Face à la mort

Au seigneur Pomerleau et aux sages du conservatisme

L'État doit-il être notre seule priorité ?

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Tribune libre

Je sais, je sais, M Pomerleau, les grand seigneurs comme vous ne se préoccupent que de la Grande Question d’État. Tant-mieux, tant-mieux, pourquoi pas? Mais il faut faire attention à cette tendance un peu trop répandue qui consiste à aborder les concepts, ou les pratiques, dont on use comme s’ils constituaient des fins en soi : l’indépendance pour l’indépendance, l’État pour l’État, le discours pour le discours, la publication pour la publication… Le piège de ce mode de pensée, c’est qu’il a quelque chose de fossilisant, il ne laisse aucune place pour la vie.


La vie réside dans l’intervalle, dans l’articulation entre les atomes. Dans le lien qui relie l’existence, le sens, la transcendance, la culture, i.e. la mémoire, l’imaginaire, la conscience et le récit, le cadre et l’évènement; tout ce qui constitue la trame de l’identité partagée, tout ce dont est fait l’appartenance, la foi en nous-mêmes; tout ce qui fait que le sang coule encore dans nos veines, bref, toute la sève sans laquelle l’État n’est plus qu’un fruit cérébral desséché.


Vous allez me répondre: «quand je parle d’État, je parle de tout ça». Mais si on attend d’avoir un État pour s’occuper de tout le reste, on est déjà mort! Peut-être est-ce le cas finalement. Peut-être est-ce pour cela que le Québec est tellement figé et que nous ne parvenons plus à entrer en contact les uns avec les autres. Nous ne sommes déjà plus personne; que des images virtuelles qui simulent l’existence, que des mots sur un écran.


Est-ce que ces considérations sont d’actualité en contexte de covid-19? Cette situation a au moins le mérite de nous révéler quelle est la valeur commune la plus déterminante  au sein d’une société post-nationale: c’est la peur de la mort. Aucune de ces platitudes rhétoriques que sont le féminisme, l’égalité ou la laïcité ne nous donne le courage de faire face à la mort, ou la force de garder la tête froide, quand, pour une raison obscure, nos puissants mettent tout en œuvre pour attiser cette peur.



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