Un producteur de fausses nouvelles a marqué la campagne fédérale

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L'AFP n'apporte aucune preuve qu'il s'agit d'une fausse nouvelle


Le site web d’un Américain de Buffalo, dans l’État de New York, a obtenu un important succès sur les réseaux sociaux tout au long de la campagne électorale en relayant des nouvelles non fondées sur Justin Trudeau, notamment. 


Le Buffalo Chronicle s’est fait connaître dans les dernières semaines en publiant un faux article sur le premier ministre sortant qui aurait versé plus de 2 millions $ pour faire taire un rapport sur ses inconduites sexuelles. Le ton est journalistique, l’esthétique du site internet ressemble s’y méprendre celle des grands quotidiens américains, mais il n’en demeure pas moins que la nouvelle est complètement fausse. L’information a en effet été démentie par l’Agence France-Presse, chargée par Facebook de déceler les fausses nouvelles, et aucun média crédible du Canada a pris la peine de la relayer. 



Tout au long de la campagne électorale, le site Buffalo Chronicle a relayé des nouvelles non fondées sur Justin Trudeau, notamment.

Capture d'écran




Pourtant, cette histoire a généré près de 100 000 réactions sur Facebook. BuzzFeed News et le Toronto Star ont retrouvé l’homme derrière ce qui est probablement l’une des «fake news» les plus populaires de l’histoire du pays. 


Matthew Ricchiazzi, 33 ans, gère le Buffalo Chronicle. Il a tenu à défendre son travail par courriel. 


«Nous faisons notre travail de bonne foi et nous ne publierions jamais sciemment de mensonges. Nous avons confiance en tous nos reportages publiés jusqu’à ce jour et nous croyons qu’ils reflètent justement des informations obtenues de manière confidentielle», s'est défendu Matthew Ricchiazzi, qui dit se fier à trois sources anonymes pour écrire ses articles, dans un courriel envoyé à BuzzFeed News. 


Or, plusieurs nouvelles publiées par son site se sont révélées fausses, notamment celle concernant le PDG de SNC-Lavalin qui avait supposément fui le Canada pour éviter d’être arrêté pour corruption. 


C’est au début de l’année, au plus fort de la crise chez SNC-Lavalin, que Matthew Ricchiazzi a commencé à s’intéresser à la politique canadienne pour des raisons qui demeurent mystérieuses. Depuis sa création, en 2014, son site couvrait plutôt l’actualité locale de l’ouest de l’État de New York. 


Appuis contre rémunération 


À cette époque, Matthew Ricchiazzi se démarquait déjà par son éthique de travail douteuse. 


L’an dernier, il a reçu 3000 $ US – 2000 personnellement et 1000 pour son site – d’un comité de soutien au républicain Joël Giambra, qui convoitait le poste de gouverneur. Cinq articles soutenant Giambra ont ensuite fait son apparition sur le «Buffalo Chronicle». 


En début 2019, il a reçu 6000 $ US d’un comité politique derrière Peter A. Reese, qui essayait de participer à la primaire démocrate pour l’élection du directeur de comté d’Erie. 


Par la suite, le Buffalo Chronicle a publié trois articles plaidant pour que son nom soit ajouté au bulletin de vote. 


Avant même qu’il gère ce site, Matthew Ricchiazzi sollicitait les politiciens en échange d’une couverture journaliste favorable. 


«Les frais sont les suivants: les articles positifs sur votre candidature coûtent 200 $; les articles négatifs sur vos adversaires coûtent 400 $ et une approbation éditoriale est de 300 $», expliquait-il dans un courriel datant de 2010 que BuzzFeed News et le Toronto Star ont obtenu. 


Matthew Ricchiazzi et le compte du Buffalo Chronicle ont été suspendus par Twitter cette semaine. 


Facebook n’a cependant pas voulu bloquer le contenu partagé par la page du site. 


«La désinformation dans son ensemble ne viole pas les normes de notre communauté. Nous n'avons pas de règle qui dit que tout ce que vous postez doit être vrai», a simplement commenté un porte-parole du réseau social.




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