(Québec) ANALYSE - « Cela fait un peu désordre. » La formule lumineuse de Jean-François Lisée s'applique parfaitement en cette fin de session parlementaire où le gouvernement Couillard, constamment malmené, n'est pas parvenu à imposer son ordre du jour.
À quelques pouces du fil d'arrivée, de l'ajournement pour l'été, le leader parlementaire Jean-Marc Fournier en était réduit hier à redémarrer une nouvelle journée à l'Assemblée, pour faire adopter, finalement avec un bâillon, le projet de loi 100 sur l'industrie du taxi. Un amendement apporté à la onzième heure a fait éclater toutes les ententes convenues avec l'industrie du taxi et les partis de l'opposition.
Québec a eu beau multiplier les projets de loi, les annonces au cours des derniers jours, les périodes de questions jusqu'à la fin auront porté sur les fausses balles du gouvernement Couillard : la vente de Rona, les déboires de l'ex-ministre Sam Hamad et les rapports falsifiés du ministère des Transports. Retour sur quelques acteurs clés de cette session mouvementée.
L'image du général
Le premier ministre tient à maintenir le ton serein du chef de gouvernement. Quand les caméras sont parties, il est clair qu'il commence à en avoir assez. Il sort particulièrement éclopé de la saga des documents falsifiés au ministère des Transports.
Les voyants rouges avaient été allumés bien avant que l'affaire n'éclate au grand jour. Le défilé en commission parlementaire de Mmes Louise Boily et Annie Trudel a fait grand bruit, mais au bout du compte, de quoi parle-t-on ? De contrats scindés pour passer sous la barre des 25 000 $, de retraités qu'on réembauche comme consultants.
Quand ils sont évoqués dans les rapports du vérificateur, ces problèmes font bâiller les journalistes. Mais quand on y ajoute une sous-ministre contrôlante qui s'inquiète de son image, des employés politiques négligents et une bonne couche de mystère et d'opacité, avec des documents modifiés... tous les ingrédients sont là pour conférer à Philippe Couillard l'image d'un général qui a perdu le contrôle de son armée.
L'affaire Poëti
Vaniteux... un peu, colérique... beaucoup. Robert Poëti n'a jamais accepté d'être évincé du Conseil des ministres, fin janvier, officiellement pour y faire entrer une femme de plus, Rita de Santis. Il doit fulminer quand il la voit, sans gouvernail, incapable de donner une réponse intelligible à l'Assemblée nationale.
Ses manoeuvres dans le dossier du MTQ lui auront valu la faveur du public, mais ce ne sera pas suffisant pour le ramener au Conseil des ministres. Les déboires de son analyste Annie Trudel au Ministère étaient prévisibles, la machine l'a rejetée comme un corps étranger. Louise Boily, l'auditrice du Ministère, a souligné publiquement que ses doléances ne parvenaient pas au ministre Poëti, bloquées par son chef de cabinet Martin Massé.
Dans les officines, les mandarins avancent que Mme Boily n'a jamais digéré que les vérificateurs qu'elle avait déployés en région deviennent des « professionnels en contrôle de processus », échappant du même coup à sa férule.
Hamad devra attendre
Personne ne peut douter de l'intégrité de Sam Hamad. Mais par manque de jugement et excès de candeur, il peut se mettre dans le pétrin.
C'est ce qui est arrivé dans le dossier Premier Tech, l'entreprise qui attendait des subventions de Québec. Enivré par son amitié avec le radioactif Marc-Yvan Côté, Hamad a tout fait pour aider la société - dont le projet tenait la route par ailleurs. Pour Hamad, « tout faire » a vite voulu dire trop faire. Le rapport du Commissaire à l'éthique est impitoyable.
Philippe Couillard veut ramener ce lieutenant de la première heure au Conseil des ministres, mais ce n'est pas pour demain. Il devra attendre le moment opportun.
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