Que la Constitution du Québec s'appuie sur des Universaux

Le projet d'une Constitution pour le Québec doit s'appuyer sur des universaux s'il veut tenir et résister à l'épreuve du temps

Tribune libre - 2007


Ce n'est pas tellement une question de "globalité" que d'universaux. Seul le principe est universel. Mais avec la subjectivité de l'abstrait et des idées pour les idées pour les idées et encore les idées, avec la subjectivité du discours littéraire, avec la manie de parler pour parler, de faire de la rhétorique pour faire de la rhétorique, les universaux se sont perdus.

Depuis Auguste Comte, il n'y a plus d'universaux. N'osez pas parler d'universaux dans les universités actuelles. On va vous défenestrer.

Donc, il n'y a que des techniques et des moyens de communications, avec des discours pour les discours.

En fait, il n'y a plus de communications parce que communiquer implique le dénominateur commun. Plus le dénominateur commun est universel, plus étendue sera la communication et plus elle atteindra les profondeurs nécessaires à la continuité de l'action entreprise.

Ces notions classiques se sont perdues, au profit de la superficielle "modernité", qui rejette les continuités acquises et apprises par 6000 ans d'histoire de l'humanité, toujours pas comprises.

Et après, on est surpris de voir que l'État ne fonctionne pas, qu'il se fissure et se fracture, comme l'a bien expliqué Hélène Carrère d'Encausse, cette prof de la Sorbonne, qui a vu venir l'effondrement de l'URSS vingt ans avant que les événements ne le confirment.

En 1971, elle avait publié "L'Empire éclaté" et on a ri d'elle. Comment peut-on voir l'Empire soviétique éclaté alors que la KGB et le "communisme" le tiennent solidement en place? Pas crédible la thèse de la petite madame. Personne ou presque, ne voyait les failles dans la structure fausse de cet Empire, failles causées par l'ignorance de la nature relationnelle de toute existence réelle et dans l'ignorance crasse des principes qui gouvernent l'agir humain. On avait des idées à la tonne, des mathématiques au millier de tonnes et tout tiendra en place pour l'éternité. On était "gras dur".

Alors pourquoi la police d'État? Pourquoi les goulags? Lorsqu'on est obligé de recourir aux polices secrètes, au meurtre et autres mesures coercitives pour rester en place, c'est que quelque chose ne va pas sur le plan des principes qui gouvernent l'action. Comme on est trop bouffi d'orgueil pour se l'avouer, alors on force la note et on impose avec la dernière brutalité un régime qui ne tiendrait pas autrement.

On ne peut pas admettre qu'on s'est trompé. Lorsque l'URSS s'est écroulée, la KGB a été prise de peur et ces professionnels criminels ont envoyé des cv partout dans le monde pour se trouver des "jobs". Beaucoup ont fini en prison, comme les membres de la Stasi allemande. après la chute du mur de Berlin. (Voir le film La vie des autres).

Il aurait été autrement préférable de connaitre ses universaux et d'avoir l'humilité d'admettre qu'on n'a pas inventé ni le monde, ni le cosmos ni l'existence, qui nous sont donnés à chaque instant, n'en déplaise aux cuistres et aux savantasses qui refusent de le voir.

***
Donc, que la Constitution du Québec s'appuie sur des Universaux, des principes permanents sur lequel s'appuie l'agir humain pour assurer sa pérennité, et le Québec va durer. En fait, le Québec s'appuie déjà sur des faits naturels, puisque nous avons survécu et le Québec est venu au monde presqu'à notre insu.

Autrement, le Québec s'écroulera comme chateau de cartes et nous aurons ce que nous méritons.

Avec les universaux, on n'invente rien. On ne fait que voir ce qui est là et que personne ne veut voir parce que l'intellectualité se résume à des idées et que les idées ne sont que des projections abstraites de l'introject.

Ce sont les principes qui comptent mais le principe échappe à quiconque refuse de laisser sa subjectivité au vestiaire et apprendre à discerner entre l'insignifiant "tout est relatif" et la nature relationnelle et en devenir de toute existence réelle.

Il y a du travail à faire.

JRMS

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René Marcel Sauvé217 articles

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J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en Europe, en Afrique occidentale et au Moyen-Orient. Poursuivant études et carrière, il s’inscrivit au département d’histoire de l’Université de Londres et fit des études au Collège Métropolitain de Saint-Albans. Il fréquenta aussi l’Université de Vienne et le Geschwitzer Scholl Institut Für Politische Wissenschaft à Munich. Il est l'auteur de [{Géopolitique et avenir du Québec et Québec, carrefour des empires}->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article248].





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    26 avril 2007

    Le problème c'est que tout universaux qu'ils soient, ils ne font jamais l'unanimité selon le regard que l'on porte sur soi, le monde et les autres, selon que l'on soit riche ou pauvre, exploité, exploitant ou exploiteur, etc.
    Sans compter que pour un principe, il y en a dix autres qui entrent en contradiction.
    En effet l'homme, s'il n'agit pas de façon machinale ou instinctive mais avec l'instrument de la raison, est vite confronté au noeud gordien des principes universaux qui s'affrontent sur le champ de bataille de sa conscience. Et il finit toujours par trancher arbitrairement s'il ne veut être prisonnier de l'inaction. En un mot, entre deux principes il faut choisir son camp.
    Un exemple simple. Liberté, égalité sont de beaux principes qui se trouvent souvent en opposition dans notre société. Entre autre le néolibéralisme s'appuie souvent sur le principe de la liberté pour justifier les inégalités.
    Et s'il existait de réels principes «unanimement» universaux, les hommes seraient-ils capables d'atteindre à cette objectivité qui leur permette de les appliquer sans fausse note et sans conflit?
    Alors! Quels sont vos universaux M. Sauvé?