Trudeau augmente ses appuis partout; Harper recule

6ba123e76530a6ea0d7b9ec2b7b1b8a9

La baudruche se gonfle

Justin Trudeau a passé haut la main le test électoral de lundi soir. Grâce à des appuis en hausse dans les quatre circonscriptions en jeu, les libéraux ont conservé leurs forteresses de Toronto-Centre et Bourassa, en plus d'ébranler le château-fort conservateur de Brandon-Souris, au Manitoba. Pour Stephen Harper, la soirée a été rude: les conservateurs enregistrent des reculs importants.
Dans Brandon-Souris, la lutte aura été chaude jusque tard dans la nuit. Mais à 1h du matin mardi, le conservateur Larry Maguire affichait une avance finale de quelque 390 votes sur le libéral Rolf Dinsdale. Pendant une partie de la soirée, c'est ce dernier qui a mené la course. Une victoire libérale aurait signifié un dur coup pour les conservateurs, qui ont toujours gagné ce comté depuis 1952 — exception faite de la débâcle de 1993.
Ce fut là la lutte la plus serrée de la soirée. À Montréal, Emmanuel Dubourg a facilement conservé l'ex-circonscription de Denis Coderre. Il a recueilli 48,1 % des voix, loin devant la néodémocrate Stéphane Moraille (31,6 %). En 2011, lors de la vague orange, le NPD avait obtenu 32,2 %. Le Bloc québécois a quant à lui récolté 12,9 % (en baisse de trois points par rapport au scrutin de 2011).
Dans Toronto-Centre, vacante depuis le départ de Bob Rae, l'ex-journaliste Chrystia Freeland (PLC) a devancé une ancienne collègue, Linda McQuaig (NPD), en récoltant 49 % des voix (contre 36,1 % pour son adversaire).
Finalement, à Provencher, au Manitoba, le conservateur Ted Falk (58 %) n'a pas été inquiété par le libéral Terry Hayward (29,8 %). C'est l'ancien ministre Vic Toews qui avait gagné il y a deux ans.
«Quelle belle soirée, s'est exclamé le chef libéral Justin Trudeau à son arrivée au rassemblement de M. Dubourg. Les Canadiens ont confirmé ce soir que nous sommes sur la bonne voie.»
Devant des militants enthousiastes réunis à Montréal-Nord, M. Trudeau a souligné la progression des libéraux dans chacune des quatre circonscriptions. Ainsi, à Toronto et Montréal, les appuis du Parti libéral ont été de 8 points de pourcentage supérieurs aux résultats de 2011, quand MM. Rae et Coderre avaient obtenu chacun près de 41 %.
La courbe libérale positive est plus prononcée au Manitoba. À Provencher, les libéraux avaient obtenu 5,3 % en 2011, terminant derrière les verts au quatrième rang. Lundi, les libéraux ont plus que quintuplé leur score pour terminer deuxièmes.
Dans Brandon-Souris, le vote libéral est passé de 5,3 % à 42,6 %, soit huit fois plus. À l'inverse, les conservateurs de Stephen Harper ont enregistré des pertes d'appuis significatives: 19 points de moins dans Brandon, 13 de moins dans Toronto, 12 dans Provencher, et 4 dans Bourassa.
Pour le NPD, les résultats sont mitigés. Maintien des appuis dans Bourassa et augmentation de 6 points dans Toronto, mais pertes nettes dans Brandon (17 points) et Provencher (10 points). Le chef Thomas Mulcair n'a pas réagi lundi soir.
Selon M. Trudeau, la campagne menée par le NPD, jugée «négative», montre que «ce n'est plus le parti d'espoir et d'optimisme de Jack Layton, mais c'est maintenant le parti mesquin de Thomas Mulcair». Il a soutenu que les libéraux représentent désormais «que la politique positive peut gagner sur le négatif» — cela dans un contexte où les deux partis tentent de se positionner comme la solution de rechange aux conservateurs.
Tests
La journée de lundi marquait la fin d'une bataille farouche: Stephen Harper, Thomas Mulcair et Justin Trudeau ont chacun déployé des efforts inhabituels pour une élection complémentaire menée dans des bastions.
À l'image du dépouillement serré, la course dans Brandon-Souris a été tendue, les chefs conservateur et libéral envoyant chacun leur tour une lettre aux électeurs pour s’attaquer. M. Trudeau s’est en outre payé une pleine page publicitaire à la une du Brandon Sun vendredi, après avoir visité la région à trois reprises. Du côté conservateur, la chef de cabinet adjoint de M. Harper, Jenny Byrne, a été dépêchée sur le terrain, des ministres ont visité la région et le premier ministre était à Winnipeg vendredi.
À Montréal, MM. Trudeau et Mulcair ont été tous deux très présents sur le terrain, multipliant les événements et rencontres. Libéraux et néodémocrates se sont lancé plusieurs flèches.
Ces partielles représentaient en quelque sorte un test pour les trois principaux partis à Ottawa. M. Harper affrontait l’électorat alors que l’enquête de la GRC sur le scandale du Sénat touche son bureau. M. Mulcair voulait confirmer l’emprise de la vague orange au Québec, et implanter le NPD dans la région de Toronto. Quant à M. Trudeau, il devait protéger ses propres fiefs (après avoir volé en mai la circonscription de Labrador aux conservateurs et l’ex-ministre Peter Penashue), tout en montrant qu'il pouvait réanimer les libéraux ailleurs.
Les résultats obtenus par les conservateurs viendront probablement alimenter la tourmente que traverse actuellement le parti. M. Harper peine à se défaire du scandale découlant de l’entente secrète qu’a conclu son ex-chef de cabinet, Nigel Wright, avec l’ex-sénateur Mike Duffy. La semaine dernière, la GRC a déposé une déclaration sous serment mêlant une dizaine d’employés du bureau du premier ministre et citant des courriels semblant contredire la défense de M. Harper, selon laquelle il ne savait rien de toute cette affaire.
Dimanche, son directeur des communications est passé à la contre-attaque, tentant de préciser la ligne de défense de son patron en martelant que M. Wright ne lui avait pas tout dit au printemps.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé