Ville de Montréal - Le cirque

Corruption à la ville de Montréal



Coup de tonnerre hier à l'Hôtel de Ville de Montréal. Après les révélations dans Le Devoir et dans La Presse d'une autre affaire d'espionnage, le maire Gérald Tremblay annonce que son espion en chef, Pierre Reid, est relevé de ses fonctions. Puis le voilà qui révèle que le président du conseil, Claude Dauphin, que l'espion espionnait, fait l'objet d'une enquête policière. Suit une demande de démission que l'intéressé refuse. C'était le premier acte. Aujourd'hui, deuxième acte, le conseil votera sur la suspension de Claude Dauphin de la présidence. Tout cela sans explications claires et transparentes.
La transparence est une vertu qui est absente de l'administration du maire Tremblay. Sur les questions d'éthique prévalent les faux-fuyants, les explications tortueuses et le déni de responsabilité. «Je ne savais pas» est la formule passe-partout de Gérald Tremblay. Encore hier, il a soutenu avoir tout juste appris cette nouvelle affaire d'espionnage.
Mettre à l'écart Pierre Reid était le minimum que pouvait faire le maire Tremblay après que lui-même et le directeur général de la Ville eurent juré qu'aucun élu n'était l'objet d'espionnage de ses courriels. Alors que de multiples rumeurs indiquant le contraire courraient dans les corridors de l'hôtel de ville, le maire n'a cru bon de poser la question qu'hier matin à Pierre Reid. Pourquoi avoir tant tardé? La réponse est qu'il savait qu'une enquête était en cours sur Claude Dauphin à titre de maire de Lachine, mais qu'il préférait ne pas savoir par quelles méthodes.
Peu importe ici que Claude Dauphin ait commis quelque geste répréhensible ou soit blanc comme neige. Sont en cause des méthodes d'enquête intolérables, car illégales. Si un employeur peut surveiller l'usage que font ses employés de ses services de messagerie dans le cadre de leurs fonctions, la chose est différente pour les élus. La confidentialité de leurs communications est indispensable. S'il y a des motifs sérieux qui l'exigeraient, il faut confier cela à la police, qui seule a le pouvoir de le faire. Et dans le cas présent, la Sûreté du Québec assure n'avoir jamais conseillé à Pierre Reid de le faire, comme le maire Tremblay l'a très curieusement soutenu hier en guise de bien mauvaise explication.
La méthode Pierre Reid est extrêmement dangereuse. On l'a vu dans son enquête sur le vérificateur général de la ville, Jacques Bergeron, dont il a espionné les courriels sans droit et sans nécessité puisque les informations recherchées existaient dans des documents publics. Aller ainsi à la pêche sur tout et rien ouvre la porte à des abus. Est-ce une petite Stasi qui était en place sous Pierre Reid? Les élus de Montréal doivent exiger d'ouvrir les dossiers d'enquête de Pierre Reid.
Après le scandale des compteurs d'eau, personne ne reprochera au maire Tremblay d'être sur ses gardes. Tous seront d'accord sur le fait qu'il applique le principe de tolérance zéro. Mais il y a la manière. Dans le cas du vérificateur général, on était dans le règlement de comptes. Dans le cas de Claude Dauphin, les informations manquent pour juger. On ne sait même pas s'il y a véritablement enquête policière, comme le prétend le maire, ni depuis quand, ni sur quoi exactement. Le maire ne peut demander le retrait de la présidence du conseil de Claude Dauphin sur l'existence de soupçons que lui seul connaît. Il doit préciser et justifier. Pour l'instant, tout cela ressemble à du guignol qui n'est pas à l'honneur de Montréal. C'est bien vrai que cette ville est la capitale mondiale du cirque.


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