Madame Johanne Laurin,
CCBN
Madame,
Une amie m’a permis de lire la réponse que vous avez adressée à sa lettre d’indignation au sujet de cette « commémoration » de la bataille des Plaines d’Abraham à l’été. Je dois vous dire que cette réponse a soulevé chez-moi encore plus d’indignation que le projet lui-même. Je suppose que votre organisme fédéral a décidé de « revoir » pédagogiquement son propos, avec à coup sûr le grain de sel du fédéral lui-même et du P.M. canadian peut-être - qui avait semblé apprécier on ne peut plus de déambuler devant la Citadelle l’été dernier, auprès de la gouverneure générale, entre les gardes rouges, pour accueillir sur son terrain Sarkosy le ... ingérent ! Nous dépossédant dès le départ de nos propres fêtes de 2008! Ne dirait-on pas que l’on souhaite maintenant nous déposséder même de nos défaites? Et je rappellerais volontiers à cette incroyable Mme Verner - devant sa réaction primaire : "ceux qui n’aiment pas ça n’ont qu’à rester chez-eux" – que notre histoire, c’est CHEZ-NOUS.
Je crois sincèrement, madame, que votre organisme abuse de ses privilèges avec ce projet et qu’il risque de s’en mordre les doigts. Que le gouvernement du ROC du Canada d’aujourd’hui (via la CCBN) veuille nous enseigner l’histoire du Canada d’hier - le nôtre -, m’apparaît complètement INDÉCENT. Même si vous dites que vous ferez appel pour ce faire à des historiens, des municipalités et des organismes d’ici et tutti quanti... Le seul fait que le Fédéral prenne cette initiative me met le feu aux poudres - je resterai polie – et je sais que je ne suis pas la seule. J’ai été quelques fois témoinE de la relecture de l’histoire du Québec à la façon canadian qui, entre autres, inspire ou supervise le plus souvent la Radio-Canadienne. J’en ai eu assez de quelques scènes de "Marguerite Volant" et son brave et séduisant soldat anglais; de la minable représentation de Félix Leclerc; et de René Lévesque. J’ai vu la soi-disant affection de Clarence Campbell pour Maurice Richard, affection qui sous-tendait soi-disant son mépris et sa violence, pour amener – ben sûr! – le surdoué à donner le meilleur de lui-même. J’ai vu la présentation de NOS Patriotes à la Maison Bagatelle...
Vous avez apparamment entrepris donc d’inclure dans votre projet la victoire « canadienne » de Ste-Foy mais comme elle a eu lieu en 1760, il serait mieux avisé de la laisser dormir tranquille. Quant à la Guerre de 7 ans, laissez donc faire aussi! L’idée de noyer le poisson initial dans une grande leçon d’histoire à la canadian? MON ŒIL!!! Non merci! pour l’enseignement par le Fédéral! Nous pouvons nous instruire nous-mêmes!
Mais si, malgré une importante opposition, la CCBN s’obstine, elle n’aura pas le choix de faire sa « commémoration » sans complaisance et sans bal masqué, nonobstant les éventuelles moindres retombées économiques pour Québec. Faire la commémoration de la bataille des Plaines sans complaisance, cela voudra dire aussi rappeler l’incendie de la ville de Québec, le saccage de la rive nord, celui – saccage et incendie - de la rive sud, de Kamouraska à Lévis. Si vous voulez instruire les Québécois et les Canadians du comportement des soldats de l’époque, vous devrez alors rapporter celui des soldats de Wolfe et co. dans ces mêmes villages de pionniers; et leur exemplaire correspondance à ce sujet! En ce qui me concerne, je connais par leurs noms et prénoms les femmes et les hommes de mon ascendance sur la Côte–du-Sud qui ont dû, pour ce qui concerne les femmes, se réfugier dans les bois avec les vieillards et les enfants assistés heureusement de leurs amis Malécites, et pour les hommes « valides » de se mettre en route vers Québec à titre de miliciens et se faire massacrer pour une bonne part d’entre eux. Des prénoms réels, ça change un peu la perspective; ça personnifie et ça enlève le goût de festoyer, serait-ce par un simple pique-nique sur les Plaines de notre Abraham. Y a-t-il un party à Ottawa à l’Armistice?
Vous devrez aussi rappeler en même temps l’histoire de ces Acadiens venus se réfugier sur cette même Côte-du-Sud après les horreurs commises par les mêmes soldats et commandants anglais en 1755 et qui ont dû les revivre une seconde fois. Comme j’ai aussi, de par mon père, une ascendance acadienne, encore là, ça change la lecture des évènements. Ces évènements ont été la tragédie de CANADIENS en chair et en os! Et celle de notre peuple, malgré les efforts pour nous faire croire que l’Angleterre a été comme une manière de Pygmalion pour nous. Ceux qui croient cette fable ne savent pas lire la chaîne des évènements d’ici depuis 1750. À part nous déposséder un à un de nos symboles et des leviers du pouvoir que nous commencions à peine à prendre... Alors, Wolfe et Montcalm se donnant l’accolade à la manière de Charest et Sarkosy hier : ÇA cloche! pour les premiers, comme aurait dit ma mère! Et c’est louche! pour les deux autres.
Entre nous, si le Canada veut commémorer justement la bataille de nos Plaines, qu’il nous les redonne. Pourquoi pas? Alors là, il aurait le ton juste. Et équitable!
Quant à moi, je n’irai pas visiter votre site. Et je me demande même si, le cas échéant, je ne serai pas, à l’été, de la manifestation avec Pierre Falardeau qui l’a peut-être finalement, lui, le ton juste qu’auraient apprécié nos ancêtres devant tant d’outrecuidance!
Mes salutations, madame,
Nicole Hébert
cc. Régis Labaume, maire de Québec
www.vigile.net
1759-2009
Y a-t-il un party à Ottawa à l’Armistice?
copie d'une lettre adressée à Mme Laurin de la CCBN
Tribune libre
Nicole Hébert88 articles
Péquiste. * Car on ne m’a pas démontré qu’il y avait d’autres avenues
pratiquables.
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
5 février 2009Petite rectification: re Maurice Richard, je voulais parler, bien sûr du coach de M.Richard et non de Clarence Campbell. Était-ce Toe Black ou Dick Irwing???
Et j'ai oublié les fameuses Minutes du Patrimoine dans les volontés du Fédéral de nous instruire.
Mais surtout, petite digression: ... je viens tout juste de trouver, tantôt, un flash en mangeant mon orange et en regardant les infos–midi à qui IL me fait penser... Sarkosy! Ça me chicotait depuis longtemps; vous savez, le "Qui c’est donc qu’il me rappelle..." qui revient chaque fois qu’on aperçoit la personne. Eh bien Eureka: Il me fait penser à Louis de Funès dans certains films... Vous ne trouvez pas? dans la mimique, dans le geste... Ça m’a fait du bien!!!
Et j’ai compris du même coup le choix de Desmarais. Ça aussi ça me questionnait!
Et le choix des Français: ils avaient sans doute envie de rigoler un peu.
Sans préjudice...
Nicole Hébert Répondre
3 février 2009@ Monsieur Bousquet
Je vois que vous avez raison, Monsieur Bousquet, en ce qui concerne 1999:
« Plaines d'Abraham, prise deux! Arts et spectacles* , samedi, 4 septembre 1999, p. D18
Si vous êtes curieux de connaître le déroulement complet du scénario et souhaitez comprendre - enfin! - pourquoi et comment on en est arrivé là, rendez-vous à la Maison de la découverte des plaines d'Abraham (à l'entrée principale du parc) dès 8 h 30, pour obtenir la carte des lieux et l'horaire des activités.
Un programme diversifié, conçu pour les adultes et les enfants, dont un super circuit historique de 2 h 30 en autobus. Les visuels en auront plein la vue; les auditifs n'en auront jamais entendu autant. Un cours d'histoire sur le terrain, c'est pas mal plus fascinant que sur un banc d'école! Plusieurs départs au cours de la journée.
Ceux qui désirent simplement se divertir ne seront pas en reste. Une reconstitution de la bataille sera présentée en fin de journée, à l'endroit même où les hostilités se déroulèrent il y a 240 ans. Vous pourrez y assister en simple spectateur ou prendre (intensément) part à l'action en joignant les rangs de ces valeureux soldats. Hommes, femmes et enfants de tous âges, on ne fait aucune discrimination pour l'occasion. Une seule condition pour l'enrôlement: se présenter au camp d'entraînement à 15 h 30, le temps de revêtir l'uniforme et d'apprendre les rudiments du maniement du fusil. Ça aide avant d'affronter l'ennemi! »
Alors, je crois qu’il était plus que temps que nous sortions de ce surprenant sommeil ou de cette indifférence!
Par ailleurs, selon Simon Boivin du Soleil,
« En 1959, les «fêtes» du 200e de la fameuse bataille ont soulevé une controverse de plusieurs semaines, certains refusant que l'on célèbre la «disparition de la Nouvelle-France», selon les archives de Radio-Canada. »
Je suis portée à croire que par rapport aux deux réactions précédentes, nous avons évolué. Voilà que nous nous réveillons et ce n’est pas par nostalgie de la Nouvelle-France que nous réagissons mais par fierté et par désir de réelle autonomie.
Mais vous me surprenez un peu, Monsieur Bousquet, par le sarcasme du début de votre message. Je crois que le sarcasme se rapproche de l'insulte, que vous dénoncez par ailleurs avec raison.
Je partage cependant votre désir de civilité mais devant ce projet fédéral, disons que je me retiens.
Nicole Hébert
Archives de Vigile Répondre
3 février 2009S’ils cancellaient le bal masqué, s'ils défendaient à Wolfe de donner une poignée de main à Montcalm, si on défendait aux gens qui s'y rendent, de sourire, de manger du pop corn et de boire de la bière vu ls grave affaire, est-ce que ça serait acceptable aux Québécois insultés ?
Ça me semble correct de prévenir les organisateurs de ne pas exagérer la partie fête de cette défaite mais si cette reconstitution est bien faite, pourquoi pas ? Ça été fait il y a 10 ans sans aucune protestation des Québécois.
Est-ce la dernière victoire de M. Charest qui a énervé les souverainistes à ce point ? Pourtant, ce sont des Québécois qui l'ont élu, lui qui représente la continuité du pouvoir canadien de la majorité anglophone au Québec. Ça, c'est du présent et de l'avenir que nous pouvions contrôler en votant pour ses convictions, pas ce qui s’est passé il y a 250 ans, qui ne peut être changé.