LE SOLEIL - ANALYSE

Rabaska : 1000 mauvaises raisons de s'opposer!

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Rabaska

Manifestants contre le projet Rabaska rassemblés devant l'Assemblée nationale. (Photo Le Soleil - Steve Deschênes)


Le dimanche 28 octobre, mille manifestants se sont rassemblés devant l'Assemblée nationale pour manifester leur opposition au projet de terminal méthanier Rabaska. Si on en juge d'après les raisons données à la journaliste du Soleil par quelques-uns de ces «nonistes» («Vox pop : Pourquoi êtes-vous opposé à Rabaska?»), l'ignorance, la confusion et la mauvaise foi règnent en maîtresses chez eux.
Ainsi, Élyse Legault, qui «trouve ça un peu capoté que le gouvernement instaure des lois qu'il ne respecte pas. […]. Il faut respecter les terres agricoles et le protocole de Kyoto». Faut-il lui rappeler que la possibilité pour le gouvernement de dessaisir la CPTA d'un dossier est inscrite dans la loi constitutive de cet organisme et que le protocole de Kyoto est une entente internationale signée par le gouvernement du Canada (et non du Québec)?
De son côté, Yvan Pouliot affirme qu'«un projet comme celui-là ne doit pas s'installer sur un site du patrimoine mondial». À ce que je sache, la pointe de la Martinière n'est pas un site du patrimoine mondial et Rabaska prévoit s'installer dans une partie du territoire lévisien zonée «industrielle». Quant à lui, Geoff Thorpe affirme : «C'est juste une autre méthode pour consommer davantage d'énergie et je ne peux pas concevoir que ça réponde aux besoins des Québécois alors qu'on va polluer davantage». En quoi, M. Thorpe, la construction de Rabaska va-t-elle entraîner une hausse de la consommation d'énergie, et en quoi le remplacement du mazout lourd et de centrales au charbon par le gaz naturel va-t-il accroître la pollution ?
Anna Brandl, arguant des périls de la navigation sur le fleuve, accuse le gouvernement d'irresponsabilité parce que «des enfants vont être exposés aux dangers d'un éventuel accident». S'est-elle demandée qui nourrira ces enfants si le gouvernement refuse son aval à tout projet qui n'est pas sécuritaire à 100% ? Édith Sanfaçon, enfin, pense «que cet argent-là devrait être investi ailleurs pour trouver des moyens de développer de manière écologique». Outre le caractère sentencieux de son affirmation, la jeune femme aurait intérêt à étudier les différences entre le capitalisme et le communisme pour comprendre que nous avons affaire ici à une entreprise qui a décidé d'investir dans le transport, la transformation et la distribution de gaz naturel dans une économie de marché et non d'un gouvernement autocratique qui décide autoritairement des priorités économiques et des modes d'investissement et à se rappeler que dans un système à la soviétique, elle n'aurait même pas eu l'occasion d'exprimer son opposition.
Sornettes, billevesées et contrevérités sont au menu du mouvement Rabat-Joie depuis sa création, et ceci dans le seul but de semer le doute dans la population et ainsi de forcer le gouvernement à reculer. De la part d'individus et de groupes qui se présentent comme détenteurs de la vérité et défenseurs de la justice, on aurait pu s'attendre à plus de rigueur et à un plus grand respect de l'opinion publique.
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Marc Simard*
Professeur d'histoire

Cégep François-Xavier-Garneau
*Auteur de Les Éteignoirs. Essai sur le «nonisme» et l'anticapitalisme au Québec
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L'auteur enseigne l'histoire au Collège François-Xavier-Garneau.
Auteur de "Les éteignoirs - Essai sur le nonisme et l'anticapitalisme au Québec", publié aux Éditions Voix Parallèles





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