Soubresauts de fin de parcours (extrait)

Si bien que l’implication, réelle, du philosophe dans la libération libyenne, ne saurait survivre au ridicule de sa posture.

Actualité internationale



Bernard-Henri Lévy a gravi le tapis rouge avec des rebelles syriens masqués et d’anciens combattants libyens du régime de Kadhafi.
Odile Tremblay - Derniers jours, derniers films, bal des ego. Le festival a vécu ses émois jusqu’au bout, sous la douce fraîcheur et désormais la pluie.
En vedette et fier de l’être : Bernard-Henri Lévy. On l’a vu gravir le tapis rouge avec des rebelles syriens masqués et d’anciens combattants libyens du régime Kadhafi. Il a le sens du spectacle, l’écrivain philosophe. Surtout à l’heure de s’offrir le premier rôle…
Présenté en séance spéciale, son documentaire Le serment de Tobrouk, s’étendant sur huit mois, retrace les négociations puis le soutien français aux insurgés libyens à travers un jeu de diplomatie (le sien) qui roula d’Istanbul à Tripoli, de Paris à New York, en passant par Londres, Jérusalem, etc. jusqu’à la chute du dictateur. Mais le film, bien davantage que Bosna du même BHL sur Sarajevo en 1994, est d’abord une statue érigée à sa propre gloire. Il faut voir celui qui se prend pour le Malraux, le Voltaire et un peu le Tintin d’aujourd’hui, sous ses chemises blanches impeccables, complets noirs et lunettes de soleil, dans le désert ou des zones de combat, prendre la pause pour la caméra, avec une attitude d’un colonialisme à hurler. Narcissisme, règlements de comptes contre l’ancien ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé, ronds de jambe à Nicolas Sarkozy qui laissa Lévy tirer des ficelles politiques sans mandat (jamais il n’est fait mention de la visite de Kadhafi à l’Élysée en 2007, ni des allégations voulant que l’ex-dictateur libyen ait versé de gros sous dans la campagne présidentielle d’alors) : étrange jeu de miroirs. On apprend des dessous de l’épopée libyenne, mais toujours sous l’angle qui avantage BHL et appelle ses effets de toge, avec lourd petit commentaire hagiographique livré par sa voix hors champ. Si bien que l’implication, réelle, du philosophe dans la libération libyenne, ne saurait survivre au ridicule de sa posture.


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