« En juin 2014, les sondages estiment à 44 % les souverainistes québécois. » Michel Aubin, Tribune libre, Vigile, 20 Mai 2015.
Voilà bien une donnée inopérante si l’immense majorité des souverainistes québécois provient de la seule majorité francophone.
Nous passons allègrement sous silence qu’il y a un éléphant dans le salon, que le PLQ tire sa force électorale du vote unanimiste et ethnique de tout ce que « le Québec » est capable de produire d’anti-Québec, et cela depuis plus de 60 ans, donc bien avant que les indépendantistes n’apparaissent dans le paysage politique de la province, s’enfermant alors rapidement avec cette idée fixe, la plus saugrenue qui soit, que c’est à eux-seuls, les indépendantistes, qu’il incombe la mission de « convaincre » la nation. Comme si, en face, la gang du PLQ. (la partie émergée du West Island) pouvait compter, elle, cette toute petite gang, sur une masse de fédéralistes québécois déjà convaincus aux vertus intrinsèques du fédéralisme canadien. Rien à voir. Cela n’a strictement rien à voir. De même que prétendre que les souverainistes sont à 42 ou 46 ou 51 %, cela n’a rien à voir non plus. Voilà des chiffres et des paroles verbales sans aucune portée stratégique !
La gang qui pavoise actuellement à Québec compte en réalité sur un vote historique mais captif, celui de ces « libéraux automatiques » dont nous parlait René Lévesque dans ses Mémoires, en réalité maintenant un vote anti-Québec, vote qui se défile et qui se cache encore, certes, mais qui s’affranchira un jour, qui cachera effectivement de moins en moins qu’il s’agit d’un vote anti-Nous. L’attentat contre Pauline Marois, la péquiste souverainement élue à l’instant, c’était aussi un attentat contre Nous. Et c’est tout le mouvement indépendantiste qui a feint et qui feint encore que cela n’était rien, qu’il n’y a encore rien là.
Cette petite gang agissante du PLQ, téléguidée par des intérêts hostiles et soutenue par un électorat captif et apeuré, compte en plus sur une partie significative de l’électorat franco. Cela suffit pour lui assurer le pouvoir pendant très longtemps. Le West Island, c’est-à-dire les intérêts économiques (une immense constellation autour de Power Corp) et les intérêts politiques (une constellation maudite autour de Radio-Canada) convergent tout naturellement et s’appuient sur un électorat indéfectible, capable à lui seul de défaire tous les référendums imaginables.
Comment briser cette convergence-là ? Voilà bien le véritable défi des indépendantistes qui « sont sortis du registre de l’idéal » selon l’expression de Jean-Claude Pomerleau ici même sur Vigile.
Pour autant, la p’tite gang du West Island qui Nous tient lieu de gouvernement n’a pas le soupçon du début d’un commencement de « projet de société », hormis bien sûr celui de toujours canadianiser davantage le Québec, de le multiculturaliser et le mettre à niveau au point qu’il en perde tout réflexe à protéger sa spécificité comme son identité. Cependant, ça fait une méchante mèche que le West Island triomphe sans aucun véritable « projet de société » !
Ce n’est donc pas vraiment avec un tel « projet de société», de gauche ou pire, de gôche, tout idéaliste qu’il puisse être, ce n’est pas avec cela qu’on ébranlera cette fidélité électorale anti-Québec qui a si bien servi les opposants et les ennemis de l’Indépendance, eh oui, eh oui, que même QS est devenu une plate-bande du NPD, cette maudite fidélité qui nous a desservis à ce point que même la révélation d’’une gigantesque Corruption dans la belle province ne l’a pas du tout égratignée ni amoindrie, et ne l’égratignera pas de sitôt.
Peut-être au fond les Québécois sont-ils en train de se désintéresser tranquillement du Québec, au fur et à mesure qu’ils ressentent leur incapacité à contrebalancer le vote anti-Québec qui s’envole à chaque nouvelle élection, qu’ils ressentent leur impuissance à se rallier à eux-mêmes, d’une même Voix. C’est que, voyez-vous, hélas, la dernière fois que Nous avions parlé d’une seule voix, c’était en faveur de PET…
C’est seulement avec le Pouvoir qu’on peut « convaincre », parce qu’alors on peut contraindre… Les indépendantistes ont déjà compris cela, du moins le docteur Laurin l’avait compris… mais ils l’ont oublié pour mieux se réfugier dans les traquenards de la pensée magique de l’idéalisme de gauche et du référendum à la noix.
Un parti politique, c’est une patente faite précisément pour prendre et garder le Pouvoir. S’il fallait que le PQ ne reprenne jamais le pouvoir, ce parti disparaîtra assurément, et son idéal aussi bien que son quelconque « projet de société » disparaîtront avec lui. C’est bel et bien ce qui est arrivé naguère à l’Union Nationale, (qui avait un idéal, mais n’avait pas à proprement parler de « projet de société »), cependant que le funeste PL.Q. a survécu, lui, sans aucun idéal ni aucun « projet de société ».
Il faut bien voir que le West Island n’a jamais surestimé aucun « projet de société » ni n’a jamais sous-estimé le pouvoir…
La Gauche indépendantiste a failli lamentablement. Elle est maintenant totalement disqualifiée pour faire la leçon au patriote PKP. Le nouveau chef du PQ peut (et devra, tôt ou tard) mettre sur la touche sa propre gogoche péquiste, absolument contre-productive, qui enquiquine le PQ et qui l’enfonce depuis longtemps, ou alors, hélas, hélas, les mêmes causes produisant les mêmes effets, il sera lui aussi, tout PKP qu’il est, victime de son propre parti.
Plus loin cette fois, d’un strict point de vue de realpolitik, ce n’est plus véritablement avec la gauche, (de QS jusqu’à ON.) qu’un PQ nettoyé (expurgé ?) devra faire un pacte de non-agression…s’il veut le Pouvoir évidemment, s’il croit vraiment pouvoir en faire Quelque Chose du Pouvoir, s’il est prêt pour cela à se salir un peu les mains… PKP m’apparaît être le premier depuis très longtemps, le seul capable de jouer cette partie-là et gagner. Gagner ! En finir avec cette terrible réputation que nous nous sommes méritée.
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4 commentaires
Marcel Haché Répondre
26 mai 2015@Ssauvé
Merci aussi pour votre commentaire.
Je crois que nous partageons le même Espoir. Cependant, parmi la liste de projets que vous énumérez, beaucoup peuvent être entrepris dans le cadre du fédéralisme. Évidemment, l’Indépendance lèverait beaucoup d’entraves… Un très gros plus !
Cela dit, tous les projets que vous énumérez ne sont pas tous aussi « porteurs » qu’ils n’y paraissent. Par exemple, la souveraineté alimentaire, personne ne peut être contre la « souveraineté alimentaire » commencée par notre ami Jean Garon. Mais c’était dans le cadre d’une gouvernance provinciale qu’elle avait été entreprise la souveraineté alimentaire- je ne suis pas celui qui va dénigrer la gouvernance elle-même, fut-elle provinciale- et à ce titre, provinciale, n’a jamais été une politique « porteuse » à l’égard de l’Indépendance. Ce projet serait devenu plutôt quelque chose comme une très vieille politique, qui a très-très mal vieillie, cependant que personne ne saurait s’opposer, bien évidemment, à la souveraineté alimentaire elle-même.
Voyez-vous, je suis de ceux qui souhaiteraient qu’on mette la hache dans cette fameuse « protection » des fameuses terres qui sont devenues de simples terres à blé d’Inde, et cela tout autour de Montréal. Cette immense ville s’étouffe sur ses ponts à tous les jours en partie pour cette raison que Nous avons peur d’avoir peur de l’étalement urbain. Nous ne manquons pourtant pas d’espaces…
C’est l’Identité qui est le projet le plus porteur dans la conquête du Pouvoir, un préalable à l’Indépendance. L’Électorat ne s’intéresse qu’à lui-même. Si les québécois ne s’intéressent plus au Québec ni à eux-mêmes, le P.Q. est quelque part comme dans le trouble avec son projet de société sous le bras.
Faut simplement s’adresser au bon électorat, (qui est immense), si on veut réellement fixer un grand rendez-vous…
Archives de Vigile Répondre
25 mai 2015@ Chrystian Lauzon.
Merci pour votre commentaire. Je crois que vous contestez avec moi cette immense prétention d’une certaine gauche à l’effet qu’il n’y a qu’à gauche qu’existe une volonté d’égalité et de fraternité.
Le Canada n’est pas un goulag. Mais la domination qui s’y exerce sur les individus fait en sorte que c’est tout un peuple qui est prisonnier d’une structure politique désuète, incapable qu’elle est d’assurer la sécurité de notre identité.
Par ailleurs, ce sont bel et bien les fédéralistes, et non pas des indépendantistes, qui jasent de monter le salaire minimum à 15 $ de l’heure. L’Indépendance du Québec ne saurait rien promettre de la sorte, cependant que cela serait déjà pas mal du tout merci s’il s’agissait de libérer notre force travail, notre force de travail à Nous, présentement entravée, comme il arrive depuis si longtemps aux chantiers de la Davie.
L’indépendance ? Certainement pas pour travailler « moins » ! Plutôt pour « enfin » travailler, et « enfin » donner notre mesure.
Simplement ne plus être, ou paraître être entretenus par le Canada, constituerait une révolution autrement plus féconde pour Nous que tous les « projets de société » réunis de toutes les gauches désunies.
Stéphane Sauvé Répondre
25 mai 2015Excellent texte en effet, mais ça manque de solutions pour PKP. Idem pour Lauzon. On sent le cri du cœur...la tête doit suivre.
Cette tête on devra se la faire autour d’un projet de société qui est rassembleur. Et ce côté "rassembleur" d’un projet, on le trouvera autour de ce +- 80 % de la population qui est d’accord avec :
— Le contrôle de notre eau (nappes phréatiques, Fleuve St-Laurent, Lac des Grands Nord, etc.);
— La transformation de nos ressources naturelles, ici sur nos terres;
— L’interdiction d’organismes génétiquement modifiés (OGM) sur nos terres, au pire (si on ne se rend pas là), l’étiquetage obligatoire des OGM sur les emballages de produits alimentaires (ou en vrac);
— L’interdiction pour les médecins de pratiquer à l'étranger pour une période de 10 ans, si ils ont obtenus leurs formations (gratuites) au Québec , faute de quoi, augmentation des impôts;
— L’électrification des transports au Québec (ou mieux, l’indépendance énergétique d’ici 20 ans);
— La souveraineté alimentaire (celle que préconisait notre ami Garon) d’ici 10 ans;
— Un système d’éducation pratique et performant , qui permet à nos jeunes de s’nspirer à travers des projets concrets/pratiques où ils mettent en application leurs connaissances (question notamment, de réduire drastiquement le taux de décrochage;
— Un système de taxation révolutionnaire beaucoup plus juste, transparent et démocratique qui permet aux citoyens d'évaluer leur gouvernement sur une base annuelle et décider où une portion de leurs impôt doit aller (10% en éducation, 30% à l'éducation, etc.);
— Un système carcéral performant où nos prisonniers et ex-prisonniers peuvent enfin retrouver leur place dans le système (versus aller apprendre le crime); terminé ces folies de dépenses où il en coûte près de 100 000 $ par prisonnier pour les garder improductifs et misérables entre deux murs , ex: des prisonniers qui purgent leur peine dans le Grand Nord pour reboiser le nord, réhabilite d’anciens sites miniers, etc.;
— Un système de taxation intelligent qui taxe les produits nocifs pour la santé (malbouffe, drogue (qui est légalisé, mais taxé), etc.);
- Une taxe sur les transaction bancaire;
Et j’en passe.....
C’est là où nous gagnerons.
Quant à West Island, il s’agit :
1. D’obliger les nouveaux immigrants à aller ailleurs au Québec; Les Québécois seront à grande majorité d’accord avec cela;
2. Développer et mettre en place un programme efficace d’intégration des immigrants);
3. Renforcer la loi 101 et son application;
4. Encourager par des mesures fiscales le déménagement de Québécois de souche (et oui) dans ces ghettos modernes où les oligarques ne pourront plus (ou beaucoup moins) financer les poches de résistances au sein du Québec, une fois devenu un pays (comme ce fut fait en Yougoslavie, Libye, Syrie, etc.).
Oui, la coupe est pleine. Mais quel beau projet !
Chrystian Lauzon Répondre
24 mai 2015Merci M. Haché. Excellent texte. Ce n'est pas avec les partis politiques ou leurs amalgomeux chef(fe) que PKP a à créer coalition, mais avec l'intelligence stratégique des indépendantistes pour vrai, pour le Vrai... Pays. Et le grand oublié oublieux, de toutes parts: le peuple, si analphabêtisé, pas qu'éducativement, mais entretenu dans l'obnubilodébilation politico-médiacrassiquement.
À l'appauvrissement économique galopant du Québec par le PLQ/CAQ démaraisque (économie négativement pensé pour les peuples-nations), correspond la pauvreté de conscience de la nation québécoise envers elle-même, la valeur qu'elle pourrait être, prendre et partager. Le repli de pauvreté tel une peau de chagrin, ne sera pas épargné par les milieux cadres et corporatistes syndicaux, qui eux aussi font leur puissance sur le dos des travailleurs syndiqués, sur le même mode du "bargaining power" que les Céré, Dubuc conçoivent leur vision avec Ottawa ou l'indépendance-si-nécessaire.
Cette gauche convoitise en priorité (sur l'indépendance) la même puissance d'argent dont elle se prétend désintéressé pour cracher ludiquement sur la droite. La pseudo Teresa-David et Khadir qui dédaigent s'asseoir à côté de PKP, ne sont-ils pas eux-mêmes millionnaires? Mme David ne critique pas du sa soeur outremontaine, ministre de la culture qui baigne dans l'argent libéral avec jubilation translatique. Ni Khadir ne s'éhonte pas beaucoup sur les mines, puisque son patrimoine paternel s'y trouve à faire dans la multinationale. C'est amusant de jouer les pauvres démagogiquement. Quand chacun-e ne sera plus parti pris mais indépendance prenant, ils et elles ne seront plus dupement membres exploité par leur pseudo-gauche dirigeante qui mange à la même table de la droite en coulisses, dont il se distancient sous le projecteur politique et médiatisé. Suivez l'argent, pas les chef(fe)s de partis politique et leur clan rapproché privilégié.
PKP parle au peuple pour le peuple, pour le vrai, pas pour lui mentir, cela, une nation éveillée devra le ressentir de plus en plus pour se libérer. Il est milliardaire pour nous et pour l'indépendance, c'est déjà beaucoup ;-). Et comme le disait le tristement devenu QS Yvon Deschamps : "Vaut mieux vivre riche et en santé que pauvre et malade!". David, la trotskiste, et Montmarquette, le communiste, doivent la trouver bien drôle celle-là!
Enfin, indépendantistes, si facile à séduire comme chien trop souvent battu qui lèche la première main flatteuse, méfiez-vous de Faitma Houda-Pepin, cette fédéraliste enragé, sagardienne du fédéralisme qui partage et prépare sans doute une "petite" vengeance avec les Desmarais envers Couillard (souvenez-vous d'un CHUM qui devrait se trouver plus proche du territoire des riches!). Houda-Pepin n'est pas Notre ami, ni des vigiliens, ni des indépendantistes, ni du nationalisme autre que Canadian: elle rêve de mettre au pas le Québec au niveau fédéraliste d'un West Island, tout comme elle avait mis le PQ au serment sur le Coran plutôt que le serment d'honneur de René Lévesque.
Fatima Houda-Pepin (sans accent français sur le "e"! certains l'oublient, même des littéraires sur Vigile), regardez-la aller: c'est "l'intelligence" devenant PLQ (et nécessaire désormais) qui remplace déjà Couillard dans l'Oeil Total des Desmarais, pour faire face à PKP. Elle, elle Nous en prépare tout un projet (régressif et néolibéraliste - et les QS sont absents pour la critiquer!), et beaucoup, même chez les indépendantistes, fondent d'une naïve admiration devant elle. Peut-être la seconde première ministre femme s'annonce avec elle, libérale et fédéraliste inconditionnelle, qui n'aura, à la différence de Marois, rien de mollassonne et d'indécise, tout aussi anti-radicalistes religieux qu'elle sera radicalement anti-indépendantiste et absolutiste politiquement.
PKP a du bois sur la planche, et nous ne sommes pas sortis des bois, ni de celui des fédéralistes, ni des Harper, ni des West Islandistes. Même si Couillard est proche de la porte, par défaut face au prédateur en chef, puisque le dé-modelage est presqu'achevé d'un État jadis social-démocrate... en ruine à l'évidence pour tout journaliste honnête: mais en reste-t-il un dans la salle?!!...
Chrystian Lauzon