QUÉBEC – Les changements que le gouvernement Couillard souhaite apporter aux programmes d’aide sociale entretiennent les stéréotypes et les préjugés à l’égard des plus démunis, déplore la Commission des droits de la personne et de la jeunesse, qui invite Québec à refaire ses devoirs.
La Commission a interpellé le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad, vendredi, afin qu’il renonce à donner suite à la plupart des recommandations formulées par son prédécesseur, François Blais.
Avant de succéder à Yves Bolduc à la tête du ministère de l’Éducation, François Blais avait annoncé un resserrement des règles d'accès aux prestations d'aide sociale.
Ces changements incluent notamment l’interdiction, pour une personne qui bénéficie de l’aide financière de dernier recours, de s’absenter du Québec pendant plus de 15 jours au cours du même mois.
Le gouvernement souhaite également diminuer la prestation de base accordée à un adulte qui séjourne dans un centre de désintoxication avec hébergement.
Québec estime ainsi pouvoir récupérer entre 11 et 15 millions $ annuellement.
Or, selon l’organisme chargé de veiller au respect des principes énoncés dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec, ces mesures vont aggraver les situations d’exclusion déjà vécues par les prestataires d’aide sociale.
Les modifications proposées pourraient également contrevenir aux engagements internationaux du Québec en matière de lutte à la pauvreté.
«Le Québec s'est engagé à assurer le plein exercice des droits prévus au Pacte international sur les droits économiques et sociaux qui interdit l'adoption de mesures qui feraient reculer ces droits, a fait valoir la Commission. L'État québécois n'a pas démontré que ces mesures régressives sont pleinement justifiées “dans le contexte de l'utilisation au maximum des ressources disponibles”.»
La Commission des droits de la personne et de la jeunesse a tenu à rappeler que «la pauvreté et l'exclusion sociale sont des obstacles importants à l'exercice des droits et libertés garantis dans la Charte».
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