Québec-Terre-Neuve : Ne plus rester assis sur nos mains

Des chauffeurs du dimanche, les indépendantistes ?

Tribune libre

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De quoi avons-nous peur à propos des frontières du Labrador, pour avoir si habilement conçu le contrat d’achat de l’électricité produite à Churchill Falls ?
Est-ce que ce n’est pas la décision du Conseil privé concernant le Labrador, en 1927, que Québec s’est fait un point d’honneur de ne jamais accepter ni reconnaître, est-ce que ce n’est pas cette décision honnie bien davantage que le « contrat » sur Churchill Falls qui paralyse Québec ? Si ce n’est pas le cas, une renégociation du contrat pourrait apporter réponse et ordre de grandeur à la revendication terre-neuvienne, et sans être nécessairement d’accord, tous les intéressés sauraient à quoi s’en tenir. Mais si par contre ce n’était pas le cas, et s’il est vrai que le gouvernement Marois veut « faire le pays », ce que je crois, quel sérieux ce gouvernement pourrait-il revendiquer s’il acceptait de porter une camisole de force portée avec complaisance par les différents gouvernements fédéralistes à Québec, tous encouragés dans le passé par le bien-fondé de leur position à l’égard d’un contrat, mais tous poursuivant intact une politique de non-reconnaissance de la décision de 1927 ?
Au fond, au-delà du « contrat » qui prend soin de ne pas considérer les frontières, cela serait-il si grave qu’on commence à entrevoir qu’un territoire ne Nous appartienne plus jamais comme avant ?
Le plus sûr moyen qu’un gouvernement souverainiste pourrait prendre pour s’isoler lui-même, comme on a pu le remarquer lors des voyages de Pauline Marois à Paris et récemment en Écosse, et donner tout à fait gratuitement des munitions aux ennemis de l’Indépendance, c’est de garder intacte une vieille revendication toute provinciale sur un territoire perdu, comme si Nous aussi Nous revendiquions une sorte de Grand Québec. Et, poursuivant cette chimère, Nous aurions alors fatalement le même succès avec un « Grand Québec » que la Serbie avec une Grande Serbie, et le même succès qu’Israel avec un grand Israel. L’échec de cette politique est assuré à 100 % parce que Québec est déjà isolé, et qu’il ne lui est pas nécessaire d’en rajouter.
Par ailleurs, concernant la légitime contestation politique de Terre-Neuve relativement à ce qui est décrit comme une « malédiction », est-ce que ce n’est pas très précisément ce qu’a toujours fait Québec lui-même à l’intérieur de la Confédération, contester et refuser une autre malédiction, et travailler avec beaucoup de fidélité à l’instauration d’une nouvelle « Entente » ? Et est-ce que ce n’est pas, très précisément encore, l’intention fondamentale des indépendantistes : brasser la cabane de fond en comble afin d’en finir avec une malédiction d’un tout autre ordre ?
Kilowatts et argents bien comptés, Québec ne manquant pas d’experts, non plus que Vigile… de quoi aurions-Nous donc peur de parler haut et fort, mais clair et net, oui, oui, comme si notre État était souverain, maintenant que deux souverains référendums (même s’ils ont été perdus) ont établi néanmoins et dé-fi-ni-ti-ve-ment que Nous étions un peuple souverain, capable de décider, aujourd’hui et demain, et après demain et bla-bla-bla…
Ou sommes-Nous condamnés en général, et les indépendantistes en particulier, à blablatérer jusqu’en 2027, un siècle entier après l’imposition d’une frontière sur ce qui ne fut jamais la Nouvelle-France de Champlain, ou pire, mais alors le bout du bout, l’inconcevable politique, tenir mordicus à notre supposé « bon droit » jusqu’en 2041, date d’échéance du maléfique contrat ? Mais pour faire quoi alors, en 2041 ? Je pose la question : refaire encore une nouvelle ronde de « dures négociations », un autre gros show de tensions parfaitement inutiles comme la province de Québec en a le secret, pour épater alors de nouvelles générations, défaites, hélas, dès à présent ? Mais inutiles tensions cette fois, précisons-le et prévoyons-le tout de suite-- que Québec soit alors ou pas une province de la Confédération serait relativement secondaire—tensions inutiles mais « arbitrées » cette fois par Ottawa, eh oui, et qui consoliderait sans doute un peu plus son encerclement de Québec, si Nous ne Nous sommes pas libérés d’ici là. Je rappelle bien humblement que Nous ne pouvons plus aller nous plaindre à Londres comme des provinciaux, oui, des provinciaux, comme les souverainistes ont été contraints de le faire en 1981.
En 1981, la constitution canadienne a été rapatriée. La Game politique se joue désormais ici uniquement. Et puisque qu’elle se joue ici de toute façon, cette maudite Game, avec ou sans la participation du gouvernement québécois, (qu’il soit souverainiste ou chouverainiste importe tellement peu à ses ennemis), avec ou sans Nous finalement (mais le plus souvent sans Nous, gracieuseté du gouvernement des juges à Ottawa) pourquoi ne pas débuter quelque chose maintenant ? Comme Ici-Maintenant ? Et « débuter quelque chose », cela veut dire ce que ça dit, et cela ne dit pas que tout peut être réglé en deux temps trois mouvements…
Comment préparer un BIENTÔT dont nous rêvons depuis longtemps… si un gouvernement souverainiste délaissait ce qui interpelle bien plus qu’un simple contrat, s’il remettait à plus tard et à la semaine des quatre jeudis, quelque part en 2041, comme l’espèrent astucieusement les fainéants libéraux, ce qui relève essentiellement de lui maintenant. Nous n’avons pas et n’aurons jamais d’autre pays possible que Québec. Aussi bien qu’un gouvernement souverainiste s’y applique maintenant, et entreprenne de se départir d’une camisole qui ne fait que l’entraver. Les indépendantistes ne cherchent pas le pouvoir pour avoir simplement les deux mains sur le volant, pour aller de droite à gauche et de gauche à droite. Ils veulent aussi une main sur la transmission, qui change la vitesse…Les sunday drivers ne font pas la révolution !
Si Nous sommes un voisin incontournable pour Terre-Neuve, au regard même du « contrat », pourquoi ne pas en profiter pour établir avec un voisin tout aussi incontournable pour Nous, une amitié respectueuse de nouvelles règles, que Nous pouvons commencer à écrire dès à présent, si dès à présent notre gouvernement se trouve fin et suffisamment riche pour bâtir des routes dans le Nord et proposer des congés fiscaux aux entreprises ? Le manque de moyens financiers ne peut pas être invoqué.
Autrement, si Nous chérissons à ce point nos blocages politiques, en particulier si Nous restons bloqués avec un contrat adroit et une frontière perdue, choses somme toute relativement secondaires, si notre « bon droit » fait que Québec reste superbement isolé, nos difficiles et pas-reposants amis¹ du Nord et de Terre-Neuve n’auront-ils pas raison de penser que tout Québec, y compris les indépendantistes québécois, parlent des deux côtés de la bouche en même temps ?
Cesserons-Nous un jour, et notre gouvernement avec Nous, de simplement se contenter de tourner en rond comme des assiégés à l’intérieur de la « Province de Québec » ? Cette « Province de Québec » n’a-t-elle pas encore toute la capacité de devenir un tremplin ? N’était-ce pas d’ailleurs l’intuition fondamentale des indépendantistes des débuts : Québec, la province de Québec, un tremplin ? Ou en sommes-nous rendus, les indépendantistes, les durs comme les mous, à penser et répéter ce que pensent et répètent nos ennemis, parce que nous aurions aussi peur qu’eux de l’eau et d’une frontière ?

Pourtant…Pourtant, et il ne faut pas la chercher bien loin cette inqualifiable et pitoyable « élite » à genoux, qui Nous susurre que la liberté est hors d’atteinte parce qu’elle serait hors de prix : ce sont des ennemis bien de chez-nous, eh oui, des pure-laines assis sur notre Faim avec Une et micros… et qui voudraient bien encore que Nous restions assis sur nos mains.
Vivement un dialogue nouveau avec Terre-Neuve.
¹Pour ceux qui ont de la mémoire et la mémoire de Clyde Wells, il faut se souvenir aussi que Meech fut d’abord une patente fédéraliste, qui n’a jamais directement concerné ni lié les indépendantistes…




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5 commentaires

  • François A. Lachapelle Répondre

    3 février 2013

    @ Marcel Haché et autres Québécois impatients.
    Monsieur Haché pose la question: qu’est-ce qui empêche un gouvernement souverainiste, s’il n’est pas chouverainiste, de s’engager sur la voie politique concernant le Labrador ?
    Je pointe deux éléments d'information au sujet du Labrador.
    1. Qu'est-ce que le Labrador ? J'ai devant moi une carte de 1774 montrant les différentes entités politiques et administratives mises en place par le conquérant anglais. La Province of Québec, en plus d'inclure le bassin des grands lacs et la Gaspésie, s'étend à l'est jusqu'à la Mer du Labrador et inclut la pointe est de la Baie d'Ungava. Pourtant, le Dominion of Newfoundland existe mais n'inclut pas à ce moment le Labrador.
    Il existe une autre expression: la péninsule du Labrador qui semble inclure une partie de la Côte Nord. Je me risque à décrire partiellement les bornes de la péninsule du Labrador. Limitée au sud par le Golfe Saint-Laurent, à l'est par la Mer du Labrador, au nord, partie par la Baie d'Ungava et d'autres parties par la Terre de Rupert. La limite ouest est la Terre de Rupert.
    Dit autrement, il faut être capable de penser le Labrador différemment de l'hypothétique frontière contenue dans l'Avis de 1927 du Conseil Privé de Londres. Selon les historiens Lacoursière, Provencher et Vaugeois, c'est l'attribution de l'Ungava au Québec qui a provoqué la question de la frontière entre le Québec et Terre-Neuve. On peut donc dire qu'il existe un Labrador qui serait québécois et un Labrador qui serait terre-neuvien après la décision de 1927.
    2. Le 2e point d'information concerne la composition du banc des 5 Juges-Lords qui ont approuvé la décision d'arbitrage de 1927 au sujet de la frontière du Labrador, entre le Québec, partie à ce moment du Dominion du Canada, frontière avec son voisin à l'est. le Dominion of Newfoundland. Selon les mêmes historiens cités ci-haut, deux des cinq Juges-Lords étaient en conflit d'intérêt.
    Cette information est la suivante: «... le trésor britannique a prêté 15 millions de dollars à une société chargée de construire une usine de pâtes et papier dans le Labrador. Comme l'entreprise est acculée à la faillite, le gouvernement anglais s'en remet au Conseil privé. Il se trouve que deux des 5 lords-juges sont requérants dans cette faillite. Ils octroient donc le Labrador à Terre-Neuve...»
    Cette information est-elle suffisante pour déclarer nulle la recommandation de 1927 du Conseil Privé de Londres et de reprendre cette cause devant un tribunal international ?

  • Marcel Haché Répondre

    3 février 2013

    Je suis en grande compagnie, si, si, Lachapelle, maintenant J.P.Bélisle. Je ne manque jamais de vous lire Bélisle, non plus que Lachapelle.
    @ J.P. Bélisle.
    Par pur plaisir, j’ai relu votre commentaire 3 fois. Mais remâcher ? J’ai écrit ce texte pour suggérer que les indépendantistes cessent précisément de mâchouiller une vieille gomme léguée par la « Province » Québec. Ce n’est pas la seule qu’ils mâchouillent par ailleurs.
    Mais le pays à faire, c’est Nous. Le pays, c’est Nous. Et j’ai écrit Nous sur Vigile une telle quantité de fois, que j’aimerais bien qu’on ne croit pas que je serais en faveur de laisser tomber un « contrat » ou une frontière. Ni un territoire. Ni rien. Je crois que c’est Nous qui sommes au cœur de l’affaire, et je trouve bien dommage qu’un gouvernement souverainiste ne s’empare pas de Nous, attendu que les indépendantistes sont rejetés à la marge précisément par Nous. Mais ça, c’est une autre histoire, celle de Gilles-2-Mai-Duceppe.
    J.P.Bélisle, ceux qui attaquent la légitimité et la moralité du maléfique « contrat » sur Churchill sont des fédéralistes, qui s’engagent sur une voie politique, ce que se gardent bien de faire les fédéralistes québécois, traîne-savates du P.L.Q. et de la C.A.C. confondus. Je pose simplement la question : qu’est-ce qui empêche un gouvernement souverainiste, s’il n’est pas chouverainiste, de s’engager sur la voie politique concernant le Labrador, plutôt que de rester stationné en bordure de route avec sa légalité-inattaquable-jusqu’en-cour-suprême ? Est-ce que sa fidélité aux vieilles politiques provinciales ne serait pas le signe précis, bien au contraire, qu’il mâchouille intensément une gomme parce qu’il en aime le goût ?
    Quant au développement et l’occupation du territoire, est-ce que ce n’est pas cela que Nous avons toujours fait, avec pour résultat une immense diaspora ?
    Hier, aux nouvelles télévisées, j’entendais-tenez-vous bien- le président-locataire de France parler d’indépendance aux Maliens. D’Indépendance, simonac de misère ! Et Nous ?
    Nous ? Nous sommes isolés. Et les indépendantistes les premiers.

  • Jean-Pierre Bélisle Répondre

    2 février 2013

    Monsieur Haché,
    La première chose à faire, pour comprendre la véritable situation, consiste à consulter attentivement une carte géographique. Prenez-y vous à plusieures séances d'une demie-heure chacune, comme s'il s'agissait de préparer un voyage au Labrador.
    Vous constaterez, surtout si vous faites effectivement l'expédition (1), que le seul endroit accessible par route est Fermont, en partant de Baie Comeau par la 389. Et encore, passé Manic 5, la route est gravelée en mains endroits fort dangereuse. On se croirait par moments au Tiers-Monde.
    À une vingtaine de kilomètres de Fermont commence le véritable Labrador dont la porte d'entrée est la bourdonnante ville de Labrador City. Toute une différence avec Fermont qui, avec ses 2800 habitants ressemble plus à un village comme Papineauville qu'à une dynamique ville nordique. Le matin, les jeunes-mamans-à-la-maisonde Fermont se donnent même rendez-vous au chic... McDonald de Labrador City.
    C'est à Labrador City justement que commence la Trans-Labradorienne (Trans-Labrador Highway) bien pavée par endroits et qui vous mènera à Churchill Falls, Goose Bay, North-West River, Port Hope Simpson, Mary Harbour etc... jusqu'à Red Bay puis Forteau, dernier village Labradorien avant Blanc Sablon en territoire québécois. Par route, j'ai même réussi à me rendre jusqu'à cartwright, sur le bord de la Mer du Labrador.
    Le fait qui saute aux yeux, c'est que le territoire Labradorien est peuplé. Outre les autochtones qui occupent le territoire depuis des lunes, il y a maintenant beaucoup de descendants des premiers pêcheurs qui avaient établi des petits villages sur la côte, au XIXè siècle.
    Par ailleurs, pour atteindre Schefferville, surtout peuplée d'Innus et pour lesquels la dispensation des services coute une fortune, il faut prendre le train. Et la voie ferrée transite par Terre-Neuve-Labrador. À toutes fins de communications pratiques, Schefferville est enclavée en territoire terreneuvien.
    Enfin, Blanc Sablon ville complètement isolée du reste du Québec, à la frontière de la province de Terre-Neuve-et-du-Labrador. 'On peut y parvenir en voiture seulement à partir du Labrador par la Route 510 qui au Québec devient la Route 138 ou de Terre-Neuve (via le traversier)'. La population est majoritairement anglophone, refuse de parler français (même au CLSC, sauf à l'hôpital) et rêve d'être juridiquement rattachée à Terre-Neuve.
    Bref, Monsieur Haché, il me semble qu'avant de remâcher la question des frontières (et lesquelles), il y a un préalable: construire des routes, peupler, occuper et développer le territoire.
    JPB
    (1) http://goo.gl/maps/46v3e

  • Marcel Haché Répondre

    2 février 2013

    Merci de votre commentaire M. Lachapelle.
    Rassurez-vous, je ne suis pas un souverainiste tout près d’une crise de nerf. Et je ne suis pas impatient. J’avance simplement l’idée qu’un gouvernement souverainiste peut mener des politiques dans la réalité, et ne pas se laisser ensevelir sous un flot de partisannerie, alimentée à même un discours d’incantation. Un gouvernement souverainiste a mieux à faire que d’invoquer l’indépendance comme on entreprend une danse de la pluie.
    Toutes vos explications sur le contrat lui-même, je les partage. Je vous ai répondu que nous étions sur la même barricade. En fait, et pour imager mon propos, nous serions tous les deux ensemble en haut du barrage. Nous le défendons. Nous défendons le contrat à cette toute petite différence près : vous le défendez mieux que moi, je ne conteste pas ça, je suggère simplement que plutôt que le gouvernement reste impassible, fort de son bon droit, je suggère qu’en même temps qu’il s’adresse à Terre-Neuve et l’invite au bas du barrage pour s’en faire un ami, qu’il ramasse aussi un tas de cailloux, et qu’il réponde cailloux pour cailloux à ceux qui lui en lancent s’ils en lancent. Et ça, M. Lachapelle, je serais bien surpris de vous l’apprendre, ce n’est plus du droit, c’est de la politique. Et c’est seulement la politique qui pourra sortir Québec de son isolement, car cet isolement est d’abord et avant tout politique.
    Nous sommes tellement isolés, et particulièrement les péquistes, que même des indépendantistes écossais sont un peu gênés d’apparaître sympathiques à notre Cause, de peur sans doute de déplaire à Ottawa. Je n’invoquerai pas longtemps l’impolitesse et la grossièreté du président Sarko lorsqu’il est venu au Québec, et la lâcheté actuelle du président-locataire de la France de ne pas venir ici, mais amplement capable de se donner des airs de matamores, lui pourtant bien content d’avoir eu d’Ottawa, eh oui, d’Ottawa, un avion en appui à sa politique au Mali.
    Je ne suis fanatique de rien ni d'aucune amitié,seulement de la realpolitic.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 février 2013

    @ Marcel Haché, le souverainiste sur le bord d’une crise de nerf !
    Je commence par votre conclusion que je qualifie d’optimiste, je cite: « Vivement un dialogue nouveau avec Terre-Neuve. » Tous les mots recèlent beaucoup de sens et de perspective. Imaginez que Pauline Marois reprenne votre souhait mot à mot.
    Votre conclusion a suscité chez moi deux question à caractère informatif. A: existe-t-il une CHAIRE DU LABRADOR dans une des universités du Québec ? et B: Pauline Marois pourrait-elle nommer un(e) titulaire d’un nouveau ministère entièrement consacré au Labrador ?
    Lorsque je mentionne le mot Labrador, comme dans le nouveau ministère entièrement consacré au Labrador, je donne un sens très large à ce territoire, non confiné aux frontières mentionnées dans la décision de 1927 par le Conseil privé de Londres. Quand on analyse tous les volets inclus dans le mot Labrador, histoire, géographie, économie, sociologie, diplomatie, politique, scientifique et universitaire, il est certain que le titulaire de ce ministère aurait autant de responsabilités que peut en avoir le Ministre Lisée, responsable de Montréal, métropole du Québec.
    En revenant au développement de votre article, le fond, j’ai inventorié pas moins de quatorze sujets qui nécessiteraient autant d’études approfondies les uns comme les autres.
    J’énumère ces quatorze sujets: 1) la frontière du Labrador et du Québec, 2) le contrat du 12 mai 1969, 3) 1927, la décision du Conseil privé de Londres, 4) la revendication terre-neuvienne, 5) Québec paralysé, Québec isolé, 6) ennemis externes de l’indépendance du Qc, 7) traiter avec Terre-Neuve comme entre deux États souverains, 8) le maléfique contrat du 12 mai 1969 9) 1981, plainte du Québec à Londres, 10) la Cour Suprême, 11) le Bientôt, le grand jour de la naissance du Pays du Québec, 12) notion de révolution associée au projet de souveraineté du Qc, 13) lien étroit entre le contrat de 1969 et la frontière perdue (1927), 14) les ennemis externes du Québec.
    Par le sous-titre de votre article, je cite: « Des chauffeurs du dimanche, les indépendantistes ?» vous exprimez votre déception et votre impatience devant l’immobilisme des Québécois souverainistes à faire advenir l’État du Québec.
    De toute cette matière, je retiens le maléfique contrat (no.8) avec votre conclusion souhaitant, je cite: «Vivement un dialogue nouveau avec Terre-Neuve». Ailleurs, vous le dites autrement, je cite: « en profiter pour établir avec un voisin ... une amitié respectueuse de nouvelles règles,...»
    Pour le moins qu’on puisse dire, vous y tenez à cette amitié avec notre voisin terre-neuvien. Ce voisin en attend-il autant de votre «bon voisinage» ? Votre insistance est-elle symptomatique d’une pathologie révélatrice d’une personnalité en manque ? Quelle est votre conscience de votre valeur propre avant de l’offrir à un voisin indifférent ?
    Soyons clairs: le maléfique contrat que vous mentionnez, celui du 12 mai 1969 pour l’achat par Hydro-Québec de toute l’électricité produite par la centrale Churchill Falls, est une histoire terre-neuvienne, alimentée par plusieurs premiers ministres de Terre-Neuve. Je ne crois pas que des politiciens du Québec aient repris ce refrain, ni partagé autrement le point de vue des PM de Terre-Neuve.
    Au point 13) mentionné ci-haut, vous établissez un étroit lien entre l’acceptation «négligente» par le Québec de la décision de 1927 du Conseil privé de Londres d’une part, et d’autre part, le contrat ici qualifié de «adroit» intervenu le 12 mai 1969. Précédemment dans votre texte, vous utilisez une autre expression, celle de «dures négociations».
    Selon les documents et les photos que j’ai en ma possession, car je n’étais pas présent en mai 1969 à la signature du contrat, il est difficile de vous suivre dans votre imagination. Tout le montage de dures négociations et de maléfique contrat en regardant la mine réjouie de tous les participants, incluant celle des représentants du vendeur d’électricité, CF(L)Co m’apparaît irréaliste. Au sujet du contexte entourant la signature du 12 mai 1969, il serait instructif de lire les délibérations des conseils d’administration des différentes parties au contrat pour connaître les justifications invoquées pour donner le feu vert audit contrat.
    Malheureusement pour vos lecteurs, les hypothèses que vous échafaudez apparaissent non fondées. Par exemple, pouvez-vous répondre aux questions suivantes:
    Q.1: votre offre d’amitié aux terre-neuviens est-elle réciproque ?
    Q.2: actuellement, que demande Terre-Neuve à Québec au sujet du contrat du 12 mai 1969 ?
    Q.3: Que veut dire votre expression de «dures négociations» au sujet du contrat du 12 mai 1969 ?
    En conclusion, puisque vous vous intéressez à ces nombreux sujets, la recherche légitime des réponses exige un travail de précision, documenté, qui nous mettent à l’abri de simples rumeurs qui souvent relèvent de l’imagination, ou tout bêtement de l’erreur. Permettez une suggestion en terminant: je vous souhaite le visionnement du documentaire récent intitulé «Les états désunis du Canada» de la production de Laruelle, par les cinéastes Guylaine Maroist et Éric Ruel. Les séquences sur Terre-Neuve sont instructives et savoureuses.
    François A. Lachapelle, retraité et actionnaire minoritaire d’H.-Q. 2 février 2013