Sauver RONA...avant de passer au suivant!

Mais qu’en est-il des conséquences directes de cette transaction?

Tribune libre

C'est le 6 octobre 1939 qu'un groupe de quincailleries fonde Les Marchands en Quincaillerie ltée afin de contourner un monopole qui menaçait leur approvisionnement. Leur mission est de regrouper les commandes afin d'obtenir de meilleurs prix. Quelques années plus tard, Rolland Dansereau et Napoléon Piotte accèdent aux commandes de l'entreprise qui deviendra le Groupe RONA inc.

Or, 77 ans plus tard, RONA, un fleuron de l’économie québécoise, est sur le point d’être vendu au géant américain Lowe’s pour la somme de 3,2 milliards $, une transaction qui « réjouit les actionnaires ». Tel est l’argument massue utilisé par les propriétaires de l’entreprise pour jeter un peu de baume sur cet accord.

Mais qu’en est-il des conséquences directes de cette transaction, à savoir la perte du siège social au Québec et des emplois de ceux qui y travaillent, son engagement dans la communauté et les emplois liés aux fournisseurs des PME québécoises qui gravitent autour de RONA? Motus et bouche cousue sur ces écueils à part un engagement verbal du géant américain que tous ces emplois seront respectés…

«C’est une offre qu’on ne pouvait refuser», a déclaré Robert Sawyer, le président et chef de la direction de RONA. «On n’a pas eu le choix de se pencher sur cette offre et de voir ce qu’elle apportait aux actionnaires », a renchéri Robert Chevrier, le président du conseil d’administration. Qu’à cela ne tienne, la Caisse de dépôt possède encore 17 % des actions de l’entreprise québécoise. Au gouvernement libéral d’arrêter cet engrenage malsain qui s’acharne sur nos entreprises et de sauver RONA…avant de passer impassiblement au suivant!

Henri Marineau
Québec

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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10 commentaires

  • François Ricard Répondre

    6 février 2016

    @Peter Benoît
    Je vous sais gré de votre mise au point. Vous avez raison.
    Ce que le voulais exprimer, bien maladroitement il semble, c'est que contrairement à d'autres états nous n'avons pas de politique économique bien définie en ce domaine.
    Non seulement n'avons-nous pas de politique définie mais la population en génétal ignore que nous devrions nous en donner une. Voilà ce que je reproche à bien des intervenants.
    Aux USA, en Grande Bretagne, un CA d'entreprise a la responsabilité de voir au meilleur intérêt de l'organisation, lequel implique l'intérêt des actionnaires, mais aussi les intérêts des employés, créanciers, fournisseurs, gouvernements ainsi que du grand public. Lors d'une transaction majeure, il est légitime que les employés, fournisseurs, créanciers et le grand public demandent si leurs intérêts ont été tenus en compte. Et les dirigeants ont le devoir d,en faire la démonstration. Ici, rien de tout cela.

  • Henri Marineau Répondre

    5 février 2016

    La transaction ayant conduit l’entreprise québécoise RONA entre les mains du géant américain Lowe’s a soulevé beaucoup de commentaires. Et, parmi ceux-ci, je retiens particulièrement ceux de François Legault, de Pierre Karl Péladeau et de Philippe Couillard.
    Les deux premiers, ex-hommes d’affaires réputés, le second, médecin de profession, Legault et Péladeau déplorant la perte d’un siège social important, Couillard les accusant de « reculer un siècle en arrière ».
    À votre avis, à qui attribueriez-vous la meilleure note sur la crédibilité des arguments de chacun des deux clans?

  • Gaston Carmichael Répondre

    5 février 2016

    Cette transaction n'est pas apparu du jour au lendemain. C'est sûr que le gouvernement et la CDPQ en ont été avisé pour leur donner le temps de réagir, s'ils le désiraient. Manifestement, ils ont choisi de ne pas intervenir.
    Ils se sont plutôt employés à se préparer conditionner l'opinion publique pour lui faire avaler en douceur la perte de cet autre siège social.
    Dès le lendemain de l'annonce de la transaction, nos média ont été envahis de ténors économiques et politique pour dire qu'il n'y avait que du positif dans cette transaction. Même KPMG-Secor nous est arrivé avec un dossier bien étoffé, chiffres à l'appui, pour démontrer que le Québec est en train d'acheter la planète. Alors, ce n'est pas la perte d'une binerie comme Rona qui devrait nous inquiéter.
    Même Lucky Luke n'aurait pu dégainer si rapidement!
    Si vous doutez encore des avantages de cette transaction pour le Québec, penchez-vous pour qu'on applique un peu plus de vaseline!

  • Peter Benoit Répondre

    5 février 2016

    @ François Ricard
    Ce que vous avancez ne tient pas la route. En vertu de sa participation de 17,5% et des règles sur les valeurs mobilières, la Caisse peut bloquer la transaction parce qu'il n'est pas possible de fusionner ou faire disparaître une société publique tant qu'il n'y a pas au moins 90% des actions qui sont déposées. C'est pour ça que Lowes exige 100%...

    Dans le jargon financier, la règle du 10% et + s'appelle le "squeeze out" tel qu'utilisé par PKP dans ses entrevues sur Rona.
    Voir mon commentaire précédent pour le sauvetage de Rona.

  • François Ricard Répondre

    5 février 2016

    Tout le monde veut "sauver" Rona. Mais personne ne dit comment.
    Une critique constructive doit identifier des mesures possibles. Autrement tout se résume à du chiâlage.
    Et même si la Caisse refusait de vendre ses actions,si Lowes détient les 85% restants, la Caisse n'aurait aucun pouvoir d'intervention.
    Et Lowes a bien dit qu'elle voulait être le seul véritable propriétaire du Rona.

  • Peter Benoit Répondre

    5 février 2016

    @ François Ricard.
    Je ne suis pas d'accord avec vous que ce soit un faux combat et je m'explique:
    1) Une compagnie publique comme Rona, numéros un au Québec et au Canada, ce n'est pas rien. Or, une compagnie publique doit conquérir le marché, sinon elle se fait devancer et disparaît. Comme un poisson dans l'océan, manger ou être mangé...
    2) Rona, après la récession de 2008-2009, s'est placée en mode vente à partir de 2010 et a négligé ou même stoppé plusieurs pans de son plan d'affaires. Pourquoi ? Parce que les dirigeants de Rona, vieillissants et opportunistes, avaient l'urgence de "casher".
    3) Un gouvernement proactif et soucieux de la protection de ses sièges sociaux aurait sans doute intervenu après 2009 pour "réaliser" le plan d'affaires avec l'injection du capital nécessaire pour faire croître l'entreprise. Pourquoi ne pas avoir envisager d'acquérir, par exemple, Canadian Tire ? Ce qui aurait permis de créer plus d'emplois au Québec. Un management que ne fait rien doit être remplacé et c'est ce que la Caisse aurait exigé si elle était intervenue.
    4) En 2012, année électorale, Charest s'est opposé de façon opportuniste au rachat de Rona par Lowes. Mais dans les faits, c'était de la "boulechite" car s'il avait vraiment voulu aidé Rona, la Caisse serait intervenue dès 2009.
    5) L'argument que c'est pas grave de laisser tomber Rona puisqu'on va refaire un autre Rona à partir de BMR ou Canac ne tient pas la route. Lowes va s'en charger...
    6) Pourquoi Couillard et la Caisse n'interviennent-ils pas ? Ils sont à concocter un plan économique centré sur les infrastructures avec l'argent du fédéral et de la Caisse. Vous allez voir une orgie de dépenses à partir de 2017, notamment le pont Champlain; ce qui aura un effet sur le PIB et la création d'emploi, bref un effet libéral "in the making". Tout pour assurer une réélection après l'atteinte du déficit zéro.
    7) Évidemment, il y a un prix pour l'argent du fédéral nécessaire à la réélection du PLQ: Le Québec doit laisser passer l'oléoduc sans conditions et même faire accélérer sa construction. Quoi de mieux que des investissements privés dans plusieurs régions du Québec avec la construction de l'oléoduc en 2018 !
    8) Exiger la défense de Rona, c'est faire avancer le Québec.

  • Gaston Carmichael Répondre

    5 février 2016

    [Le bluff de Lowes!->https://www.lesaffaires.com/blogues/francois-pouliot/rona-a-t-on-eu-peur-d-un-bluff-de-lowe-s/585119]
    Quand Lowes dit qu'il veut doubler le bénéfice de ses activités canadiennes sur cinq ans, et qu'on sait que ses activités canadiennes sont présentement déficitaire, est-ce que cela veut dire qu'ils veulent perdre deux fois plus?

  • Gaston Carmichael Répondre

    5 février 2016

    C'est sûr que pour les actionnaires, c'est une super bonne affaire. Mais, est-ce que c'est aussi bon pour l'économie du Québec? KPMG-Secor nous dit que nous ne devrions pas nous inquiéter parce que « Au cours de la période 2001-2013, les achats d'entreprises hors Québec par des entreprises québécoises ont été beaucoup plus nombreux que les achats d'entreprises québécoises par des firmes non québécoises. »
    D'abord, il convient de faire une distinction entre une entreprise et un siège social. Plusieurs centaines de postes administratifs sont au siège social: informatique, service des achats, comptes payables et à recevoir, etc... Il faudrait être naïf pour penser que Lowes va maintenir deux systèmes administratifs pour gérer leur méga-entreprise. Le Québec va donc perdre plusieurs centaines d'emplois. Si M. Couillard veut vraiment créer 250,000 emplois au Québec, il faudrait qu'il commence par cesser d'en perdre.
    Il n'y aurait pas de soucis à se faire pour cela parce que KPMG-Secor nous dit aussi: "De plus, la valeur des achats réalisés par des entreprises québécoises était supérieure à celle des ventes d'entreprises québécoises..." Quand la Caisse de Dépôt achète une participation dans l'aéroport Heathrow de Londres pour $2.5G, ou dans l'Eurostar pour $850M, c'est effectivement beaucoup de bidous. Mais cela crée ou maintien des emplois à l'étranger, et aucun au Québec.

  • Henri Marineau Répondre

    4 février 2016

    « Nous vivons dans une économie ouverte et libre », a répété à outrance Philippe Couillard dans le cadre de la transaction qui a vu RONA passer entre les mains du géant américain Lowes’s. Une stratégie qui peut paraître « avantgardiste » mais qui recèle son lot d’inconvénients, le plus sournois étant la disparition du siège social de l’entreprise envers lequel M. Couillard n’éprouve clairement aucune sensibilité particulière.
    Pourtant, le pignon sur rue incarné par les sièges sociaux représente la pierre angulaire de toute entreprise désireuse de mettre en lumière les forces et talents de nos entreprises québécoises. La politique minimaliste de succursale prônée par Philippe Couillard vient au contraire jeter le voile sur un fleuron québécois implanté avec courage et détermination sur notre sol depuis plus de 75 ans.
    À ce sujet, je ne peux qu’être entièrement en accord avec le leader parlementaire de l’opposition péquiste, Bernard Drainville, lorsqu’il déclare que le gouvernement Couillard « veut bâtir une économie de locataires » et non une économie de propriétaires, un nivellement par le bas qui caractérise sans l’ombre d’un doute un Monsieur Couillard-succursale qui préfère opter pour une économie réductionniste de locataires au détriment d’une économie axée sur la fierté d’être propriétaires…Un laxisme éhonté et indigne d’un chef d’État!

  • François Ricard Répondre

    4 février 2016

    Et si cet achat sauvait RONA?
    Depuis quelques années RONA éprouvait de plus en plus de difficultés à contrer la concurrence. Ces concurrents ne disparaîtront pas. Et nous pouvons même donner préférence à un concurrent totalement québécois: CANAC.
    Voilà notre vraie mission: encourager NOS entreprises.
    Sauver RONA est un faux combat.