DE LA CHARIA AUX DIAMANTS DE SANG

De le Charia aux diamants de sang

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L'étrange rapport à l'éthique de Philippe Couillard

Il a déjà été fait état du grave problème moral qu’il y a de s’enrichir auprès d’une dictature islamique coupe-gorge comme Philippe Couillard l’a fait des années durant. Mais on sait moins qu’il a aussi été impliqué dans une compagnie minière qui mène des activités dans des coins du monde réputés pour leur violence à l’égard des populations civiles.
Au printemps 2009, Philippe Couillard accepta de siéger sur le conseil d’administration de la compagnie minière Canadian Royalties. Jusqu’en décembre 2009, il figurera sur le comité spécial de financement de la minière. Ce qui n’est pas étonnant puisqu’on l’avait sollicité pour qu’il trouve de l’argent pour la mine grâce à ses contacts privilégiés en Arabie saoudite.
C’est en 2001 qu’un filon de nickel a été découvert au Nunavik, dans le Nord du Québec, tout près de Raglan. En 2008, la minière Canadian Royalties annonçait qu’elle était prête à exploiter le gisement. Le découvreur dudit gisement et le fondateur de la compagnie en question est Glenn J. Mullan.
De 2001 à 2012, et selon le directeur des élections du Québec, Mullan donna pas moins de 7450$ au Parti libéral.
Canadian Royalties est un repère de libéraux depuis bien longtemps. Dès 2005, la minière annonçait qu’elle venait de nommer sur son bureau de directeurs Raymond Savoie. Ce dernier a occupé les fonctions de ministre des Mines dans le gouvernement du libéral Robert Bourassa de 1985 à 1990. De 1990 jusqu’à la victoire péquiste de 1994, il fut ministre du Revenu. Depuis, Savoie s’implique dans le monde industriel. Il est aujourd’hui à la tête de Gastem, une compagnie qui espère forer les Îles-de-la-Madeleine pour y exploiter du gaz naturel. C’est aussi cette compagnie qui est engagée dans un bras de fer intense avec la municipalité de Ristigouche qui a adopté un règlement pour protéger ses sources d’eau potable des activités industrielles qui pourraient être menées dans les alentours. Gastem poursuit la Ville parce que ce règlement l’empêche de forer à quelques mètres de la principale source d’eau du secteur; dossier dont se lave évidemment les mains le gouvernement Couillard.
À partir de 2008, Canadian Royalties a aussi profité des judicieux conseils de Pierre Corbeil. Ce dernier, abitibien d’origine et ami de Glenn J. Mullan, a occupé les fonctions de ministre des Ressources naturelles du premier gouvernement de Jean Charest. Quelque trois mois seulement après sa défaite électorale personnelle, Corbeil entra au service de la minière, ce qui avait soulevé un tollé. Il est en effet interdit, durant au moins deux ans, pour une personne ayant été ministre d’entrer au service d’une compagnie qui oeuvre dans le même domaine que le ministère jadis occupé. Règle que Corbeil, selon toutes les apparences, viola.
Corbeil appuya Couillard dans la course au leadership l’ayant mené aux plus hauts échelons du Parti libéral.
C’est donc au printemps 2009 que Couillard rejoignit Canadian Royalties, une compagnie aux accointances libérales affirmées… et qui croulait alors sous les poursuites. On reprochait à la minière de ne pas payer ses fournisseurs, d’effectuer de fausses représentations et de ne pas respecter les clauses des contrats l’unissant à ses partenaires. Mullan confia à Couillard le mandat de dénicher rapidement 300 millions$ pour relancer la mine sur le droit chemin. Pour l’épauler dans cette délicate opération, Mullan recruta également Arthur Porter, l’ami du bon docteur libéral.
À l’époque, Porter venait d’être nommé conseiller spécial du président de la Sierre Leone, Ernest Bai Koroma. Afin de profiter d’une telle opportunité, Canadian Royalties, sous les bons conseils du duo Porter-Couillard, lança les filiales Golden Valley et Calone Mining Company à l’assaut de l’Afrique. L’objectif de ces filiales était de faire de l’argent avec les diamants de la Sierra Leone.
À l’évidence, les contacts de Porter ont été fort utiles à la minière aux accointances libérales puisqu’un contrat d’exploration sur un vaste territoire de la Sierre Leone a été illico accordé par le gouvernement à la minière d’Abitibi.
Les libéraux de la minière mettaient dès lors les pieds dans un contexte d’une laideur sans nom. La Sierra Leone étant ébranlée par les guerres qui s’y sont historiquement menées pour la possession des diamants du sang.
Ces diamants sont récoltés illégalement, clandestinement, et leur vente sert à financer des groupes armées impliqués dans le terrorisme international, le trafic d’armes et de drogue.
En 1991, la Sierra Leone plongea dans une effroyable guerre civile. Le conflit perdurera jusqu’en 2002, provoquant la mort d’au moins 75 000 personnes, en poussant deux millions à l’exil. Les causes de la guerre sont multiples, mais la principale d’entre toutes demeure le contrôle des diamants.
Au début des années 2000, le processus de Kimberley a été adopté. Il visait à éliminer les diamants sans certification du marché (donc les diamants du sang). L’impact a été notable, les diamants du sang sont devenus beaucoup plus rares qu’auparavant. En Sierra Leone, le processus permit le relâchement de 3000 enfants soldats impliqués dans la guerre des diamants. Des femmes forcées de jouer les esclaves sexuelles furent aussi libérées.
Mais le processus Kimberley n’est pas sans faille. Et les commerçants de diamants admettent toujours aujourd’hui ne jamais être certains que les diamants provenant de cette région et qu’ils achètent ne sont pas tachés de sang. En 2010, les experts affirmaient même que le problème était de nouveau en progression en Sierra Leone.
Et c’est vers cette source d’approvisionnement que les libéraux de Canadian Royalties se sont tournés en 2009 afin de faire de l’argent, afin de relancer les opérations de la compagnie à l’aide de diamants qui ont provoqué tant de malheurs pour une population qui ne profite jamais de la vente de ces pierres précieuses, tâchées de sang ou pas. Démontrant de ce fait que les questions morales ne pèsent pas bien lourd dans leur balance lorsque vient le temps de récolter des pécules.
Mais pour l’implication du duo Porter-Couillard au sein de Canadian Royalties, tout cela venait trop tard. La compagnie était déjà dans la mire du géant chinoise Jilin Jien. La Chine cherchant à mettre la main sur les ressources naturelles de bien des pays, il n’était que normal que le Québec, vaste terre, suscite l’intérêt de l’empire du milieu. Surtout que Jean Charest, alors premier ministre désirant lancer de fort belle façon son Plan Nord, multipliait les appels du pied auprès de la Chine.
En 2009, Jilien Jien se lança dans une opération agressive afin d’acquérir Canadian Royalties qui croulait sous les dettes. En tant qu’administrateur de la minière, Philippe Couillard recommandera finalement la vente, ce qui donnera ultérieurement naissance à la première mine 100% chinoise sur le territoire québécois.
La vente s’effectua à moins de 200 millions$, une somme dérisoire selon les experts de l’industrie.
Jean Charest profita de la tournure des événements. Jilin Jien investit 800 millions$ dans ses installations abitibiennes après une rencontre à Pékin entre lui et le président de la compagnie, rencontre concernant bien sûr le Plan Nord.
Lorsque Philippe Couillard, après sa victoire électorale de 2014, voudra lui aussi relancer le Plan Nord, il se rendra également en Chine afin de solliciter l’appui des dirigeants de Jilin Jien, propriétaires d’une mine qu’ils avaient acquise grâce à lui et ses bons amis libéraux. Malgré les déboires financiers qui continuaient de frapper ladite mine, malgré les fournisseurs québécois qui n’étaient toujours pas payés, Couillard dira vouloir connaître les intentions des dirigeants chinois en ce qui concernait l’Abitibi. Afin de les convaincre de s’y investir toujours plus, il leur dira: « Parti le 22 septembre dernier en direction de la Chine, le navire MV Nunavik, chargé de 23 000 tonnes de concentré de nickel provenant du projet Nunavik Nickel, propriété de Jilin Jien Nickel, a été parmi les premiers navires commerciaux à transiter complètement par le passage du Nord-Ouest. Ce sont les raisons pour lesquelles mon gouvernement a proposé la première Stratégie maritime du Québec, qui allégera la chaîne logistique. La coordination du développement de nos ports avec les infrastructures routières et ferroviaires abaissera le coût du transport ».
Couillard vend donc à rabais aux étrangers. Et il nous fait en plus payer les infrastructures dont ces compagnies ont besoin pour mener leurs activités, chez nous…
Certes, ce passé du bon docteur ne présente aucune illégalité au sens strict du terme. On a bien sûr le droit de faire de l’argent avec des diamants qui ont provoqué tant de souffrance dans un pays pauvre d’Afrique. Mais il n’en demeure pas moins que tout cela est profondément immoral.
À la place de Couillard, j’aurais honte de mon passé.


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