Conseil du statut de la femme

Un voile sur la neutralité du conseil

Pour une étude d'impact

Tribune libre

La présidente du Conseil du statut de la femme, Julie Miville-Dechêne, a réagi fortement aux quatre dernières nominations au CSF par le gouvernement, alléguant que Québec cherche à « museler » l’organisme dans le débat sur la Charte des valeurs.
«C’est pour cela que j’interviens. Depuis 40 ans, le CSF avait le loisir de participer aux débats de société de façon non partisane. En toute indépendance. Ce que ça veut dire, c’est que le Conseil ne pourra pas participer au débat de société.»
Sans remettre en question les compétences de Mmes Julie Latour, Leila Lesbet, Ann Longchamps et Lucie Martineau, Mme Miville-Dechêne soutient que ces quatre nouvelles nominations se sont déjà prononcées ouvertement en faveur du type de laïcité prônée par le projet de Charte de Bernard Drainville.
Et, qui plus est, ces nominations surviennent alors que le CSF était divisé sur la position à adopter sur la Charte des valeurs québécoises, particulièrement sur le vœu exprimé par la moitié des membres d’enclencher des études d’impact, pour les femmes, de l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires en milieu de travail, une opinion partagée, entre autres, par la présidente, et qui risque d’être battue maintenant lors de la rencontre du CSF du 27 septembre.
Mon propos ne se veut pas ici de discuter de la pertinence de l’interdiction de porter des signes religieux en milieu de travail mais plutôt sur les « apparences » d’ingérence du gouvernement dans le débat qui est actuellement en cours au CSF concernant cette proposition contenue dans le projet de Charte des valeurs québécoises.
Une démarche qui, à mon sens, vient ajouter un élément de partisanerie regrettable dans la neutralité des discussions qui ont cours actuellement, et qui ont toujours eu cours, au sein du CSF, un organisme qui a obtenu, depuis longtemps, ses lettres de créances dans les débats sociaux-politiques mettant en question l’égalité hommes-femmes.
Pour Mme Miville-Dechêne, un doute raisonnable subsiste entre le « remède » proposé par la Charte et la « mesure de la menace » que pose le port des signes religieux visibles en milieu de travail : «Il n’y a aucune étude, on ne sait même pas combien il y a de femmes voilées dans la fonction publique ! explique-t-elle. Le voile reste certainement de l’extérieur un symbole de soumission. Mais comme féministes, c’est l’impact de cette politique qui nous inquiétait.»
Conséquemment, il me semble pertinent, et cela, sans que le CSF ne statue sur la position du gouvernement sur les signes religieux, qu’une étude d’impact soit menée, à la fois auprès des personnes visées et de québécoises de souche, tout au moins pour connaître les véritables répercussions d’une telle mesure sur le principe d’égalité hommes-femmes, lequel fait l’unanimité au Québec.
Québec

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Henri Marineau2095 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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7 commentaires

  • Claude Richard Répondre

    21 septembre 2013

    Que vient faire une étude d'impact sur une question de principe? Si une majorité de gens et le Parlement sont d'accord pour éliminer les signes religieux ostentatoires, il n'y a pas à tergiverser. À ce que sache, en France, l'interdiction de ces signes n'empêche pas la présence de nombreuses musulmanes dans le secteur public français.
    Vous avez en général, monsieur Marineau, des opinions pondérées, mais, en cette affaire, je vous trouve angélique.

  • Yves Rancourt Répondre

    21 septembre 2013

    Cette préoccupation pour la neutralité de nos institutions vous honore, monsieur Marineau mais Jean Charest n'avait pas tout à fait cette même préoccupation, croyez-moi, lorsqu'il a nommé madame Julie Miville-Dechêne au CSF en août 2011 et procédé, de 2003 à 2012, à des centaines sinon des milliers de nominations partisanes à des postes stratégiques dans la haute fonction publique: Hydro-Québec, Caisse de dépôt, BAPE, Investissements Québec, Commission Bastarache, et combien d'autres. C'est libéral mur à mur dans certaines de ces organisations, monsieur! Vérifiez-le vous-même. Au point où notre gouvernement peine présentement à faire cheminer ses projets dans certaines de ces organisations. Et, dès qu'il cherche à remettre un peu d'équilibre à la direction de celles-ci pour pouvoir faire avancer des projets les plus importants pour le Québec, il y a des gens comme vous qui reprennent à leur compte ce qu'en disent les médias fédéralistes pour crier leur indignation et prêcher la vertu. On ne les entendait pourtant ces gens et ces médias crier au drame lorsque Jean Charest faisait ses nominations partisanes par dizaines.
    En tout respect pour vous, monsieur, je crois que vous n'avez pas encore réalisé que notre nation lutte présentement pour sa survie et fait face à des adversaires disposant d'immenses moyens, pécuniaires, médiatiques et autres, et que seule l'union de tous ceux et celles qui ont à coeur la survie et l'émancipation de notre nation pourra nous permettre de réussir. S'il vous plaît, monsieur Marineau, cessez de chercher des poux dans notre propre camp. ON, c'est bien beau mais c'est pour notre nation qu'il faut d'abord lutter.
    Mes salutations.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 septembre 2013

    Bizarre que Mme Miville Deschênes ne soit pas intervenue, jusqu'à date, dans le débat sur la laicité! Quand on sait que le CSF a demandé, à 2 reprises, au gouvernement d'aller dans ce cens-là!

  • Archives de Vigile Répondre

    21 septembre 2013

    Le soin de répondre, je le laisse à une nouvelle nominée:
    « [À titre de] juriste, je juge sur des faits. Lorsque la proposition [des études de terrain] sera présentée et articulée, je pourrai y réagir. Mais par respect pour le Conseil et sa collégialité, ce serait précoce de me prononcer sur cette question », a répondu Julie Latour, une des femmes récemment nommées, qui trouve plutôt « indélicate » la manière dont la présidente du CSF s’est prononcée sans même avoir discuté de la question avec les nouveaux membres de l’organisme. Julie Latour a précisé qu’un parti pris pour la laïcité ne dévoile pas pour autant une affiliation politique."
    Je laisse Louise Beaudoin compléter:
    "Louise Beaudoin, qui fut une des principales artisanes de la position péquiste sur la laïcité, comprend que Julie Miville-Dechêne veut remettre en cause l’avis du CSF et convient qu’elle vient d’être mise en minorité par le gouvernement. Elle a qualifié d’« extraordinaires » les quatre femmes désignées par le gouvernement. L’ancienne députée péquiste s’insurge contre le fait que la présidente du CSF ait laissé entendre que la nomination de Leila Lesbet, d’origine algérienne, n’est pas appropriée « parce qu’on n’est pas en Afghanistan ».
    « Que soit entendue cette voix anti-intégriste, anti-islamiste politique, il me semble que ce soit raisonnable, parce que l’intégrisme, c’est une réalité, ici comme ailleurs. On l’a vu à la manifestation [contre la Charte à Montréal] », croit Louise Beaudoin.
    http://www.ledevoir.com/politique/quebec/388089/conseil-du-statut-de-la-femme-maltais-refute-les-accusations-d-ingerence
    La présidente du CSF s'est tirée dans le pied!

  • Henri Marineau Répondre

    20 septembre 2013

    Lors d'une conférence de presse accordée aujourd'hui,Agnès Maltais n'a pas nié être au courant que les quatre nominations au CSF approuvaient la position du gouvernement sur la laïcité, mais elle a justifié leur nomination par le fait que le CSF s'est prononcé à deux reprises en faveur de l'interdiction des signes religieux dans la fonction publique. À ses yeux, il s'agissait donc d'assurer une continuité...
    Voilà pour la version officielle. Par ailleurs, peut-on imaginer un seul instant que la ministre ignorait que les membres du Conseil étaient divisés sur l'interdiction des signes religieux en milieu de travail et qu'ils envisageaient la mise sur pied d'une étude d'impact à ce sujet?...Je vous laisse le soin de répondre!...

  • Archives de Vigile Répondre

    20 septembre 2013

    En toute logique, il vous aurait fallu attendre le point de vue de la ministre.

  • Henri Marineau Répondre

    20 septembre 2013

    6ième paragraphe, ligne 5, il faudrait lire "ses lettres de noblesse"