Répondre au rap ? État des lieux de la victoire culturelle d’une musique anti-française

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La France africanisée est submergée par le rap qui distille la haine de la patrie

Pour Noël 2019, la Légion a mis en ligne Booda, un clip de rap, le but affiché est de recruter des Français. Cette a-culturation, validée par le commandement, faite par une institution appréciée des Français, connue et respectée des armées du monde entier, marque une étape. Elle impose une petite reconnaissance sur le front musical occupé par le rap.




Le rap est la musique de la France


 En 2019, le titre le plus streamé de tous est Au DD, du groupe PNL, avec plus de 54 millions d’écoutes. Une semaine après sa sortie en avril, le clip comptait déjà plus de 25 millions de vues : un record pour un francophone. A titre de comparaison, les trois titres francophones les plus regardés sur YouTube en 2018 n’ont jamais réussi à dépasser la barre des 15 millions de vues en une semaine. Le dernier à avoir réussi un tel score est Soolking avec Libertéune chanson devenue l’hymne de la contestation en Algérie…Certains artistes français (PNL et Nekfeu) rivalisent directement avec leurs concurrents US ! Le rap est devenu la musique la plus consommée au monde. Voitures de luxe, armes, drogue, argent, femelles caucasiennes, violence, haine de la France, les ingrédients des clips de rap sont tous les mêmes. Dans la transformation de nos sociétés occidentales, à partir des années 1990, le rap a pris la place occupée par le rock au tout début des années 1960 et le rock sera bientôt réservé aux EHPAD. Drogue, sexe, subversion, comme le rock trente ans avant, le rap engage la jeunesse dans le grand remplacement des valeurs ancestrales. Le rap est même en train de submerger la chanson française. Les rapprochements avec les figures du métier sont comme autant d’adoubements : Ministère Amer et Johnny, Kery James et Charles Aznavour, Maitre Gims et Vianney. Les rappeurs citent Brassens, Brel, Gainsbourg et Renaud, et on ne compte plus les emprunts assumés : La Fouine et Maxime Le Forestier ou JoeyStarr et Moustaki. A force de vouloir niquer la musique de France, le rap est devenu la musique de la France. Il a éliminé toute concurrence sur le front musical.


Combattre l’identité nationale


La chanson traduit les évolutions de la société et ce serait une erreur de croire que l’influence du rap est cantonnée à la jeunesse et aux banlieues. Fidèle à ses traditions, la Légion s’adapte à cette évolution car le rap a conquis toute la société et l’audience de ses artistes a depuis longtemps débordé du domaine musical. Si dans ses débuts, il était affecté à la promotion des vêtements de sport (Adidas, Nike, Reebok,…), il est maintenant dans le luxe (Yves Saint-Laurent, Louis Vuitton, Dior, Max Jacobs, L’Oréal,…), Sprite, Coca-Cola et Hennessy l’ont adopté. Comme les films et les séries TV, les clips derapfont la promo de toutes sortes de produits (sites de ventes, abonnements, crédits, boissons, alimentation,…). La révolte initiale est devenue une simple posture commerciale. Le moyen d’expression des banlieues a été récupéré par la finance.


Institutionnalisé par la pub et la TV, le rap peut maintenant occuper une place officielle aux côtés du représentant de l’Etat. Pour la Fête de la musique, en 2019, l’Elysée avait installé le duo Brigitte sur les marches du perron. Dans son style caricaturalement sirupeux, il a connu son premier succès en 2010 avec une reprise du titre de NTM (JoeyStarr), Ma Benz. Le rap recyclé pour les beaux quartiers, la traduction en chanson du couple mixte dans les visuels des pubs. La preuve : plus de 3 millions de vues sur le compte YouTube du Figaro Live Musique.


En décembre dernier, Vegedream était dans la délégation officielle de Macron pour sa visite en Côte d’Ivoire. Le rappeur est notamment connu pour son tube Ramenez la coupe à la maison qui était devenu l’hymne des Bleus lors du Mondial en Russie. Il chante aussi « j’vais niquer des mères. je vais tout casser ». En 2016, c’était Black M qui devait animer les commémorations de Verdun. Si l’on considère son audience, il n’y avait pas d’erreur de casting dans le choix du rappeur, juste un peu de précipitation. Encore avant en 2007, c’était Doc Gynéco qui soutenait Sarkozy pour sa candidature à la présidentielle, effondrant les ventes de ses albums et l’obligeant à s’écarter du rap. Mais il avait rempli sa mission, le candidat avait été élu.


Un conflit culturel déjà gagné ?


Les provocations des rappeurs ne sont qu’un moyen d’assécher la concurrence. Leur objectif est sans ambigüité : combattre l’identité française. Déjà en 2001, Fabrice Robert, fondateur des Jeunesses Identitaires et bassiste du groupe de RIF (Rock identitaire français) Fraction, avait lancé une campagne contre le racisme anti-blanc du groupe Sniper : « La France est une garce et on s’est fait trahir/ On nique la France sous une tendance de musique populaire/ On se fout de la république et de la liberté d’expression ».


En pleine promotion de son nouvel album, le groupe avait été obligé d’annuler vingt concerts et Sarkozy, ministre de l’Intérieur de l’époque, de saisir la justice. L’affaire se termine par une relaxe en appel, le tribunal ayant apprécié la dimension symbolique du rap « qui ne reste avant tout qu’un mode d’expression utilisé par l’auteur pour exprimer la désolation et le mal de vivre des jeunes de banlieues ».


Autre exemple plus récent, en 10 ans Nick Conrad avait sorti cinq albums avec une audience atteignant péniblement les 10 000 vues sur sa chaîne YouTube, la loose. Pour percer, il a dû changer de braquet. Résultat en septembre 2018, il diffuse son clip Pendez les Blancs, véritable appel au meurtre :


Je rentre dans des crèches, je tue des bébés blancs


Attrapez-les vite et pendez leurs parents.


Cette “œuvre musicale” lui valait seulement 5 000 € d’amende avec sursis en avril 2019. La clémence des juges n’a pas calmé l’artiste, il veut montrer qu’il a du talent et remet ça juste après le jugement avec Doux Pays en clamant « J’ai baisé la France, baisé la France jusqu’à l’agonie. J’ai brûlé la France, doux pays de mon enfance… ». Le titre plafonne à 470 000 vues sur la page YouTube de l’artiste, une misère. Sanction : c’est le ministre de l’Intérieur qui demande l’ouverture d’une enquête.


Terrorisme, viol, drogue et mansuétude des juges


Comme tant d’autres “artistes”, Nick Conrad invoque « la liberté d’expression et la liberté artistique » si souvent utilisées comme prétexte. Dans la vidéo, il étrangle une femme blanche, symbolisant selon ses dires « la mentalité française ». Le message de mise en garde au début du clip et l’explication à la fin, sont censés justifier sa démarche, poétique ? Dans un autre clip mis en ligne au même moment, il joue les victimes du racisme dans une interminable explication où il pratique l’amalgame en utilisant l’argument de la traite négrière.


Avec le rap, les juges adoptent systématiquement une interprétation très extensive de la liberté d’expression. Pourtant 66 % des juges sont des femmes et l’on pourrait s’attendre à moins de mansuétude de leur part si l’on considère que « to rape » a pour signification « violer » en anglais. Si parfois les politiques montrent une réprobation, ils ne contestent jamais la clémence des tribunaux censés juger des appels au meurtre, au lynchage, au viol, etc. Plusieurs de ces artistes ont été condamnés à des peines de prison, pour utilisation d’armes à feu, trafic de drogue, racket, braquage, violence aux femmes, jamais pour leurs chansons. De plus, les radios diffusant ces répertoires ne sont jamais inquiétées par le CSA, qui sait être sourcilleux.


Poids lourds de la musique hexagonale


L’expansion de l’influence du rap depuis les années 2010 intéresse particulièrement les politiques, d’autant plus à l’affut de relais auprès des électeurs que leur argumentaire est inconsistant et leur discours inaudible. Sur le front culturel musical, les rappeurs sont des alliés très utiles, des prescripteurs indispensables pour le vote des jeunes, Sarkozy l’avait compris en 2007. Tant que ceux qui contrôlent le pouvoir contrôlent aussi la musique, ils sont intouchables. En 1985, Mitterrand organisait le grand concert de SOS-Racisme sur la place de la Concorde pour masquer l’échec du Programme commun et de sa politique économique. En France, le festival musical le plus important reste la Fête de l’Huma (266 000 festivaliers par jour), si les chiffres sont fiables. Il illustre parfaitement comment la musique apporte une caution culturelle à un parti politique qui a perdu toute audience. Loin derrière, on trouve le Festival Interceltique de Lorient, les Solidays, le Festival des Vieilles Charrues et le Hellfest (entre 75 et 60 000). Dès 1991, les rappeurs JoeyStarr, NTM et Kool Shen étaient invités au Printemps de Bourges. Actuellement, les rappeurs ont leurs propres festivals.


Handicap politique


 En France, la synergie entre la musique et les politiques passe par les médias, tous sous contrôle, et par les subventions. Quasiment aucun concert grand public ne fonctionne sans subventions. Ceux qui sortent de ce cadre sont dénoncés. Seul le Front national a pu produire des groupes de RIF (Rock Identitaire Français), comme pour sa fête des BBR en 1996 et 1998. Mais en octobre 1998, le Stadium de Vitrolles où devait se tenir un concert de RIF était détruit par un attentat. Après 1998, la musique devient un accessoire. Les Forbans sont invités pour un conseil national du parti en 2012. Plus professionnel que politisé, le groupe est aussi invité à la Fête du cochon d’Hayange en 2017. En 2015 aux arènes de Fréjus, c’est In Memoriam et La Souris Déglinguée qui font les frais d’une campagne médiatique. Le 1er parti politique de France, celui qui a été capable de porter sa candidate au 2e tour de la dernière élection présidentielle a déserté du front musical. N’étant pas en mesure de s’appuyer sur un courant musical, il affronte son adversaire avec un lourd handicap.


La musique “néo-nazie” soutenue par l’Europe


 Les politiques suivent de très près toutes les créations musicales. En juillet dernier, le gouvernement prononçait la dissolution de Blood & Honour, l’émanation d’une organisation britannique ayant à son actif guère plus d’un à deux concerts annuels dans l’Hexagone, privatisés et donc à l’audience confidentielle. On pourra s’offusquer des programmes et dénoncer de la musique “néo-nazie”, sauf que ni le Gouvernement français ni aucune instance européenne ne se sont inquiétés du festival organisé à Kiev, capitale de l’Ukraine, réunissant tous les groupes européens de cette mouvance. Ce festival a lieu très officiellement depuis cinq ans avec le soutien du mouvement Azov dont le régiment appartient à la Garde nationale ukranienne, sous l’autorité du ministère de l’Intérieur. Le Premier ministre ukrainien avait assisté au concert d’un de ces groupes en octobre. Le soutien ukrainien à ce courant musical européen pourchassé sur le reste du continent s’explique par l’instrumentalisation de ces activistes. Ils sont utilisés pour combattre les indépendantistes dans le Donbass et pour commettre des attentats comme le meurtre du journaliste biélorusse Pavel Cheremet en 2016 ou celui projeté contre Salvini en juillet 2019. Le seul à l’avoir dénoncé est le quotidien Haaretz, le silence des rédactions européennes est éloquent sur leur duplicité et le rôle de la musique.


Bien qu’interdites de tout moyen de diffusion autre qu’internet, et encore puisque leur compte YouTube totalisant plus de 10 millions de vues avait été fermé en février 2019, Les Brigandes sont convoquées à l’Assemblée nationale par la commission de lutte contre les groupuscules d’extrême-droite. Cette extraordinaire convocation, unique dans les annales de la chanson française, met en évidence l’inquiétude des parlementaires et l’importance qu’ils accordent à la musique.


Réinvestir le front musical


Cette attitude contraste avec celle de l’opposition. Le terrain culturel a depuis longtemps été abandonné à la Gauche, si le terme a encore un sens. Une reconquête politique ne peut s’envisager sans une politique musicale. Visionnaire, JMLP avait fondé une société d’édition sonore, mais la scission de 1998 avait porté un coup fatal au seul courant musical ayant apporté son soutien au Front national.


La récupération du rap qui passe de courant subversif des banlieues à partenaire commercial et soutien politique montre que le front musical ne peut être abandonné. Dénoncer ses chansons jamais condamnées est improductif si aucun artiste n’est en mesure de répondre sur le terrain de la chanson. Depuis Béranger en passant par les Soviétiques, tout pouvoir devrait savoir qu’en matière de chanson, la censure est contre productive. La réponse n’est pas dans la coercition mais dans la sélection et la promotion de talents capables d’intervenir sur le terrain musical.


Le rap mène une guerre en tenant un langage de combat. Il s’était invité dans la présidentielle avec les groupes No One Is Innocent et Darcy qui brûlaient des masques à l’effigie de Marine Le Pen en chantant « La Marine se prend pour Marianne. Mais si tu veux finir dans l’urne, il faudra te cramer, comme Jeanne d’Arc sur le bûcher » ou encore « Crève, crève, crève fille de putain, crève ». Avec la dernière “Punchline” qui a vu fuser les tweets contre Julien Odoul, les rappeurs affichent la couleur pour les municipales. Bien conseillés, ces artistes savent qu’ils sont plus efficaces dans la propagande indirecte. Plutôt que de s’afficher avec un candidat ou une formation politique, ils s’en prennent à leurs adversaires dans les médias et surtout les réseaux sociaux. En portant des attaques sur le front musical, ils sont les alliés objectifs des opposants de ceux qu’ils visent. Plus besoin de meetings ni d’argumentaires, ils se chargent d’une propagande d’autant plus efficace qu’elle est simpliste, violente et médiatisée. Engagés dans le combat contre “la haine”, les rappeurs se positionnent dans le courant mondialiste et antiraciste, contre tout ce qui peut relever des conservateurs et de l’identité française. En face, c’est le désert.


Thierry Decruzy

10/01/2020