Course à la chefferie du PQ: Nantel laisse planer le mystère

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Les règlements sont conçus pour favoriser les candidats de l'establishment péquiste


Les délégués du Parti québécois ont entériné à l’unanimité ce week-end le projet de règlement d’élection à la chefferie élaboré par l’exécutif national, ignorant les « amendements » proposés par un proche de l’humoriste Guy Nantel. Une décision avec laquelle le camp Nantel dit pouvoir vivre.


L’auteur des propositions d’amendements, Christian Généreux, ne tient pas rigueur aux délégués d’avoir ignoré ses suggestions. Malgré leur rejet, M. Nantel pourrait très bien se lancer dans la mêlée aux côtés de Sylvain Gaudreault, Paul St-Pierre Plamondon, Frédéric Bastien et possiblement Stéphane Handfield. « Il n’y a pas d’os dans le baloney », a-t-il lancé dans un échange avec Le Devoir, dimanche.


Les conditions de participation à la course à la succession de Jean-François Lisée, qui ont été dévoilées samedi à Montréal, sont pourtant strictes.


Les personnes souhaitant y prendre part devront obtenir un bulletin de candidature, en échange d’un paiement non remboursable de 10 000 $. Elles disposeront ensuite de moins de 40 jours pour collecter 15 000 $ supplémentaires ainsi que 2000 signatures de membres en règle provenant d’au moins 50 circonscriptions sur 125 et d’au moins 9 régions administratives sur 17. En plus, elles devront obtenir l’appui de 10 présidents d’association de circonscription ou plus. Les règles favorisent ceux qui ont un réseau dans le parti, souligne-t-on chez les militants.


Ce n’est pas tout. Les personnes intéressées devront signer la « Déclaration assermentée du candidat », par laquelle elles s’engageront notamment à « mener une campagne qui ne remet pas en question l’intégrité du processus électoral ni celle du parti ». Les délégués veulent éviter de voir des candidats s’en prendre à la direction du parti durant la course, comme Martine Ouellet l’avait fait en 2016.


Enfin, les candidats devront « adhére[r] sans réserve » à la fois à la déclaration de principe et au code d’éthique du PQ. Un aspirant-chef qui crie sur tous les toits être climatosceptique pourrait théoriquement se faire montrer la porte, explique-t-on.


Dimanche, à l’émission Tout le monde en parle, à Radio-Canada, Guy Nantel a déclaré qu’il présenterait officiellement sa décision d’ici le 14 février prochain.


La date des débats discutée


L’état-major du PQ comptait annoncer samedi à la presse la date du premier des deux « grands débats nationaux » qui jalonneront la course, mais il s’est ravisé à la dernière minute, a appris Le Devoir.


La présidente d’élection, Agnès Maltais, a dit aux journalistes vouloir « débattre avec les personnes candidates pour être certaine qu’elles soient disponibles à ce moment-là » avant d’annoncer les dates des deux rendez-vous incontournables ― sur le choix desquelles elle se réserve néanmoins « le dernier mot ».


Mme Maltais a soumis la date pour laquelle le PQ a déjà réservé une salle à Montréal à des candidats pressentis.


Pour Guy Nantel, la date retenue « n’est pas l’idéal, mais c’est faisable », a dit M. Généreux, avant que Le Devoir l’invite à préciser sa pensée. Ce n’est pas l’idéal parce que son poulain présente un spectacle la veille… en Floride, a-t-il expliqué.


Les sympathisants auront droit de vote


Les non-membres pourront pour la première fois se prononcer sur le choix du prochain chef, pourvu qu’ils adhèrent aux grands principes du parti.


« Pour cinq dollars, via le site Internet du Parti québécois, il sera possible d’obtenir un droit de vote pour l’élection. […] C’est passionnant ! Tu peux participer à l’élection d’un chef de parti directement », a affirmé Mme Maltais, samedi.


Le PQ a fait un pas « énorme », convient M. Généreux, qui milite pour l’ouverture du vote aux sympathisants depuis 2015. Il regrette toutefois que les non-membres doivent payer cinq dollars, par carte de crédit, pour mettre la main sur un bulletin de vote.


Les délégués n’ont retenu ni sa proposition de laisser au hasard le choix de la date des deux débats en cas de mésentente entre les candidats ni celle d’accorder aux sympathisants un droit de vote gratuit. « On va vivre avec ça », a indiqué M. Généreux au Devoir.


« Les demandes de Nantel ont vraiment été mal reçues », a relaté au Devoir un participant de la première conférence de coordination samedi, sous condition d’anonymat. « Il faut être une vraie diva pour penser dicter ses conditions pour diriger un parti politique dans lequel tu n’as jamais milité. Même PKP [Pierre Karl Péladeau] n’est pas allé jusque-là », a-t-il ajouté.


Face à ce malaise entourant l’éventuelle candidature d’un inconnu de la base militante du PQ, M. Généreux rétorque que Guy Nantel, « ce n’est pas le candidat du Parti québécois, c’est le candidat de l’indépendance ».


Le député de Jonquière, Sylvain Gaudreault, et l’avocat Paul St-Pierre Plamondon accueillent d’un bon oeil les règles de la course à la direction du parti. D’ailleurs, M. Gaudreault a déjà amassé les 10 000 $ nécessaires pour obtenir son bulletin de candidature.


Stéphane Handfield apporte quant à lui un « petit bémol » sur l’octroi d’un droit de vote à ceux qui ne sont pas prêts à acheter leur carte de membre du PQ. « Mais si cela peut favoriser une plus grande participation au vote, ça sera positif », a-t-il ajouté.


Stéphane Handfield dissipera « très prochainement » le mystère entourant sa participation dans la course. Guy Nantel fera de même au plus tard le 14 février prochain, soit le jour de la Saint-Valentin.




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