"L'Indépendance est une course de fond"

D’une façon ou d’une autre, avec ou sans Pauline Marois, avec ou sans béquille, le P.Q. est à la veille de faire face à son destin. Et, quoi qu’ils en pensent, ce destin est aussi le destin de tous les indépendantistes.

Tribune libre


Si Mme Marois mettait un genou par terre, ah monsieur, si elle faisait cela, nous serions sauvés. Un Pacte, enfin un simple Pacte, ce n’est pourtant pas grand-chose. Une coalition même ? Pas de problème non plus !
Mais va-t-elle finir par comprendre, la madame ?
Tendre la main en direction de Q.S., ce n’est pourtant pas si compliqué. En s’abstenant de le faire, ne voit-elle pas qu’elle devient Pauline-la-pas-fine, l’arrogante qui ne veut pas partager le peu de succès qu’il reste au P.Q. dans les sondages ? Est-elle seulement capable de le comprendre, la malheureuse ? Quelle égoïste !

Non mais quel raisonnement de merde !
Question : outre le fait très remarquable que Q.S. est encore plus bas dans les sondages que le P.Q., lui courant un tsunami à ses trousses, paraît-il, ce malheureux P.Q., qui ne compte pas beaucoup moins de députés que la gang à Charest, quelqu’un pourrait-il expliquer quel avantage DÉ-TER-MI-NANT pourrait bien tirer le P.Q. auprès de l’électorat—pas auprès du seul électorat so-so-- à s’accoquiner avec beaucoup de ceux qui l’ont déjà quitté, qui n’ont jamais cessé de le vilipender? Car Q.S. était bien cette gauche trop à l’étroit dans un véhicule tirant trop à droite, n’est-ce pas ?
Quoi qu’on tente de se faire croire et de faire croire, cette gauche, ce n’était quand même pas une gauche se sentant trop à l’étroit dans le véhicule péquiste parce qu’il n’était pas assez nationaliste. Pour une, Françoise David n’était pas, et n’est pas plus maintenant, précisément ce qu’on pourrait appeler une « nationaliste », bien moins encore une partisane du Nous.
On se sentirait donc brave. Vieux et brave. Et d’attaque en plus, mais dans le moment le plus inapproprié de toute l’histoire de l’indépendantisme québécois, pour reprocher au P.Q. son discours ambigu sur la question nationale, celui qu’il tiendrait depuis au moins, minimum-minimum, depuis sa naissance, mais on ne suspecterait pas Q.S ? Eh monsieur ! Eh monsieur ! Y aurait-il une ambiguïté à gauche qui serait acceptable, et une autre, inacceptable, au P.Q.?
Plutôt que de tomber à genoux, la gueule et le moral à terre, devant tous les sondages et articles qui « fabriquent » contre Pauline Marois, qui « fabriquent » frénétiquement en faveur de François Legault, pourquoi ne pas chercher jamais, jamais, jamais-jamais, jamais-jamais, sur Vigile itou mon Jacques, les raisons de cet état de fait auprès de l’opinion publique, plutôt qu’auprès des seuls intéressés, qui à des pactes et qui à des coalitions ?
Pauline Marois est « basse » dans les sondages ? Mais qui est « haut », hormis François Legault ? Et pourquoi donc alors ?
Parce qu’ « à pogne pas » répondit la chorale, aidée et précédée d’ailleurs en cela par les amplificateurs ennemis, tous-tous-tous-tous fédéralistes. C’est justement pour ça qu’on se fait aller le clapet : pour que nu’autes aussi on ait nos médias indépendantistes…
Ne serions-nous pas encore, tout l’électorat, une fois de plus devant une variante de la pensée magique qui consiste à prêter à quelqu’un hors de l’enceinte parlementaire, François Legault-- et pour cette raison qu’il est hors de l’enceinte de l’A.N.-- le pouvoir de nous débarrasser de ce qui pompe très sérieusement tout un électorat : un gouvernement totalement discrédité, celui du P.L.Q. du West Island ?
Dans ces conditions, et parce qu’il est l’Opposition Officielle, le P.Q. de Pauline Marois (ou tout autre chef péquiste) serait présentement une victime collatérale expiatoire de l’immense mauvaise humeur de l’électorat à l’égard gouvernement des rouges et de Charest lui-même, justement parce que cette Opposition Officielle n’est pas perçue comme capable de nous débarrasser maintenant, subito, tout de suite, de ce gouvernement bouffon. Tous des pourris les s’ties ! Si le public perçoit qu’il est impossible de l’intérieur de l’A.N. de se débarrasser d’un gouvernement pourri, rien de plus normal qu’il cherche ailleurs un sauveur. Est-ce que la même pensée magique n’atteint pas certains indépendantistes qui prient devant des images saintes le retour de Duceppe ou même de Landry, lorsqu’ils constatent que Pauline Marois ne « lève » pas malgré la « chute » de Charest ?
Le public se dit avec gros bon sens : toujours aussi cons cette gang de péquisss, à se chicaner entre eux, s’ils sont incapables de Nous débarrasser d’un bouffon pareil à Charest. Et, soit dit sans méchanceté, ce public ne se casse pas les méninges jusqu’à demain matin pour savoir si la grouvernanche chouverainiste y est pour quelque chose. Le public est en beau fusil contre les rouges, à un taux d’insatisfaction rare. Cela n’est pas la seule donnée, certes, mais c’est la donnée fondamentale de tous les sondages.
Tout l’art de Charest—si cela peut s’appeler un art—consiste donc, AU NIVEAU DE L’IMAGE, à tenir politiquement le plus longtemps possible, le plus longtemps et le plus durement, sur TOUTES ses positions, au-delà même de tout entendement, même les positions les plus folichonnes et les plus stupides—il en est drôlement capable-- parce qu’entretemps, cela pervertit aussi l’image de l’Opposition Officielle, elle-même jugée sévèrement, incapable de nous débarrasser de lui. Jean Charest est cynique, et bien plus proche de Machiavel que du frère André.
Dans son esprit tordu, Charest veut traficoter la règle de l’alternance politique comme il a essayé, et essaye encore, de traficoter SA Commission d’Enquête. C’est un bouffon traficoteur qui voudrait bien choisir SON Opposition Officielle. S’il doit perdre le Pouvoir, soit, se dit-il, mais certainement pas au profit de Pauline Marois, car, tout comme en 1995, c’est le P.Q. qui est SA cible. Cela n’a jamais cessé. D’ailleurs, personne n’a jamais vu un premier ministre poser autant de questions pour la discréditer au chef de l’Opposition Officielle à l’A.N. pendant… la période des questions. Lorsque c’était Mario Dumont le chef de l’Opposition Officielle, notre bouffon traficoteur roucoulait avec lui. Maintenant, pour ne pas répondre aux questions, il se met à en poser lui-même. Ridicule bouffon. Mais tout bouffon et tout ridicule qu’il est, il peut compter sur des alliés nombreux et variés dans tout le spectre politique.
Soit dit alors sans malice, faut-il expliquer longtemps sur Vigile que Q.S. constitue en soi un adversaire très secondaire pour Charest et sa gang. Cependant qu’il se raviserait rapidement à cet égard si le P.Q. de Pauline Marois avait l’imprudence de simplement avoir l’air de faire un Pacte avec Q.S
L’erreur, mon Pierre, serait de taille pour le P.Q.Marois : elle consisterait à croire qu’un Pacte à gauche ramènerait à lui tout un électorat déjà en direction de la droite—je nie avec conviction que le vote du 2 Mai fut un vote à gauche, et je persiste à penser qu’Harper a mis le Québec dans son radar pour plus tard-- surtout elle consisterait à prêter à l’électorat péquiste la même fidélité et la même discipline que celui de Q.S. Si Pauline Marois mésestimait cela, et s’aventurait quelque part dans un Pacte, je suis certain que Charest ne l’oublierait pas, lui, et serait capable de profiter de l’ouverture que cela lui créerait, la fidélité de l’électorat péquiste n’étant pas beaucoup plus grande que celle du Bloc…
Charest a déjà fait son dernier tour de piste à l’occasion de « sa commission ». C’est lui tout seul (Mme Marois l’a bien aidé un peu) qui a planté d’innombrables couteaux dans le dos de son propre parti. Qui donc espérerait lui lancer une bouée, à lui et à ce P.L.Q. du West Island, maintenant qu’ils sont en naufrage ?
Si le P.Q. n’est pas capable maintenant d’affronter un fantôme sans trembler, puis, éventuellement, s’il n’est pas capable d’affronter Legault sans béquille, il disparaîtra. Car, comme le disait Pierre Bourgault, « l’indépendance est une course de fond »…ce n’est pas une Cause pour jambetteux.

D’une façon ou d’une autre, avec ou sans Pauline Marois, avec ou sans béquille, le P.Q. est à la veille de faire face à son destin. Et, quoi qu’ils en pensent, ce destin est aussi le destin de tous les indépendantistes.



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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    28 octobre 2011

    Monsieur Haché, vos articles et vos commentaires m'intéressent toujours. Permettez-moi d'ajouter ce qui suit.
    De fait, les choses évoluent vite maintenant que plusieurs indépendantistes ont quitté le P.Q. et se sont mis à parler en publique de l'indépendance du Québec. On n'a qu'à regarder aller Charest. Tout ça est orchestré et il semble que c'est aussi planifié depuis ... j'opterais pour 1995 ou aux alentours. Les fédéralistes n'attendent pas de permissions eux, il prennent l'initiative. Et tout ça ressemble tellement aux années 1970-1976.
    Il me semble que les indépendantistes ont l'obligation d'aller jusqu'au bout de leur lancée. L'opportunité est là et l'urgence de la situation l'exige. Avoir quitté le P.Q. pour maintenant quémander ses faveurs, c'est répéter l'erreur de 1968. Le P.I. est là ! Il peut réagir vite si on s'y joint. Plus on attend, plus ce sera difficile.
    Le P.Q. n'est pas l'ennemi, certes! Mais mon point de vue est simple: Si le P.I. est occulté, on n'offre pas l'option de l'indépendance et le P.Q. continuera de tendre sa ligne avec une carotte au bout.
    Cela dit, en effet le P.Q. n'empêcherait pas la monté du P.I., je pense que c'est le vote de l'électorat mais, surtout, le système politique britannique et méprisant qui s'en chargent actuellement.
    [Réjean Pelletier]

  • Marcel Haché Répondre

    27 octobre 2011

    @ Réjean Pelletier.
    Vous avez raison de souligner qu’il existe un parti indépendantiste. Mais cela fait 40 ans et plus que les indépendantistes n’arrivent pas à s’entendre. À ce jour, les indépendantistes n’ont pas bougé en faveur du P.I. Ceux qui se souviennent des temps héroïques du P.Q. hésitent à déserter ce parti parce qu’ils savent le temps que cela prend pour devenir une alternative politique crédible. Le P.I. est crédible, mais ce n’est pas demain qu’il sera une alternative politique pour l’ensemble de l’électorat.
    Mais peut-être avez-vous raison de penser que les choses peuvent évoluer plus rapidement qu’elles n’ont évolué au cours des 40 dernières années. Je crois simplement que la venue au pouvoir du P.Q. n’empêcherait rien à cet égard. Autrement dit : c’est la venue au pouvoir du P.Q. qui pourrait relancer la crédibilité du P.I. auprès des indépendantistes, sans quoi, la voix du P.I. sera perdue au milieu de toutes les oppositions, alors qu’elle pourrait et devrait être LA voix de l’opposition. En aucun cas, le P.Q. ne devrait être pris pour un ennemi, parce que ce n’est pas le cas.

  • Archives de Vigile Répondre

    27 octobre 2011

    Fioouuu !
    Monsieur Haché, en vous lisant, j'ai eu peur à un certain moment que vous parliez d'un mortel destin.
    Heureusement! Nous savons tous que c'est l'halloween ! La période des épouventailles, des squelettes, des zombies et «des histoires à dormir deboutte». Je me permet d'ajouter ... «Poisson d'avril ! Je vous ai bien eu!».
    Plus sérieusement, le PQ est peut-être un Parti politique fini mais les espoirs d'indépendance ne le sont pas. Et même si on persiste à le taire, le P.I. existe toujours et, lui, il a la volonté de véhiculer cet espoir et il a même la volonté de déclarer l'indépendance du Québec après une élection victoreuse et sans s'en cacher!
    Comme dit le proverbe: «Faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué!», comme le font Charest et ses sbires (FTQ). Ou encore, puisqu'au Québec on semble bien aimer les histoires de peurs et de monarchie: «Le Roi est mort. Vive le Roi!», on change de Parti, comme aux élections, et point à la ligne!
    Les élections générales devant nous ne sont pas encore annoncées de façon officielle et sont encore moins derrière nous. Alors, cela dit de façon amicale, attendons d'en voir les résultats avant de se prononcer.
    Faudrait peut-être plutôt que tous les indépendantistes se ralient au P.I., en parlent et écrivent sur lui, au lieu de continuer à frapper et à écrire sur un Parti déjà vendu à l'ennemi et irrécupérable.
    Ce qui est certain, c'est que je ne voterai pas pour un Parti qui récupérerait des sois-disant démissionaires, pour retomber encore dans le piège des référendums qui ne servent qu'à donner à l'ennemi une opportunité d'oter le pouvoir auParti qui a été élu en fonction de faire l'indépendance du Québec. Ça aussi Monsieur Bourgault le disait, http://www.youtube.com/watch?v=imm3aTzM8Ho , tout comme Monsieur Parizeau, http://www.youtube.com/watch?v=9uCFJ7eYXzo&feature=related .
    C'est le triste comportement masochiste sur Vigile, supposé être d'allégeance indépendantiste québécois et progressiste, qui rend ce site souvent inintéressant. On n'y avance plus ! Il n'y en a que pour le pq.
    [Réjean Pelletier]

  • Archives de Vigile Répondre

    27 octobre 2011

    Qu'elle démissionne et on ergotera ensemble. Ok? Mais qu'elle démissionne d'abord et on verra.
    Me semble que cela me soulagerait et que j'aurais vraiment le goût de rentrer au bercail.
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    27 octobre 2011

    Monsieur Haché, ce n'est pas vrai que le destin de notre nation est scellé, comme le laisse entendre certain qui poutant sont des gens sérieux et intéressants.
    Monsieur Haché, ce qui a toujours manqué au Pq et chez les indépendantistes c'est la DISCIPLINE !
    Charest fait des erreur à en couper du beurre. Pas un seul de ses ministres ne lui fait faux bonds et nous à la moindre petite phrase, à la moindre petite erreur Vl'an sur la caboche.
    Monsieur Haché nous ferons la Souveraineté le jour ou on n'aura compris ce que ça veut dire discipline
    J'en sais quelque chose pour l'avoir appris pendant 38 ans ?

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    27 octobre 2011

    C'est en fait la de destin de la Nation.
    JCPomerleau