Ce parti qui pulvérise la société québécoise

Y a-t-il encore de l'espoir pour les Québécois?

La nécessité d'un «réenchantement»

Tribune libre

Quand je jette un regard sur la société québécoise actuelle, en ce début de l’année 2016, je ne peux m’empêcher de penser à une réflexion d’Edgar Morin : «Nous sommes contraints de voir l’homo sapiens comme homo demens.»

Des dirigeants politiques, idéologiquement téléguidés, économiquement intéressés, financièrement appuyés et humainement aveugles, imposent à la population une implacable cure d’austérité, pour ne pas dire de descente dans les bas-fonds. Ces dirigeants grignotent peu à peu le modeste filet social mis en place au cours des 50 ou 60 dernières années.

Les revenus diminuent, sauf ceux des médecins, ceux des cossus et ceux des "grands maîtres".

Quand je pense au système de santé, je ne pense pas d’abord et avant tout aux médecins, même si je reconnais, sans peine, qu’un système médical accessible, efficace et humanisé est fondamental. Grande est, actuellement, la déception de millions de Québécois, lorsqu’il s’agit de porter un jugement sur le système médical. Il faut attendre longtemps avant d’être bien soignés. Qui plus est, de très nombreux médecins, surtout les spécialistes, semblent appartenir à la «race» des techniciens et des robots, toujours désireux de remplir leurs poches, avant de remplir leur devoir. Ils ne savent pas (ou ne veulent pas savoir) qu’un bon médecin communique avec les malades et les considère comme étant des humains et non pas comme des toasters brisés.

Quant à la santé, prise dans un sens plus vaste et plus global, elle est compromise par l’appauvrissement, par la rudesse de l’existence, par la pollution, par l’indifférence des dirigeants, économiques, financiers et politiques.

Il serait facile d’en dire davantage sur les ignobles coupures dans le secteur de l’éducation et dans le secteur de la culture! Que dire aussi de l’analphabétisme de trop nombreux Québécois?

Il y a, aussi, le problème de ces "nouveaux venus" qui ne veulent pas apprendre le français.

N'oublions pas que le nouveau premier ministre du Canada est un adepte du "multiculturalisme" (ou "communautarisme"), dans le sens britannique du terme: vivre les uns à côté des autres, plutôt que les uns avec les autres. Le Canada: une grande mosaïque "tachiste".

Il faut espérer qu'il y aura un retour lumineux du désir souverainiste.

Le pouvoir politique, au Québec, est actuellement entre les mains d’un parti arrogant, insolent, au service des nantis et des cossus.

Désespérante est la situation, puisque le principal parti de l’opposition est affaibli. On profite sordidement de l’occasion pour discréditer le chef de ce parti. On lui reproche, à tort ou à raison, des comportements qui sont aussi ceux des «amis» du parti au pouvoir.

Je me console, parfois, en pensant à cette phrase de Georges Balandier : «Toute société porte en elles d’autres sociétés possibles.»

Je me dis aussi qu’il serait bon de réfléchir aux propos de Matthieu Pigasse : «Ce qui est en cause aujourd’hui, c’est l’existence même de la démocratie. L’incapacité à faire face à la crise et à lutter contre le chômage, la croissance explosive des inégalités, la faiblesse des dirigeants, leur manque de souffle, de vision, d’ambition, l’absence de grand dessein collectif, tout ceci fait peser un risque sans précédent sur la démocratie. (…) La politique exige de l’audace et du courage. De la créativité et de la vision.»

Jean-Serge Baribeau, sociologue


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    6 février 2016

    Monsieur Baribeau
    Je vous recommande de lire le livre de Christian Saint-Germain intitulé: L'avenir du bluff québécois des éditions Liber. Voici un court extrait: Être colonisé ça doit être cela: prendre sa pauvreté pour de la richesse et sa richesse pour de la pauvreté. Évoquant cette "aliénation délirante" dans L'homme rapaillé, Gaston Miron décrivait déjà la déportation des locuteurs hors de leur propre espace linguistique: "Me voici l'unilingue sous-bilingue voilà comment tout commence à se mêler à s'embrouiller c'est l'écheveau inextricable". Fin de l'extrait. À lire absolument ce livre!
    André Gignac 6/2/16