Pourquoi Diane Lemieux a perdu

et pourquoi ce n'est qu'un début

Montréal - le choc

Ainsi donc, Gérald Tremblay a été reconduit à la mairie de Montréal et pourra compter sur une forte majorité d'élus de son parti au Conseil municipal. Comment une administration minée par un nombre sans précédent de scandales et d'enquêtes policières est-elle parvenu à un tel tour de force? D'aucuns ont fait un lien entre certaines concentrations d'électeurs non-francophones et les lieux de succès d'Union Montréal. On a aussi pointé du doigt la rancoeur des villes fusionnées à l'endroit de Louise Harel, perçue comme la mère des fusions.
Effectivement, aucun des districts du Montréal pré-fusions remportés par Union Montréal ne comporte plus de 70% de francophones. Candidate dans le district d'Ahuntsic, Diane Lemieux avait certes plusieurs atouts pour plaire à cet électorat à 74% francophone. Mais sa grande notoriété, ses antécédents de ministre péquiste et son succès à titre de leader de l'Oppositon, bref, ce qui lui a valu son surnom de "lionne de Bourget" n'aura pas suffisamment compensé pour son appartenance à Union Montréal. Pourquoi n'a-t-elle pas été élue? Tout simplement parce qu'elle a eu la témérité de se présenter dans un district "trop" francophone. On se retrouve devant un cas classique qui n'est pas sans rappeler, par exemple, les députés francophones du Parti Libéral du Canada qui se targuent de représenter le Québec français même s'ils ne parviennent généralement à se faire élire que là où ces fameux francophones sont le moins nombreux.
On savait déjà que pour nos concitoyens montréalais anglophones, tous les scrutins, y compris les élections municipales, sont des référendums sur la souveraineté. On constate aussi qu'il en est de même pour bon nombre des Montréalais allophones. Ainsi, les scandales ont affecté le vote francophone d'Union Montréal et, dans une bien moindre mesure, de Vision Montréal. Mais chez les non-francophones, cette gangrène de corruption, de collusion et de financement douteux n'a pas fait le poids vis-à-vis l'effet repoussoir exercé par le "séparatisme" de Louise Harel. La division des francophones au côté du monolithisme des non-francophones n'est pas une nouveauté. Mais jamais son effet sur une élection municipale montréalaise n'avait été aussi évident.
Que faut-il en conclure? Lors du dévoilement récent des résultats du recensement 2006 révélant que la population parlant français à la maison était maintenant minoritaire dans la métropole, plusieurs ont claironné que tout cela était bénin, qu'il était normal que la population immigrante grandissante parle une multitude de langues autres à la maison et que le critère de la connaissance du français était plus significatif. On a aussi opposé aux présumés "alarmistes" que les banlieusards francophones qui viennent travailler tous les jours à Montréal faisaient partie du paysage linguistique de la ville. Ces âmes bien-pensantes avaient tout faux. Le triste constat à tirer du 1er novembre, c'est que, même dans le contexte extrême d'une ville de Montréal livrée aux pires magouilleurs, si les anglophones votent très différemment des francophones, si les allophones votent comme des anglophones et si les francophones sont minoritaires, alors ces derniers sont condamnés à toujours perdre. Voilà de quoi ébranler quiconque n'est pas aveuglé par son fédéralisme inconditionnel.
Christian Gagnon

Montréal

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CHRISTIAN GAGNON, ing.
_ L’auteur a été président régional du Parti Québécois de Montréal-Centre d’octobre 2002 à décembre 2005





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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    10 avril 2013

    Le pôle d'attraction n'est plus à Montréal mais
    à Québec. Vous vous êtes faites avoir avec votre
    "multiculturalisme" à marde.
    S'est la campagne et leurs habitants (CH) qui vont vous
    sauver bande de caves.
    Je salue en passant le monde du plateau, les "Bobos"
    Michel (Mike)

  • Archives de Vigile Répondre

    7 novembre 2009

    Diane Lemieux a perdu parce que Émilie Thuillier a gagné.
    Émilie Thuillier n'a pas eu la machine péquiste pour la soutenir.
    Elle a gagné parce qu'elle est une femme forte de caractère et de conviction et elle est intègre.
    Vous auriez intérêt à la regarder et à la respecter.
    Je suis content pour les gens d'Ahuntsic. La famille libérale ne prend plus prise. Et Union Montréal, c'est d'abord la famille libérale.
    Quoique souverainiste, j'appuie Projet Montréal. Dans la sphère municipale, le débat fédéraliste/souverainiste ne devrait pas avoir lieu.
    Louise Harel gagne sur la Ligne Verte. Bergeron, sur la ligne Orange.
    Maintenant, il faut penser à la correspondance.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 novembre 2009

    Sans le patriotisme et avec l’abandon de l’identité nationale, le réductionnisme de ces deux conditions essentielles pour accéder à l’indépendance politique du Québec sera incontournable.
    Espérons qu’en rappelant une autre fois ce que suit, cela servira à enrayer l’indolence manifeste de ceux qui croient au bienfait du multiculturalisme au Québec.
    La perversité de réduire les Canadiens français à l’état de québécité
    Le mimétisme politique est la cause principale pour lequel le terme Canadien français a été de plus en plus renié par l’intelligentsia canadienne-française depuis la montée du nationalisme au cours de la Révolution tranquille des années 1960. Ce changement reflète la perversité de ce mimétisme en raison du manque de perspective projetée dans un futur de mondialisation, de multiculturalisme, de conflits interethniques et d’expansionnisme démographique contraires aux rapports et à la profondeur des liens sociaux, politiques et culturels que les Canadiens français auraient à subir dans ce contexte de dualisme multiethnique et multinationaliste au Québec dû à une politique d’immigration non concordante aux intérêts nationaux. À partir de cette réalité, il est évident que le terme Québécois, qui désigne également tous les résidents du Québec sans distinction d’ethnicité face à ce dualisme évoqué antérieurement, ne peut être qu’une contradiction outrancièrement indigne. De cela se dégage que l’utilisation de ce terme en tant que signifiant ethnique pour désigner les Canadiens français depuis la Révolution tranquille a rendu sa signification, non seulement ambigüe, mais réductionniste, laquelle continuera à jouer dans les dossiers politiques. Le multiculturalisme qui, de plus en plus, fait provoquer le phénomène du multinationalisme au Québec est précisément la stratégie encouragée par les politiques d’immigration d’Ottawa, résultant la preuve évidente qu’au Québec la dilution conduisant au réductionnisme est l’extraction de ce signifiant ethnique des Canadiens français à un même niveau d’identité que les autres 178 groupes ethniques qui composent, à 90%, la mouvance pro-fédéraliste au Québec. C’est-à-dire, une mouvance encouragée par les mêmes qui promouvaient la QUÉBÉCITÉ au détriment des vraies valeurs nationales, telles le Patriotisme et la Dignité d’appartenance comme entité distincte, valeurs qui sont incontournables si l’on veut réussir à faire du Québec un pays comptant dans le concert des nations du monde*.
    JLP
    _______________________________________________
    *. Extrait de l’article PATRIOTISME et DIGNITÉ contre RÉDUCTIONNISME

  • Marcel Haché Répondre

    7 novembre 2009

    Si vous avez été attentif à la campagne de Louise Harel, vous croyez que son ton était le ton approprié pour rallier tous les francos ? Suffisant, le ton, pour racler tout ce qui pouvait l’être ?
    J’aime Louise Harel, mais, quant à moi, c’était là le dernier tour de piste d’un certain péquisme, toujours prêt à croire aux contes de fées.
    La vérité est que toute cette élection n’ébranlera pas le moins du monde une petite frange de « québécois et de québécoises » dressés contre le Québec. Au contraire, cela les encouragera. Ils se croient déjà légitimes.
    C’est plutôt quelques certitudes péquistes qui se sont écroulées avec l’élection de Tremblay.
    Et la « lionne », dont vous parlez, a révélé une fois de plus son manque de flair ainsi que sa nature véritable, simplement celle des apparatchiks.
    Le P.Q. est un très grand pourvoyeur d’apparatchiks. Inutile de chercher plus loin la raison pour laquelle la souveraineté ainsi que l’indépendance stagnent dans l’opinion publique.
    Il y aurait un navire amiral ? Le P.Q. y prétend ?
    Ferait bien d’ajuster son cap…

  • Gilles Bousquet Répondre

    7 novembre 2009

    Vous concluez par : «Les francophones montréalais sont condamnés à toujours perdre. Voilà de quoi ébranler quiconque n’est pas aveuglé par son fédéralisme inconditionnel. »
    Mais, les fédéralistes ne vont pas être ébranlés, ils sont encore fédéralistes parce que ce que vous décrivez, ça ne les dérange pas une petite miette. Si ça les dérangeait, ils seraient déjà souverainistes.
    Le seul moyen de convaincre un fédéraliste mou est de lui démonter qu'il ou elle serait plus prospère dans un Québec souverain. Il est beaucoup plus difficile d'en convaincre un dur parce qu'il est teint comme un souverainiste dur qui vont mourir tous les deux avec leurs croyances. Certains vont même en faire une épitaphe : Il est mort encore….