Vincent Geloso, dans son dernier article, « L’État a-t-il vraiment fait progresser l’éducation au Québec ? » crache, littéralement, sur la Révolution tranquille. Comme quoi le legs de ce mouvement se résumerait à une baisse de la fréquentation scolaire chez les Québécois. Ce qui, selon M. Geloso, est dramatique.
Si l’on se fie aux statistiques avancées, on serait porté à lui donner raison. Mais qu’en est-il exactement ? Je doute qu’une inévitable et florissante bureaucratisation du système de l’éducation puisse expliquer cette récente baisse de la fréquentation scolaire. Il ne faut pas oublier, M. Geloso, que si les jeunes et les moins jeunes quittent plus tôt le foyer scolaire, c’est en partie dû aux perspectives de carrière et au marché du travail désormais beaucoup plus réjouissants pour les Québécois.
Certes, les stratégies politiques de Duplessis en matière d’éducation ne demandent pas révision ; le Premier ministre aura fait tout son possible pour conserver le statu quo. Mais qu’en est-il de la morale moderne et de la rigidité des mœurs phénoménales de l’époque ? N’y aurait-il pas là quelques raisons expliquant la réussite et l’assiduité des élèves ? La Grande Noirceur (1944-1960) n’était pas simplement politique ; elle était sociale.
Au lieu d’accorder autant d’importance à l’éducation scolaire, il faudrait plutôt voir si la société québécoise permet ou non l’émancipation individuelle et intellectuelle de ses citoyens. Car c’était là, je le crois fermement, les buts de la Révolution tranquille ; un mouvement qui s’est terminé d’abrupte et de triste façon, en 1980. Un échec qui joue probablement pour beaucoup dans le manque de conviction des jeunes et des moins jeunes d’aujourd’hui.
Ne crachez pas sur la Révolution tranquille, constatez son échec, M. Geloso, et alors vous ne verrez plus la situation d’aujourd’hui comme une simple suite logique du Québec des années 60 et 70.
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