FTQ

Réforme en profondeur au Fonds de solidarité

Mentionné à plusieurs reprises à la commisison Charbonneau, le p.-d.g. Yvon Bolduc est congédié

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Pendant ce temps qui va tirer au clair la perte de 40 milliards de la Caisse de dépôt?

En réaction aux révélations fracassantes de la commission Charbonneau, le Fonds de solidarité FTQ procède à un ménage en profondeur et propose une série de mesures visant à revoir ses règles de gouvernance. Non seulement les dirigeants du Fonds montrent la porte à son p.-d.g., Yvon Bolduc, mais ils créent de nouveaux pare-feu entre la FTQ et le Fonds en renonçant à nommer la majorité des membres et en refusant que le président de la FTQ siège à titre de président du conseil d’administration Fonds.

Parlant d’un « nouveau départ », le président de la FTQ et président intérimaire du conseil d’administration du Fonds, Daniel Boyer, a annoncé le congédiement d’Yvon Bolduc, dont le nom a été maintes fois cité à la commission Charbonneau. « Je pense que c’était inévitable si on voulait se redonner un élan dans le but d’appliquer cette nouvelle gouvernance », a-t-il soutenu en conférence de presse jeudi.

Le p.-d.g. du Fonds partira le 31 mars, mais il ne le fera pas les mains vides. Pour avoir brisé son contrat, le Fonds devra lui verser une indemnité de départ d’un peu plus de 1,1 million, soit l’équivalent de deux années de salaire. « Ça peut paraître énorme pour les membres qu’on représente, mais c’est un p.-d.g. d’une grande institution financière, ce sont les conditions qu’on retrouve », s’est défendu Daniel Boyer. Le remplaçant d’Yvon Bolduc n’est pas encore connu.
Robert Parizeau remplace Boyer

Dans ce vaste remaniement au sommet, Daniel Boyer perd également son titre de président du conseil d’administration du Fonds, un poste qui a toujours été assumé par le président de la FTQ. Mais le comité spécial de gouvernance, mis sur pied dans la foulée de la commission parlementaire qui s’est tenue l’automne dernier à Québec, a jugé opportun de rendre le Fonds plus indépendant en séparant les deux postes. « C’est un point majeur d’une gouvernance saine pour le futur », a souligné le président du comité de gouvernance, Pierre-Maurice Vachon.

Si Daniel Boyer, comme son prédécesseur Michel Arsenault, a affirmé dans le passé qu’il tenait à conserver ce poste, il a dû réviser ses positions et accepter l’inévitable. « L’évolution des discussions qu’on a eues au comité de gouvernance a fait en sorte qu’il était préférable de séparer les deux. C’est donc sereinement que je le fais. » Bon joueur, il a même remercié son successeur de lui laisser ainsi le temps de se « consacrer à temps plein aux affaires syndicales ».

C’est Robert Parizeau, homme d’affaires et frère de l’ancien premier ministre Jacques Parizeau, qui prendra la relève. Ce dernier siégeait déjà au comité de gouvernance à titre d’expert, et il a tellement impressionné ses membres que le Fonds lui a proposé le poste de président du CA. En attendant les changements législatifs nécessaires à son entrée en fonction, il se consacrera à « parfaire ses connaissances » sur cette « grande institution » qu’est le Fonds de solidarité. « Il faut faire un certain nombre d’ajustements au niveau de la gouvernance, a convenu M. Parizeau. Néanmoins, tout ceci doit se faire dans le respect des parties prenantes, en se souvenant que le Fonds de solidarité ne serait pas ce qu’il est et ne pourrait pas continuer à se développer à long terme sans l’appui indéfectible de la FTQ. »

La FTQ renonce également à nommer la majorité des administrateurs du conseil du Fonds. La direction de la centrale nommera désormais 7 des 19 membres du conseil, plutôt que 10. Le comité de gouvernance et d’éthique proposera de son côté la candidature de 7 candidats indépendants, qui devront être élus par les actionnaires lors de l’assemblée annuelle. La FTQ pourra toutefois conserver sa majorité à travers les 4 administrateurs élus par les actionnaires après un appel public, mais ultimement, ce sera aux actionnaires de décider.
Projet de loi

Cette série de changements devra être officialisée par l’Assemblée nationale qui pourrait être tentée de resserrer davantage les règles du jeu. Mais déjà, Daniel Boyer y va d’un avertissement : « Je fais une mise en garde aux parlementaires, je les invite à travailler avec nous dans le cadre de cette réforme de notre gouvernance. Il faut réformer sans briser. Le Fonds, au-delà de la réforme, c’est avant tout 2200 responsables locaux qui vendent des actions dans les milieux de travail. Il y a un lien d’appartenance qui doit demeurer entre nos actionnaires qui sont encore composés à 60 % de syndiqués, et leurs représentants qui sont au conseil d’administration. »

À Québec, le Parti libéral et la Coalition avenir Québec (CAQ) se sont tous deux réjouis des propositions du Fonds, demandant au gouvernement Marois de déposer le plus rapidement possible un projet de loi pour modifier la Loi constituant le Fonds de solidarité des travailleurs du Québec. « Maintenant que le Fonds lui-même réclame ces changements, nous espérons que nous pourrons procéder avec l’adoption d’un projet de loi avant de nous lancer dans une campagne électorale », a soutenu Christian Dubé de la CAQ.

Par voie de communiqué, le ministre des Finances, Nicolas Marceau, a fait savoir qu’il analyserait le contenu de la proposition et qu’il déposerait « prochainement » le projet de loi tant attendu.


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