturaliste a tout intérêt à faire croire que la Charte a handicapé le PQ: elle fait tout ce qu'elle peut pour disqualifier la thématique identitaire qu'elle juge moralement abjecte et qu'elle devine politiquement mobilisatrice. Cette perspective est aussi médiatiquement dominante. Et c'est ainsi que depuis quatre ans, dans les médias, on nous parle du triste-épisode-de-la-charte-des-valeurs.


Deuxième observation, en lien avec la première: j'en entends plusieurs, qui conjuguent souvent candeur et inculture, expliquer que la Charte des valeurs a éloigné les communautés culturelles du camp souverainiste. C'est même devenu un thème répétitif du discours public. Mais c'est faux. Car pour les éloigner, il aurait d'abord fallu qu'elles soient proches des souverainistes, ce qui n'était pas le cas, pour le dire d'un euphémisme. Le vote en bloc des communautés culturelles pour les partis fédéralistes ne date pas d'hier. À moins que je ne me trompe, il n'y avait aucune Charte des valeurs en 1995. Cela n'a pas empêché les communautés issues de l'immigration, alors, de voter massivement pour le Non. En d'autres mots, dire que la Charte a marqué une rupture entre les communautés issues de l'immigration et les souverainistes, c'est se tromper, au mieux, et désinformer, au pire.


Troisième et dernière observation, en lien avec la présente campagne: en ce moment, la machine à déformer la réalité et ses haut-parleurs veut nous faire croire que si la CAQ chute dans les sondages, c’est parce qu’elle a adopté une ligne critique à l’endroit de l’immigration massive. Mais c’est bien évidemment faux. Les Québécois francophones, globalement, souhaitent une réduction significative de l’immigration massive et s’opposent clairement au multiculturalisme et à l’idéologie des accommodements raisonnables. Si la CAQ plonge en ce moment, ce n’est pas parce qu'elle a envoyé des signaux en ce sens, mais parce qu’elle se rend coupable d’un terrible amateurisme politique quui se conjugue au caractère bancal de sa proposition centrale, soit le test des valeurs. Mais bien évidemment, la mouvance multiculturaliste cherche à faire passer l’échec d’une campagne pour le désaveu fondamental d’une thématique. Et le discours médiatique dominant, encore une fois, pousse à la disqualification de la question identitaire.


On en revient à une chose essentielle: la vie démocratique aujourd’hui exige une critique presque permanente du système médiatique, qui déforme la signification des événements que nous vivons et nous installe mentalement dans un monde parallèle, défini par les codes du politiquement correct.



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