Thomas Mulcair et sa complaisance face à l’intégrisme

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Trudeau et Mulcair dans le même sac

Faut-il se surprendre de la position de Thomas Mulcair, chef du Nouveau parti démocratique (NPD), au sujet du jugement de la Cour fédérale qui autorise Zunera Ishaq, une citoyenne pakistanaise de la région de Toronto, à porter le niqab pendant sa prestation du serment de la citoyenneté ?


Mulcair n’y voit aucun mal. Le chef du Parti libéral du Canada (PLC), Justin Trudeau, affiche la même complaisance. L’un et l’autre considèrent cet accoutrement comme partie intégrante de la culture et de la religion musulmanes. Par conséquent, le niqab est digne de respect.


Rappelez-vous de cette tentative d’implanter des tribunaux d’arbitrage islamiques, en Ontario en 2004, pour trancher des litiges familiaux qui avait obtenu la bénédiction de Marion Boyd, rapporteur spécial auprès du gouvernement de l’Ontario, ancienne députée NPD et ancienne ministre de la Condition féminine et procureur général de la province. Heureusement que le premier ministre de l’époque, Dalton McGuinty, n’avait pas tenu compte de ses recommandations.


Vous vous souvenez, certainement, des larmes de crocodiles de Charles Taylor versées à la suite de cette décision. Lui, qui a défendu les couleurs du NPD à quatre reprises pendant les années 1960.


Sortir de la complaisance: une urgence


Ces politiciens, n’ont pas encore compris les dégâts provoqués par l’intégrisme, avec ses victimes imparables, les femmes, mais aussi ses clichés et sa logorrhée, surtout quand ils sont assénés par une femme qui prétend agir en son nom pour défendre « son choix ». Le seul qui vaille, ici, c’est celui de l’aliénation. Mais leur a –t-on dit à ces femmes qu’il y a, dans la vie, des mauvais choix comme il y en a des bons ?


Si l’on suit la même logique, on devrait également intégrer à notre système législatif la polygamie, la répudiation ainsi que la lapidation des femmes adultères puisque certains musulmans considèrent ces pratiques comme inhérentes à leur identité. Où tracer la ligne? Et en fonction de quoi? Arrivent-ils à ces politiciens de considérer que certains autres musulmans sont humiliés de voir leur culture ou leur religion déshumanisée par un tel traitement aussi dégradant à l’endroit des femmes ? Réalisent-ils que ces musulmans-là nourrissent l’espoir de faire évoluer les leurs et de réformer leur religion tout comme l’ont fait les chrétiens dès le 15ème siècle avec la Réforme?


Tarek Fatah, Torontois d’origine pakistanaise, milite en ce sens. Membre fondateur du Congrès musulman canadien, il avait été farouchement opposé aux tribunaux islamiques. C’est d’ailleurs à cette époque, qu’il a pris ses distances avec le NPD, lui qui en était un membre actif.


Lors du débat sur les tribunaux islamiques, il a fait valoir que la plupart des musulmans ontariens voulaient être traités comme des citoyens égaux aux autres. Les partisans de la charia au Canada n’ont que faire du règlement de conflits familiaux, a-t-il poursuivi: ce qu’ils veulent, c’est justifier l’introduction de la charia et la légitimer au Pakistan, en Iran et en Arabie saoudite. «Elle a écouté [...] les fondamentalistes musulmans [...] dire qu’il ne s’agissait pas de charia. [...] Demain à Téhéran, à Djeddah au Pakistan, à Kaboul, au Soudan, tous les journaux diront que la charia a été approuvée au Canada», a prédit M. Fatah. -Le Devoir


Le tout sécuritaire n’est pas la solution


A l’évidence, pour Mulcair et Trudeau, les droits humains ne sont rien lorsqu’ils concernent des populations musulmanes. Alors dans ce cas-là, pourquoi faire cas de la sentence que subit Raif Badawi en Arabie saoudite?


Bien que Mulcair et Trudeau parlent de respect de l’autre, on peine à les croire. Leur stratégie est claire. Ils courbent le dos à la recherche de votes pour les prochaines élections tout comme Stephen Harper avec son projet de loi antiterrorisme, C-51, une forme de « Patriot Act », qu’il s’apprête à faire voter en un temps record, alors qu’il nous engage toutes et tous et ce, pour très longtemps probablement.


Ces lois d’exception votées aux Etats-Unis à la suite du 11-Septembre, ont notamment permis, le renforcement du pouvoir des agences de renseignement. Elles ont été à l’origine de plusieurs dérives et de l’utilisation par la CIA de la torture après le 11 septembre 2001. Tout est relaté dans un rapport du Sénat qui a été rendu public le 9 décembre dernier. Et beaucoup d’Américains sont favorables à l’usage de la torture sur des terroristes présumés.


Est-ce ce modèle qu’on veut mettre en place ici ? Ne faut –t-il pas construire une troisième voix qui ne soit ni dans le tout sécuritaire, ni dans la complaisance face à l’intégrisme ?



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