La perestroïka du PQ

Prudence, un chef n'est que la partie visible...

Comme un être névrosé, le PQ semble refuser tout changement, alors qu’il souffre d’une manière évidente d’être ce qu’il est, complètement déchiré par ses contradictions.

Pacte électoral - gauche et souverainiste

J'ai écrit une boutade sur la nécessité d'une « perestroïka » au PQ et de la nécessité d'une véritable « glasnost », tant dans le mouvement qu'au sein du « navire amiral ».
Plus j'y pense et plus je trouve que cette boutade, 18 ans après le putsch manqué de Moscou, a un fond de vérité.
Le PQ a une identité, une culture, une organisation et s'il est à ce point vivant pour nous, il a une âme et donc certainement un « inconscient ». J'aimerais que vous y réfléchissiez, même ceux qui trouvent mon idée risible.
Certains veulent la démission de Marois. Cela ne me suffit pas. En fait, elle peut bien rester, si on trouve d'autres porte-paroles, mais il faut une transformation du PQ, une véritable ouverture. Un lâcher-prise.
Vous souriez peut-être à l'idée que je fasse référence à un vocabulaire thérapeutique, mais le PQ semble vraiment souffrir de la confusion qui est au coeur de sa pensée, de son programme. Depuis les querelles Bourgault-Lévesque (merci Robert Comeau), le PQ a gagné à court terme un avantage politique et stratégique, mais il s'est enfermé dans un piège, car sa position ambigüe l'a confiné à une « stase idéologique » alors qu'il était justement un parti d'idées. C'est cette stase et la chape de plomb qui l'empêchent de reprendre son souffle et d'envisager l'avenir d'une manière courageuse.
Et comme un état endetté qui emprunte pour payer ses comptes, le PQ a « emprunté » des victoires en épuisant son capital humain sans le renouveler. Prudence, un chef n'est que la partie visible.
En ce sens, réclamer la démission de Marois est une fausse solution
Marois est à l'image du PQ, lequel est un organisme enfermé dans des complexes et des « patterns ». Je soupçonne le PQ et Marois d'être en une telle symbiose qu'ils sont tous deux paralysés.
Nous ne voulons pas sa mort, mais il doit s'ouvrir à toutes les possibilités s'il veut vraiment vivre, tel le phénix, il doit mourir s'il veut renaitre. Comme un être névrosé, le PQ semble refuser tout changement, alors qu'il souffre d'une manière évidente d'être ce qu'il est, complètement déchiré par ses contradictions.
Si vivre c'est agir, vivre, c'est aussi changer.
Se satisfaire d'un changement de chef n'est pas assez... On a besoin de l'organisation, des gens, des militants du PQ, mais pas de la culture du PQ. Je soupçonne également Marois d'être une femme incroyablement chaleureuse « dans sa vraie vie », mais dès qu'elle est dans l'arène politique et médiatique, elle est crispée, coincée, raide, froide. Pour elle aussi, ce serait sans doute une libération si elle pouvait être elle-même.

La question qui me turlupine est donc de chercher la manière «d'ouvrir» le PQ. Ça nous prend un Bourgault, pas un Parizeau, ni un Landry. Les «solutions» pour redresser «la province», on les connait, on est assez «grands» pour la gestion (tant qu'elle n'est pas coloniale), mais il faut un tribun, des tribuns.
Ne tombez donc pas dans le piège de penser que Marois est la grande responsable. Elle est la digne héritière, mais de quoi a-t-elle hérité au juste?


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8 commentaires

  • Nicole Hébert Répondre

    23 août 2011

    Complément: pour lire le texte de L'Engagé auquel je réfère dans mon commentaire précédent, puisqu'il est déjà archivé!
    http://www.vigile.net/Replique-a-l-appel-aux
    À moins qu'on ne l'active dans mon commentaire, ce que j'aurais du faire? merci!
    Nicole Hébert

  • Nicole Hébert Répondre

    23 août 2011

    M. L’Engagé,
    D’entrée de jeu, je dis : « tiens donc, on a changée la photo qui accompagnait votre titre! Bravo! »
    Et je jurerais avoir écrit dans mon commentaire : « une image vaut mille MOTS! » et non mille MAUX mais bon... je vais me contenter d’endosser la névrose plutôt que de verser dans la paranoïa. Alors : quel lapsus de ma part! Et nous voilà lancés dans l’analyse psy.
    Il y a peu de temps, j’aspirais à de l’air pur sur Vigile mais j’étais passée à côté des bouffées que vous y apportez. Je ne vous lisais pas probablement parce que je ne voyais pas votre bouille ni votre nom et que cela m’importe. Je suis incitée, par un besoin de sécurité sans doute, à lire ceux/celles que je peux voir et identifier et ceux que je n’ai pas écartéEs de ma liste par libre choix.
    Mais j’ai été tentée de lire votre: Réplique à "L'Appel aux démissionnaires" et à la lettre de Sylvain Gaudreault, et j’ai découvert une partie de vos propositions et de votre ton. Et ensuite, j’ai lu M. Dehais, à votre suggestion! – je l’aurais fait, c’était une question de temps!... Alors je me reprends maintenant en lisant vos contributions précédentes. Comme ce n’est pas peu dire, j’y mettrai quelque temps. Vous proposez du contenu, et je m’engage à ce qu’il serve dans nos « assemblées de cuisine », comme d’ailleurs celui de M. Sauvé. M. Dehais, dont je me réjouis du retour dans les chroniques, m’avait le premier convaincue il y a deux ans de lire Seguin; de plus, vous avez du franc parler et de l’humour mais, selon ma perception, ils sont dénués de haine ainsi que des déplaisants cynisme, mépris et arrogance, caractéristiques trop répandues ici et qui, moi, me font passer à d’autres messages. Quelqu’unE a déjà écrit : « Ce que tu es parle si fort que je n’entends pas ce que tu dis ».
    Pour ce qui est du présent article, je répète une remarque de mon message précédent : votre exercice d’analyse psychologique devrait, pour être équitable, et j’ajouterais efficace, s’étendre à tout le mouvement souverainiste. Une thérapie familiale. Vous parlez de la névrose du PQ dont hérite la chef et sur laquelle elle se modèle mais j’aurais tendance à affirmer qu’un névrosé ne l’est jamais tout à fait sans son environnement; et son terrain. Vous parlez d’un PQ : « complètement déchiré par ses contradictions ». Parlons plutôt d’un Mouvement souverainiste « complètement déchiré par ses contradictions » , « en symbiose et sclérosé ». Et d’un peuple québécois... peut-être? Déchiré entre la dépendance et l'Indépendance? Le petit comme le grand? L’extérieur comme l’intérieur?
    Le peuple québécois n’est pas confronté à ses démons intérieurs sous un gouvernement libéral; il peut dormir tranquille; on s’occupe de ses affaires (!!!) et il a le loisir de rester dans le confort et l’indifférence. Même chose pour le virtuel parti de Legault : dormez tranquille pendant dix ans... Mais un Parti souverainiste SIGNIFIANT - quel qu'il soit mais signifiant, c.à.d. en menace de prendre le pouvoir - le retourne automatiquement à ses moutons noirs... Et à ses choix fondamentaux. Et voilà la névrose réveillée. AUCUN CHEF du PQ n’a eu vraiment le loisir d’être détendu. La chanson que l’on chante au sujet du règne de Jacques Parizeau - "le seul qui nous aie jamais..."; si vous êtes trop jeune pour en avoir mémoire, « moi je m’en souviens », comme titrait Bourgeault en réponse à l ‘ « Attendez que je me rappelle » de René Lévesque . Et ne vous méprenez pas, j’ai travaillé de toutes mes forces et supporté de toutes mes énergies ce chef (Parizeau) qui travaillait pour la cause « à sa façon », oui, infiniment déterminée. Je lui ai fait confiance moi aussi. Et j’ai de merveilleux souvenirs de l’espoir et de la fierté de cette période. Mais ce n’est pas de gaieté de cœur que Jacques Parizeau a DÛ ACCEPTER - et cela est à son honneur – de se faire seconder publiquement par Lucien Bouchard, voire se reculer dans son ombre, dans le dernier droit pour que la souveraineté « monte » dans les sondages! Pourquoi? Parce que le peuple VOULAIT Lucien Bouchard. Je dis le PEUPLE. Et que le frôlement du pays que nous avons connu alors a été le fruit de cette oblation de Jacques Parizeau. Et non de son charisme et même pas de la magnifique préparation. Mais de l’entrée en scène de ce tribun, séducteur de peuple qu’était Lucien Bouchard. Est-ce à dire que nous devons rechercher à nouveau ce genre de personnage? Moi, je prétends que NON car c’était bien plutôt le signe que nous n’étions pas prêt comme peuple pour un vrai choix libre. Nous n’avons pas besoin d’un séducteur. Un être séduit n’est pas un être libre.
    En conséquence, il me semble que la psychanalyse devrait englober aussi ce peuple. Mais elle se fait, M. L’Engagé. Elle se fait ici et là, petit à petit. L’important, c’est que nous ne soyons pas comme certains de ces membres de la famille - ou du couple – qui ont l’impression de ne pas, eux, faire partie du problème et qui attendent que les autres changent. Ou des miracles. Ou des "animateurs de foules".
    Pour ma part, on sait que je ne souhaite pas que la cheffe actuelle se retire. Je lui fais confiance et on me vilipende assez pour cela. Je me trompe peut-être. Mais vous rappelez avec justesse qu’aucun nouveau chef ne provoquerait le miracle souhaité par d’aucuns. Retroussons-nous et agissons, comme vous le dites si bien. Et répandons la nouvelle : l’idée vitale de la souveraineté n’est pas morte;il y a un Parti bien établi pour la porter; et elle n’est pas « tuable » comme aurait dit ma mère! Espérons-le car les énergies dépensées pour affaiblir de toutes les façons possibles ses parties et ses membres - tête, cœur, poumons, jambes et bras – sont assez considérables. Ne nous laissons pas avoir par les maladies auto-immunes.
    Avec ma solidarité pour votre engagement et sa façon actuelle de s'exprimer,
    Nicole Hébert

  • Archives de Vigile Répondre

    23 août 2011

    Le PQ no.1 est déjà mort. Laissons le cadavre se décomposer.
    C'est le PQ no.2 qui va prendre le pouvoir. Celui de Legault. Tous les carriéristes, Marois aussi, vont s'y retrouver. Et beaucoup de libéraux.
    Si on compare aux soviets, c'est de purge qu'il faut parler. La purge de l'indépendantisme. Le boulet du PQ.
    Tous les mationalistes québécois doivent s'unir au sein du nouveau mouvement citoyen et d'un éventuel parti qui aura l'indépendance nationale comme but fondamental.
    Ainsi, nous nous débarassons du PLQ. Une pierre deux coups.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 août 2011

    Le NPD a son dauphin: Mulcair. C'est pas le bon Jack, mais il peut faire la job.
    Les Libéraux ont Bob Rae. Et plein d'autres comme le gros Coderre ou le p'tit Cauchon.
    La droite adéquiste a François Legault, son nouvel héros.
    Mais les souverainistes sont orphelins. Y'a personne pour porter le ballon à un moment où les choses vont terriblement mal. Le seul que je vois est occupé à autre chose, comme construire son Colisée
    PS: L'équipe de rêve serait Legault à la tête du PQ. Mais y'é trop tard!

  • Archives de Vigile Répondre

    23 août 2011

    Bonjour,
    Mettant en parrallèle la tribune de Richard Le Hir et de Robert Comeau, on ne peut que tomber d'accord sur le fait que les déboires du PQ ne peuvent être attribués seulement à Pauline Marois.
    Pierre Bourgault a été le principal artisan d'une vision de l'unité qui a fait long feu. On ne peut s'unir à une organisation qui, pour des raisons de divergence politique, ne veut pas de vous. La cohabitation des indépendantistes et des péquistes, ce coup de force, aura neutralisé politiquement Pierre Bourgault, le confinant à jouer un rôle à la marge pour finir tristement à titre de commentateur de Radio-Canada alors qu'il soulevait jadis les foules en faveur de l'indépendance. Son sort est typique du sort des indépendantistes.
    Encore aujourd'hui, cette vision idyllique de l'unité prive les indépendantistes d'une influence politique qui reste très en-deça de l'importance du courant qu'ils représentent. Cette discrétion politique, cette crainte de s'assumer, est notamment visible au sein de la mouvance la plus activiste du péquisme, représentée suite à Bourgault et Falardeau par le RRQ et autres. Se disperser, se ventiler, disparaître au sein d'un parti qui ne veut pas de l'indépendance est la pire voie que les indépendantistes ont pu suivre car, ce faisant, ils se privent de la possibilité de tester la viabilité de leur propre option et d'en préparer le succès. Espérons qu'à la faveur de ce nouvel épisode de la crise du couple indépendantisme-souverainisme, une analyse politico-historique plus lucide remplace les vérités répétées et sans pertinence.
    GV

  • Archives de Vigile Répondre

    23 août 2011

    J'étais pour écrire aussi un commentaire mettant en parallèle la tribune de Richard Le Hir et le papier de Robert Comeau. Les déboires du PQ ne peuvent être attribués qu'à Pauline. Ce serait trop facile. En lisant Robert Comeau, je pensais que la cohabitation des indépendantistes et des souverainistes, produit d'une vision idéalisée de l'unité, dont Pierre Bourgault fut l'artisan le plus notoire, a fait long feu. L'histoire de Bourgault est typique de celle des indépendantistes jusqu'à aujourd'hui : il fut neutralisé politiquement, réduit à un rôle à la marge alors que ses discours soulevaient jadis l'enthousiasme, pour finir tristement à titre de commentateur à Radio-Canada. Cette idée d'unité contre nature, ce parking de l'indépendance, continue d'avoir néanmoins de nombreux adeptes, particulièrent au sein de la mouvance la plus activiste du PQ inspirée par feu Pierre Falardeau et autres.
    Quant à savoir si l'indépendance peut triompher ou pas, la question ne se pose que très secondairement tant le manque de confiance politique des indépendantistes est enraciné. Leur histoire est pour l'essentiel de s'être dispersés, ventilés et perdus au sein d'une grande organisation partisanne qui ne voulait pas d'eux et, par le fait même, de se priver de toute présence politique significative. L'avenir dira si une lecture moins idyllique de l'histoire politique remplacera les vieux discours qui paralysent le Québec depuis trop longtemps.
    GV

  • Lise Pelletier Répondre

    22 août 2011

    Je crois qu'elle a hérité de la peur de s'affirmer depuis la défaite référendaire (si défaite il y a eue) de 95
    Mme Marois qui a tellement peur de dire ce qu'elle pense, que physiquement elle ravale à tous les 5 mots, écoutez bien ses interviews, peu importe celui qui pose les questions, elle ravale ses paroles.
    Mais soyons juste peu importe qui a été chef du Parti Québécois, tous ceux qui l'ont été après le traître Bouchard sont peu entreprenants (je reste polie ici) sans envergure car ils ont la peur au ventre.
    Le plus audacieux a été Parizeau, je suis et j'ai été confiante que le Pays du Québec advienne seulement quand lui a été Chef du PQ. M'enfin, peu importe les raisons, ceci n'est pas le sujet pour le moment.
    Je sais bien que mon commentaire va en soulever plein d'autres en contradiction, tant pis car c'est ce que je pense.
    Depuis, plus aucune pédagogie sur l'INDÉPENDANCE, (mot qui fait peur) pourtant, tous dans notre vie personnelle on aspire à ce statut qui nous met face à nos responsabilités en tant qu'individu dans tous ses domaines afin d'acquérir sa Liberté.
    Après en tant qu'être libre, on vit différentes situations et on les assume.
    Lise Pelletier,
    Membre du Rassemblement pour l'Indépendance Nationale en souvenir de Pierre Bourgault qui fut le premier à m'ouvrir les yeux sur les dessous de la politique et cette fausse démocratie où seul le pouvoir et l'argent sont rois.

  • Nicole Hébert Répondre

    22 août 2011

    Je vais réagir plus à fond demain à ce propos-ci, L'engagé. Il m'intéresse précisément par son regard psychologique qu'il vous faudrait étendre à tout le mouvement souverainiste pour être équitable. Une psychanalyse serait sûrement pertinente. Mais juste en préalable à ce que j'aurai à dire, je répète ce que j'ai écrit sous le dernier texte de M. Le Hir: n'est-ce pas que le choix d'une image vaut mille maux? Vous faites allusion à une Pauline Marois chaleureuse et dégagée dans la vraie vie et cette femme l'est. Est-ce que la photo choisie pour présenter votre article laisse même un peu soupçonner que vous y faites référence? Bien au contraire. Pourquoi?
    Mes vues ne rejoignent pas toutes les vôtres mais je me sens solidaire de vos efforts,
    Nicole Hébert
    Ps: Je n'ai pas lu toutes vos contributions ici mais je le ferai.