Secret d'État et secret de famille

Qui a intérêt à se parjurer, celui qui veut sauver son âme ou celui qui protège son immunité ?

Chronique de Louis Lapointe

Au cours de ma trop brève carrière, j’ai été confronté à de nombreuses occasions à des situations mettant en scène des sous-ministres et des chefs de cabinets.
Les sous-ministres et le personnel politique entourant les ministres ont énormément de pouvoir. Ils ont également beaucoup de relations, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur du gouvernement. Il existe parmi eux des personnes qui peuvent parfois utiliser ce pouvoir dans leur intérêt personnel ou dans le but de faire avancer leur carrière.
Ce qui unit toutes ces personnes, ce sont les secrets qu’ils partagent. Le devoir de réserve ne protègerait pas seulement les secrets d’État, il protègerait aussi les secrets de famille. On ne pourrait donc tenter de les révéler sans créer une onde de choc, sans risquer de perdre son immunité qui n’a rien d’absolue.
Devant l’affligeant spectacle que nous offre la commission Bastarache, comment ne pas douter qu’il y aurait un prix à payer pour ceux qui ne respectent pas l’implacable loi du milieu, qu’on ne peut sauver son âme sans perdre son immunité ou, inversement, sauver son immunité sans perdre son âme.
Alors, dites-moi, qui a intérêt à se parjurer, celui qui veut sauver son âme ou celui qui protège son immunité ?
***
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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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2 commentaires

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    15 septembre 2010

    Quand un mercenaire de la politique est mandaté à effectuer un travail sale, il doit, pour réussir, corrompre le maximum de personnes influentes afin d’échapper à la Justice, de manière à s’approprier en toute impunité le butin accordé.
    JLP

  • Archives de Vigile Répondre

    15 septembre 2010

    Y a-t-il des âmes tourmentées assermentées parmi les témoins de la commission Bastarache !/?*
    « En bas, gît le marais des Lâches, des Jaloux, - Des Hypocrites vils, des Fourbes, des Parjures. - Ils grouillent dans la boue et creusent des remous, - Ils geignent, bossués de pustules impures. »
    Citation de Charles Marie René Leconte de Lisle