Que cesse l'incendie

Tribune libre

Trudeau nous a fait une guerre politique, constitutionnelle, qu’il a gagnée, et Harper* nous livre maintenant une bataille sourde sur les budgets de l’État. Le Québec social-démocrate s’en trouve maintenant à bout de souffle, sa capacité financière s’entend, et l’électorat est si désorienté qu’il s’apprête à mettre un genou par terre pour simplement reprendre son souffle.
Historiquement, François Legault, la C.A.Q., ce serait le Québec un genou par terre pour une génération. C’est ça aussi, François Rebello, c’est un genou par terre. Il y aurait donc ici une « normalisation » canadienne qui pourrait réussir, et d’autant mieux qu’elle serait présidée par d’ex-péquistes. C’est triste, mais ce n’est pas inéluctable. Le P.Q. pourrait encore rebondir, pour autant qu’on cesse de l’incendier.
Car le P.Q. n’est pas un « navire-amiral » qui coule. C’est un navire qui brûle. Le P.Q. n’a pas besoin d’incendiaires supplémentaires, qu’ils viennent de ses rangs ou de l’ennemi. Je l’écris comme je le pense : Bernard Drainville n’est pas un blogueur, c’est un député. Un député du P.Q. qui transpire parce qu’il fait chaud : « Ciel ! Ciel… mon navire coule mes amis ! Misère ! Misère ! J’ai peur. »
Que ce député péquiste ferme donc sa grande gueule ! Il n’ajoute rien de positif à la guerre que devra livrer sa formation de toute façon…
Je souhaiterais qu’un nouveau gouvernement indépendantiste, un gouvernement simplement debout, livre bataille au West Island. Cela peut se faire avec une constitution, des chartes et des lois, certainement, les avocats sont très bons dans ça, mais cela peut se faire aussi, et non moins certainement, avec simplement les budgets… Comme Ottawa le fait. Comme nos ennemis nous le font. Mais…
Mais ça prendrait à Québec un gouvernement qui a suffisamment de nerf pour guerroyer, pour assumer et tenir son bout, un gouvernement qui a du chien, ce qui est bien différent que d’avoir un gouvernement qui a tout au plus le goût des grandes messes, le goût des états généraux et le goût de parader au Devoir ou à l’Action Nationale.
Car Harper, le p’tit malin, il ne craint rien-- il parle d’ailleurs français aussi bien que J. Molson du West Island, un autre petit malin-- mais le ciel lui tomberait littéralement sur la tête si un Québec debout, après s’être fait marcher si longtemps sur la langue, si un gouvernement debout se ravisait avec ses budgets (santé$ et éducation$) de piler pesamment sur les pieds de la plus grande gang de braillards du Canada, sinon de tout l’Occident. Une crise politique assumée, alors, pas constitutionnelle, simplement politique, strictement et implacablement politique, bien différente de toutes celles du passé, toutes relayées qu’elles ont été au « gouvernement des juges », à Ottawa, incidemment l’allié historique, inconditionnel, des braillards du West Island. Les Conservateurs (Harper et Charest, main dans la main) ne veulent surtout pas entendre le West Island rouge brailler et ameuter tout l’Ontario en passe de devenir bleu.
Mais je parle évidemment ici d’un gouvernement debout, d’indépendantistes debout, oui, oui, d’indépendantistes debout, bien décidés à mener une institution encore provinciale, mais qui gouverneraient le nez au vent, et non pas le dos courbé, le nez encore dans les vieilles recettes, ainsi que toujours collé aux sondages de l’ennemi.
De ce dernier point de vue, est-ce que Pauline Marois ne montre pas présentement un caractère que bien des belles-mères et des mémères lui envient ?
On jase, évidemment…


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    16 janvier 2012

    Il n'y a rien à faire avec Mne Marois,elle ne passe
    pas dans la population.Elle n'est pas convaincante et elle ne croit pas à ce qu'elle dit.Elle est comme Lucien Bouchard
    lorqu'il essayait de nous convaincre qu'il était souverainiste.Vous voyez ce que cela donne avec Lucien Bouchard.

  • Marcel Haché Répondre

    16 janvier 2012

    @ L’engagé et André Gignac
    Pourquoi la gouvernance souverainiste ? Au moins pour gagner le Pouvoir, sans lequel l’idée de l’indépendance, qui est une idée née dans le Refus et l’Opposition, risque de demeurer à jamais une idée de l’Opposition.
    Si le P.Q. a perdu le pouvoir en 2003, c’est parce qu’il l’avait déjà perdu en 1995.Le premier gouvernement péquiste de René Lévesque a été un gouvernement fort avant 1980, faible après. Mais le gouvernement de Jacques Parizeau, dans sa précipitation de tenir référendum, et l’ayant perdu, s’est installé ainsi dans la faiblesse politique dès le début de son mandat. Le West Island d’ici—pas même nécessaire de chercher bien loin—n’a pas raté la chance que cela constituait pour lui.
    La force politique des indépendantistes ne leur provient donc pas de la fermeté de tenir éventuellement un référendum, s’ils croient au référendum, elle leur vient de la menace d’en tenir un, s’ils sont au Pouvoir. Et la menace peut être d’autant plus grande pour l’institution fédérale, et pire encore pour le West Island… qu’elle s’exerce sur une période longue.
    Aux yeux des indépendantistes les plus déterminés, le P.Q. peut paraître faible, faiblard même—les sondages paraissent accablants—mais il suffirait que le Pouvoir change de main pour qu’il soit fort au delà de son nombre de députés. Et là, si le P.Q. était élu, infiniment plus fort que les gouvernements de Lucien Bouchard et de Bernard Landry. La vérité, c’est que le West Island, grand vainqueur depuis 1995, n’est fort encore que parce que Nous sommes divisés depuis ce temps. Le référendum y est pour quelque chose. Et la division des indépendantistes ajoute à l’accablement général, de même qu’elle participe en partie, mais en partie seulement, à la désorientation de l’électorat.
    Le P.Q., Pauline Marois, la gouvernance souverainiste et quoi d’autre encore, constituent, ma foi, le plus bas dénominateur de l’indépendantisme.
    Un P.Q. au pouvoir n’empêcherait donc rien—cela irait contre son « basic » intérêt-- du travail des militants indépendantistes les plus pugnaces, bien au contraire, bien au contraire, je le répète, il y trouverait son compte dans son entreprise de conquête de l’opinion publique. Je crois depuis longtemps que le P.Q. est condamné à l’indépendantisme ou à disparaître, mais qu’il n’appartient pas aux indépendantistes de le faire disparaître eux-mêmes sous prétexte qu’il serait un parti traître, comme nous le susurre le West Island.
    Un P.Q. au pouvoir, pas fort-fort je sais, et même chouverainiste aux yeux de certains, ce parti pourrait tirer avantage d’être « tiré sur sa gauche » indépendantiste. Son aire de jeu serait agrandi, ce dont jamais ni Bouchard ni Landry ne furent en mesure de profiter. Le « discours sur sa gauche », dure et même polisson, pourrait accentuer la « menace »…ce qui est impossible pour elle actuellement, je parle des indépendantistes radicaux, avec la gang à Charest au pouvoir. Ce sont ces derniers bâtards qui profitent actuellement de toute l’effervescence chez les indépendantistes.
    Tout cela s’inscrit dans le fait devenu évident : il n’est plus possible d’ignorer les indépendantistes radicaux, pas plus maintenant qu’il n’est possible de faire taire Vigile.
    On se trompe de cible cependant si on croit que Pauline Marois est maintenant la réincarnation du courant P.M. Jonhson d’une autre époque. Mon humble avis.
    @ André Gignac spécifiquement.
    Une compagne de travail à Emploi-Québec (provenant elle-même du fédéral, simonac-simonac…) m’expliquait qu’au-delà des normes et des règlements encadrant notre travail de fonctionnaires (subventions salariales), on ne se trompait pas beaucoup « si on faisait travailler du monde ».Sages paroles provenant de quelqu’un de très bien.
    Les indépendantistes ne se trompent pas beaucoup s’ils s’en prennent au West Island. Ils peuvent se tromper beaucoup, parfois, dans des combats fratricides. Mon très très très humble avis…


  • Archives de Vigile Répondre

    15 janvier 2012

    Monsieur Haché
    Entièrement d'accord avec vous pour qu'un vrai parti indépendantiste tasse la minorité anglo du West Island qui est une des minorités la mieux traitée au monde et qui fait chanter notre gouvernement québécois depuis assez longtemps. Cette minorité, avec toutes ses universités, ses hôpitaux, ses postes de radio et de télévision, disproportionnés par rapport à sa réalité démographique, est un gros facteur d'assimilation pour les Québécois de la région de Montréal.
    Avec l'argent de nos propres impôts, nous nous tirons dans les deux pieds, ce qui dénote combien nous sommes colonisés au Québec. C'est pas des farces, notre gouvernement aplatventriste, sans colonne vertébrale à Québec, au lieu de gouverner pour la majorité québécoise, gouverne pour la minorité du West Island. Regardez agir Harper avec sa politique de coupures contre la langue française à Ottawa: nous devrions faire de même avec la minorité anglo du West Island et leur fournir des services publics au prorata de leur population. Je suis tanné de faire rire de moi! VIVE LA RÉPUBLIQUE DU QUÉBEC!
    André Gignac 15/1/12

  • L'engagé Répondre

    15 janvier 2012

    Mais ça prendrait à Québec un gouvernement qui a suffisamment de nerf pour guerroyer, pour assumer et tenir son bout, un gouvernement qui a du chien, ce qui est bien différent que d’avoir un gouvernement qui a tout au plus le goût des grandes messes, le goût des états généraux et le goût de parader au Devoir ou à l’Action Nationale.
    Nous nous rejoignions. Sauf qu'un tel gouvernement doit être appuyé par une base de militants déterminés et pugnaces, or certains souverainistes font, au nom d'une tactique électorale une dissimulation de la lutte à mener et des antagonismes qu'elle va provoquer. Ce faisant, ils nourrissent l'illusion d'un grand jour, or l'inaction que provoque cet attentisme permet à nos adversaires de prendre l'initiative et de gruger nos forces, notre territoire, nos institutions et notre culture, je le répète, parce qu'on ne travaille pas dans l'intervalle.
    Effectivement, la candeur du témoignage apeuré de Drainville nuit à la cause, celle du PQ, de l'indépendance ou du français. Il faudrait diffuser largement la nécessité de réformes urgentes sur les plan économique, culturel et politique : nous avons une métropole et des institutions à reconquérir et certains groupes travaillent au Québec contre le développement de la nation, voici les propositions politiques que nous proposons qui vont régler ce problème. Voilà un peu ce que devrait être le discours d'un leader indépendantiste , pas quelqu'un qui fait dans ses culottes, problèmes de chef ou pas.
    J'ai besoin de savoir que Marois ou pas, PQ ou pas, député ou pas, Drainville sera à nos côtés lors des manifs pour la langue et pour amorcer un combat, qui se poursuivra dans la rue si nous continuons à être exclus du parlement.
    La réforme des institutions démocratiques est importante, mais nous avons bien plus besoin de redonner du mordant à notre politique culturelle, laquelle doit être nationale et intégrée à l'économie. Un nombre incalculable de subventions, de chaires, de livres, d'artistes, de postes sont littéralement pompées de nos poches pour travailler contre nous.
    Voilà une façon d'éteindre l'incendie et de faire également la promotion de l'indépendance. Malheureusement, cette façon de faire ne vient pas de nos leaders supposés, mais bien de la base, laquelle se réorganise tranquillement. Quand des militants commencent à être plus articulés, plus cohérents et plus clairs que nos leaders lorsqu'ils parlent de l'indépendance, c'est l'indice que ces leaders seront bientôt remplacés...