Pierre Falardeau n'en démord pas. Il n'y aura pas de «festivités» associées au 250e anniversaire de la bataille. Même si cela devait perturber les vacances de quelques milliers d'Américains «qui veulent venir se saouler la gueule à Québec». - Photothèque Le Soleil, Laetitia Deconinck
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Martin Ouellet - N'en déplaise au maire Labeaume, il n'y aura pas de célébrations de la bataille des plaines d'Abraham l'été prochain à Québec, prévient le cinéaste Pierre Falardeau.
Aux côtés des militants indépendantistes du Réseau de résistance du Québec (RRQ), Pierre Falardeau promet de tout mettre en oeuvre pour transformer la commémoration-spectacle en cauchemar.
«On va leur en faire une célébration. On va en organiser une. Tu vas voir qu'il y en a qui vont se faire brasser le cul. Les touristes à Québec, j'en ai rien à crisser. Arrêtez de rire de nous autres, c'est terminé», rage au bout du fil le réalisateur des films engagés Octobre et 15 février 1839.
En entrevue à La Presse Canadienne plus tôt cette semaine, Pierre Falardeau s'est déchaîné contre le projet de la Commission des champs de bataille de présenter à l'été une reconstitution «en temps réel» de la défaite des troupes françaises de Montcalm sur celle de l'Anglais Wolfe.
La Commission attend quelques milliers d'amateurs de «jeu de rôle» de partout en Amérique afin d'incarner les deux armées belligérantes qui ont combattu à la fin de l'été 1759, il y a 250 ans.
Le programme comporte en outre un bal masqué et une activité intitulée Wolfe et Montcalm se donnent en spectacle. Le calendrier des activités annonce un «rassemblement historique et spectaculaire, l'événement de l'été à Québec».
Le ton «festif» employé pour décrire les activités horripile le cinéaste polémiste.
Une commémoration qui dépasse l'entendement
«Les Français pensent aussi à faire ça l'année prochaine. Ils vont faire un petit party Hiltler-Pétain. Ils vont aussi commémorer Auschwitz avec Hiltler et le président de l'Agence juive qui vont danser», ironise-t-il pour masquer sa colère.
Laisser sans mot dire un organisme fédéral concocter une commémoration festive de la Conquête dépasse l'entendement, soutient Falardeau, à court d'épithètes peu flatteuses.
«C'est effrayant! Nulle part au monde on n'accepterait une affaire de même. Mais c'est vrai qu'il y a partout sur la terre des rampants et des vendus qui se réjouissent», dit-il.
Parmi ces derniers, Pierre Falardeau classe «la gang de radio de cul» de Québec et le maire Régis Labeaume. Le premier citoyen de la capitale a récemment révélé qu'il prendrait part avec plaisir au «spectacle».
«Je suis le maire d'une ville qui s'appelle Québec et je vais aller voir les spectacles qu'on y trouve, avait-il confié au Journal de Québec. Vous ne voulez quand même pas que j'aille radoter un autre 400 ans sur une défaite? On est en 2009.»
Pour autant qu'il y ait des touristes qui emplissent les coffres de sa ville, le maire est prêt à toutes les compromissions historiques, s'indigne le réalisateur.
«Labeaume tripe aussitôt qu'il y a un party, que ce soit la fierté gaie ou le pape. Lui, c'est n'importe quoi en autant qu'il y a un party», dénonce-t-il.
Moment charnière de l'épopée française en Amérique, la bataille des plaines mérite pourtant d'être commémorée, convient l'auteur de La liberté n'est pas une marque de yogourt.
«Il faut revenir là-dessus, c'est l'acte de fondation de notre malheur! Il faut réfléchir, analyser (les événements). Mais transformer ça en party organisé par le fédéral, c'est pas pareil pantoute», souligne-t-il.
Pierre Falardeau n'en démord pas. Il n'y aura pas de «festivités» associées au 250e anniversaire de la bataille. Même si cela devait perturber les vacances de quelques milliers d'Américains «qui veulent venir se saouler la gueule à Québec».
«On va organiser ça ben nice», avertit le cinéaste sans préciser davantage la voie qu'il entend suivre avec les militants du RRQ.
«Il n'y aura pas ce genre de cochonnerie du gouvernement fédéral. C'est ben beau faire rire de soi, se faire écoeurer, se faire emmerder, mais cette fois-ci c'est assez», lance-t-il sur un ton sans réplique.
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