The Montreal World Film Festival

Plusieurs se plaignent de la faible présence du français au Festival des films du monde de Montréal.

Tribune libre 2011

Montréal, le 4 septembre 2011


The Montreal World Film Festival


Plusieurs se plaignent de la faible présence du français au Festival des films du monde de Montréal. Déjà, en 2009, un cinéphile avait calculé que sur les 942 séances de projection offertes, 72 % concernaient des films en anglais ou sous-titrés en anglais, 23 % concernaient des films en français ou sous-titrés en français et 5 % concernaient des films dans les deux langues.[1]
Curieux de savoir comment avait évolué la situation, j’ai fait l’exercice au dernier FFM, qui s’est déroulé du 18 au 28 août. Ainsi, j’ai calculé que sur les 981 séances de projection offertes, 70 % concernaient des films en anglais ou sous-titrés en anglais, 8 % concernaient des films en français ou sous-titrés en français et 22 % concernaient des films dans les deux langues ou sans paroles.[2]

En 2009, les unilingues anglophones pouvaient assister sans problèmes à 77 % des séances offertes, alors que ce pourcentage a grimpé cette année à 92, soit une hausse de 15 %. Ce qui saute aussi aux yeux, ce sont les séances offertes exclusivement en français, qui sont passées de 23 à 8 %, soit une baisse de 15 %. Il faudrait demander au président du Conseil d’administration, Serge Losique, s’il ne serait pas plus logique d’angliciser la dénomination de son FFM auquel il tient tant, car, de toute évidence, ce festival s’adresse d’abord aux anglophones, les unilingues francophones se cognant aux portes de 70 % des salles de projection.

Je fréquente le FFM depuis plusieurs années déjà. Avant, la majorité des films en provenance des pays latins non francophones d’Europe (Espagne, Italie, Portugal, Roumanie) étaient sous-titrés en français; aujourd’hui, la plupart sont sous-titrés en anglais, comme si la France n’existait plus. Avant, la majorité des films en provenance de la Flandre étaient sous-titrés en français; aujourd’hui, la plupart sont sous-titrés en anglais, les francophones formant pourtant environ 40 % de la Belgique (ce pays ne fera pas de vieux os).

Si M. Losique a reçu des subventions gouvernementales pour le sous-titrage de ses films en français, ma foi, elles sont insuffisantes. À ce propos, je fais une suggestion : les divers festivals de cinéma francophones devraient s’associer pour créer un fonds dédié au sous-titrage. Si les films circulent d’un festival à l’autre, pourquoi ne pas faire face au problème ensemble? Comme les francophones du monde entier en profiteraient, les grands organismes internationaux de la francophonie pourraient de ce fait y contribuer. Ce serait une autre façon de faire rayonner le français dans ce monde de plus en plus «anglobalisé».

Pour finir, une question M. Losique : dites-vous à vos nombreux invités que votre festival se tient dans un État dont la seule langue officielle est le français? Je suis sûr que vous ne le criez pas sur les toits.

***

Sylvio Le Blanc

Montréal (Québec)

[1] http://www.ledevoir.com/non-classe/265170/le-sous-titrage-au-ffm
[2] Grille horaire du 35e FFM de Montréal, du 18 au 28 août 2011, pp. 12-35. http://www.ffm-montreal.org/

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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    4 septembre 2011

    C'est comme génétique, n'est-ce pas, cette propension à jouer les matamores comme au sport professionnel, même quand il est question de culture...
    L'autre soir, au dîner en blanc à Québec, dans une mascarade de grande légèreté où il faisait bon jouer les aristos en grande tenue et au champagne, un petit gars de la basse-ville s'essayait toujours à allumer une mèche de discorde entre le Plateau et les Nordiques... Il a fallu faire valoir le fait qu'on n'était pas sur la glace mais qu'on était tous des Québécois qui se cherchaient un pays...

  • Archives de Vigile Répondre

    4 septembre 2011

    Dire qu'il y a du monde sur le Plateau qui s'inquiétait de la programmation trop anglophone du Festival d'Été de Québec...
    --------
    Y'a 20 ans à peine, ce festival était nettement devant celui de Toronto. Les Montréalais étaient très fiers de leur festival, à fort taux de participation. Aujourd'hui non seulement il ne fait plus le poids face à Toronto, devenu 2e au monde, mais c'est devenu un festival de salles paroissiales. Et comme au PQ, on n'arrive pas à déloger le leader, responsable de la dégringolade.