Nous avons précédemment (Lettre à B. Aubin et Oui, l’analphabétisme nous tient en cage) commenté le cahier ALPHABÉTISATION du Devoir du 4-5 septembre. Nous nous sommes surtout attardés aux statistiques sombres dépeignant un état alarmant d’analphabétisme au Québec. Nous cherchions des moyens de calmer la colère que nous inspire l’immobilisme gouvernemental en cette matière.
Or, ce même cahier contient aussi des articles où puiser un certain optimisme. Et ils viennent de pressions syndicales ayant amené dans des entreprises des initiatives de formation à l’emploi et à la vie familiale des immigrants comme des « de souche » mal scolarisés.
« L’alphabétisation est une responsabilité collective » (Assia Kettani)
La journaliste parle avec Denise Boucher, v.-p. CSN de ses journées de réflexion sur l’éducation, du printemps dernier. Elle cite le cas de la petite entreprise Comet, à Saint-Hyacinthe, qui fut achetée par Barry Callebaut, leader mondial des fabricants de produits de cacao, dont le siège est à Zurich. Alors que l’intégration de la petite entreprise à une transnationale soulevait de nouveaux enjeux, le syndicat a défendu la signature d’une convention collective de sept ans, qui intégrait une formation de base (lecture, écriture, mathématiques) donnée chez Callebaut : deux formateurs à l’interne (connaissent bien leurs collègues et leurs tâches) en collaboration avec une personne-ressource de l’externe ciblent les besoins des participants. Convention signée en 1998 et renouvelée 2 fois est en vigueur jusqu’en 2014.
À Montréal, les problèmes d’alphabétisation se conjuguent à la question de la francisation : le personnel de l’entretien ménager de la Place Ville-Marie est essentiellement composé de femmes immigrantes… formation à la francisation faite sur place, dans un local loué à la Place puisque pour ces femmes ne parlant pas français, des déplacements en métro peuvent les décourager d’assister à la formation.
« La littératie est inscrite au cœur de l’action communautaire » (25 tuteurs bénévoles à rejoindre 80 individus de tous âges) Valérie R. Carbonneau
Fondé en 1899, Collège Frontière est le premier organisme d’alphabétisation au pays. Du côté du Québec, il œuvre depuis 20 au sein des « nouvelles frontières » soit écoles situées en milieu urbain défavorisé, centres communautaires… Exemple les Habitations Jeanne-Mance où, 50% des résidants adultes se classent en-deçà du niveau 2 de littératie. Touchent programmes parasco, activités récréatives, cours d’alphabétisation, francisation, service de garde en milieu familial, marchés publics…soutien à la réussite scolaire des 6-16 ans…
« Les gens veulent apprendre mais ils manquent de ressources » (la pratique d’une langue ne s’acquiert pas en une seule année!) Claude Lafleur
Pierre Saint-Germain, prés. Fédération autonome de l’enseignement, qui rassemble le tiers du personnel enseignant au Québec qui œuvre du préscolaire au secondaire et éduc adultes, form. Professinnelle (groupe issu d’une scission d’avec la CSQ). Préoccupation quotidienne : l’accueil des populations immigrantes. « Lorsqu’on parle d’alphabétisation, on pense généralement aux adultes. Toutefois, avec l’immigration, on reçoit souvent des jeunes de 12, 13 ou 14 ans qui n’ont jamais été scolarisés dans leur propre langue ou qui n’ont jamais mis les pieds dans une école. » S’est créé à la CSDM des groupes homogènes d’élèves pour leur offrir des services particuliers. Réseau dont est très fière l’Alliance des professeurs de Montréal. Ceci est moins possible dans des centres moins densément peuplés.
En Centre d’éducation des adultes, hors les immigrants, il s’agit des Québécois, jeunes adultes qui sont sortis du réseau scolaire régulier sans avoir complété leur secondaire, ou qui l’ont complété mais sans savoir vraiment lire ni écrire…(à une certaine époque, on a fait graduer des élèves qui ne remplissaient pas les exigences pour passer au niveau suivant!) Sont soutenus par Emploi Québec pour une durée d’une année… insuffisant pour une alphabétisation convenable.
Ceci démontre que la population québécoise n’a pas renoncé! Des tas d’experts se dévouent à remettre sur les rails un système d’éducation déficient et à accueillir avec leurs outils syndicaux élémentaires la masse d’immigrants qui se déverse chez nous sans la connaissance de la langue nationale. Et ce remarquable sens de l’accueil des Québécois se bute pourtant parfois à l’incompréhension de certains immigrants, francophones mais inadaptés, voire de quelques intrépides Français, fuyant trop lourde bureaucratie, mais souvent mal préparés à « l’inculture » québécoise et qui y subissent un échec fracassant.
Nation en marche. Oui, nous le pouvons!
À travers leurs conventions collectives
Alphabétisation, francisation, les Québécois s’en préoccupent
Autre prétexte pour la droite hargneuse de mépriser les syndicats
Tribune libre
Ouhgo (Hugues) St-Pierre196 articles
Fier fils de bûcheron exploité. Professeur retraité d'université. Compétences en enseignement par groupes restreints, groupes de réflexion, solution de problèmes. Formation en Anglais (Ouest canadien), Espagnol (Qc, Mexique, Espagne, Cuba), Bénévolat latin...
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Fier fils de bûcheron exploité. Professeur retraité d'université. Compétences en enseignement par groupes restreints, groupes de réflexion, solution de problèmes. Formation en Anglais (Ouest canadien), Espagnol (Qc, Mexique, Espagne, Cuba), Bénévolat latinos nouveaux arrivés. Exploration physique de la francophonie en Amérique : Fransaskois, Acadiens, Franco-Américains de N.-Angl., Cajuns Louisiane à BatonRouge. Échanges professoraux avec la France. Plusieurs décennies de vie de réflexion sur la lutte des peuples opprimés.
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
12 septembre 2011Merci, M. Noël, de nous faire relire vos importants rapports sur l'immigration. L'article du Devoir nous rapporte rapidement la satisfaction de professeurs dévoués à leur tâche mais trop surchargés pour prendre le temps de tirer ces leçons essentielles sur une immigration débridée. Vos chiffres font en même temps ressortir la proportion d'immigrants chômeurs et assistés, de leurs enfants décrocheurs ou mangeurs de temps en francisation et alphabétisation, puis des conséquences en délinquance de rue...
Archives de Vigile Répondre
12 septembre 2011Le retard scolaire des enfants-immigrants arrivés ici à 10-12 ans? Un problème sérieux que j'ai déjà abordé.
http://www.vigile.net/Seulement-44-des-enfants
http://www.vigile.net/L-examen-de-francais-ecrit-gros