Robert Dutrisac - Québec -- Le gouvernement Charest est incapable de contenir ses dépenses, dont la croissance a largement dépassé les objectifs fixés dans le budget.
Les comptes publics pour l'année 2008-2009, dévoilés hier par le ministre des Finances, Raymond Bachand, révèlent que les dépenses de programmes du gouvernement ont connu une croissance réelle de 6,8 % l'an dernier, alors qu'une hausse de 4,2 % était inscrite dans le budget 2008-09. Il s'agit d'un écart de 1,4 milliard par rapport aux prévisions.
Raymond Bachand a toutefois donné l'assurance qu'un tel dépassement ne se reproduira pas pour l'année en cours, alors que la croissance des dépenses prévue est de 4,5 %, ni pour les trois années subséquentes, pendant lesquelles le gouvernement prévoit limiter la hausse à un maigre 3,2 % par année.
«Presque trois quarts de l'écart, c'est du non récurrent», a fait valoir Raymond Bachand, qui doit rendre publique la semaine prochaine une mise à jour économique et financière et donner ainsi un aperçu des résultats pour l'année en cours. «Avec la mise à jour, vous verrez que la moyenne des deux années 2008-09 et 2009-10 va revenir [...]. C'est un petit scoop», a dit le ministre sans vouloir préciser.
Le Québec affiche une croissance moyenne de ses dépenses de programmes de 4,9 % depuis six ans, et de 4,6 % si on exclut la flambée exceptionnelle de l'an dernier. Pour revenir à la moyenne de 4,9 %, comme l'a évoqué M. Bachand, il faudrait que le gouvernement parvienne à dépenser moins que prévu, du jamais vu depuis au moins une décennie.
L'objectif de limiter à 3,2 % la croissance des dépenses dès l'an prochain, «ça va être difficile», a reconnu M. Bachand, rappelant les hausses de dépenses en santé, en éducation, en transport et dans l'Aide à la famille.
En se comparant aux provinces canadiennes, le Québec peut trouver une source de réconfort, croit M. Bachand. En Ontario, le taux de croissance annuel des dépenses de programmes est de 6,9 % en moyenne depuis six ans, et la moyenne canadienne s'élève à 7,3 %. Seule la Colombie-Britannique fait mieux que le Québec, avec une croissance de 4,4 %, ce qui est d'autant plus remarquable qu'il s'agit d'une province dont la croissance démographique est forte, contrairement au Québec.
«Nous avons plus de dettes [que les autres provinces], mais leurs budgets sont un peu plus hors de contrôle que les nôtres pour les douze derniers mois et à l'avenir», a souligné M. Bachand.
Selon les comptes publics, l'écart de 1,4 milliard entre la croissance réelle des dépenses et les prévisions s'explique par différents facteurs. L'arrivée de la récession à la fin du dernier exercice fait partie de la donne: ainsi, Investissement Québec a dû hausser de 220 millions sa provision pour pertes en raison de ses interventions auprès des entreprises.
De même, Revenu Québec a relevé de 414 millions sa dépense pour créances douteuses. Les conditions économiques difficiles y sont pour quelque chose, mais aussi l'intensification de la lutte contre l'évasion fiscale, qui doit procurer au gouvernement quelque 900 millions d'ici 2013-14. Il semble que le fisc réussisse à débusquer un plus grand nombre de contribuables qui se livrent à l'évasion fiscale, mais ces derniers sont souvent insolvables.
En outre, en 2008-09, le fiasco de l'Îlot voyageur a coûté 200 millions au gouvernement, qui a renfloué l'UQAM. Les comptes publics font aussi état d'un imprévu de 132 millions pour les infrastructures locales, d'un dépassement de 88 millions à la santé et du coût de l'élection du 8 décembre 2008, une facture de 63 millions.
Enfin, l'intégration des réseaux de la santé et de l'éducation dans le périmètre comptable du gouvernement a coûté 195 millions.
Raymond Bachand s'est réjoui, hier, du fait que le vérificateur général ait approuvé les comptes publics sans restriction, et ce, pour une troisième année de suite.
C'est grâce à la réserve constituée par Monique Jérôme-Forget que le budget 2008-09 s'est équilibré. Le déficit annuel de 1,258 milliard est plus élevé de 630 millions que ce qui était prévu à l'origine, une somme de 587 millions a été versée au Fonds des générations et la réserve a comblé le vide pour un montant de 1,845 milliard, soit 475 millions de plus que prévu.
La dette nette du Québec s'élève à 128,8 milliards au 31 mars 2009, soit 2,2 milliards de plus que projeté il y a plus d'un an.
Québec ne contrôle pas ses dépenses
Le gouvernement a largement dépassé les limites fixées dans le budget
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé