L'effondrement des valeurs morales de notre classe dirigeante
Selon Hannah Arendt, l’«inaptitude à penser» doit être mise en relation avec le problème du «mal», qui ne requiert ni stupidité ni méchanceté
En 1963, Hannah Arendt (1906-1975) publiait Eichmann à Jérusalem, compte rendu critique du procès d’un criminel de guerre nazi, haut fonctionnaire ayant supervisé la déportation de millions de Juifs vers les camps de la mort. [Le récent film éponyme de Margarethe von Trotta, sorti au Québec le 14 juin, porte précisément sur le développement, par la philosophe, de cette thèse.] Dans son texte, Arendt y dépeint, à tort ou à raison, un homme ordinaire, soumis à l’autorité, ayant « suivi les ordres », cessant de penser, incapable de distinguer le bien du mal. C’est ce phénomène qu’Arendt a décrit comme « la banalité du mal ».